HomeA la uneREFUS DU PRESIDENT GAMBIEN DE CEDER LE POUVOIR : Le pied de nez de Jammeh à la CEDEAO

REFUS DU PRESIDENT GAMBIEN DE CEDER LE POUVOIR : Le pied de nez de Jammeh à la CEDEAO


 

Le président gambien, Yahya Jammeh, dans une allocution télévisée, le mardi 20 décembre dernier, a déclaré  qu’il ne lâcherait pas les rênes du pouvoir, le 18 janvier prochain, au terme de son mandat constitutionnel.  Plus qu’à son peuple, c’est surtout à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui s’est invitée comme médiatrice dans la crise postélectorale  gambienne,  que Jammeh s’adresse, l’accusant de parti pris. «  Avant même de venir, ils avaient déjà déclaré que Jammeh devait partir. Je ne partirai pas », s’est-il exclamé !  C’est dire que les appels de la CEDEAO et de la communauté internationale à céder le pouvoir au vainqueur, Adama Barrow, coulent sur lui comme de l’eau sur les plumes d’un canard. Pire, par cette sortie cavalière, c’est un pied de nez que Jammeh fait à ses pairs de la sous-région ouest-africaine qui n’ont pas fait mystère de l’éventualité d’un recours à la force pour le déloger en cas d’échec de la solution négociée. La question que l’on peut se poser en pareilles circonstances est la suivante : « Que fera la CEDEAO ? » Pour l’instant, l’organisation régionale n’a mis sur la table d’autres  options  que celles qu’elle avait annoncées. Soit elle parvient, à force de négociations, à faire abdiquer le tyran, soit elle fait sortir la bête de son antre à coups de canon.  Dans tous les cas, il est peu probable que les lignes bougent. L’ubu roi tient à son fauteuil et les élections n’étaient qu’un simulacre pour ressembler aux autres nations.

La pire des issues serait que Yahya Jammeh parvienne à se maintenir au pouvoir

Les négociations lui feraient donc gagner du temps, dans ce bras de fer qui l’oppose au monde entier. Le franchissement des délais constitutionnels entraînerait les débats dans des zones de non-droit où le rapport de forces serait en faveur du détenteur du pouvoir d’Etat. Une intervention militaire serait risquée et onéreuse pour une région déjà largement en proie au péril sécuritaire et dont la santé économique, si elle n’est pas désastreuse, n’est pas non plus des plus reluisantes. C’est véritablement face à un choix cornélien que se retrouve la CEDEAO. Il lui faut donc trouver les moyens de trancher le nœud gordien de cette crise. Car la pire des issues serait que Yahya Jammeh parvienne malgré tout, à se maintenir au pouvoir. Ce serait le requiem de la démocratie en Afrique. La  CEDEAO  doit donc se montrer des plus  imaginatives pour sauver le peuple gambien que Jammeh et sa garde prétorienne ont pris en otage. Il y a certes l’option de l’asphyxie économique. A ce propos, on se souvient que le blocus sénégalais avait entre-temps contraint Jammeh à battre en retraite.  Mais cette option est-elle véritablement efficace face à une économie gambienne atypique, qui repose essentiellement sur les contrebandes et autres trafics illicites ? Et pire, c’est le peuple qui souffrirait davantage de la spoliation du pouvoir politique, qui trinquerait le plus. Alors, le choix le plus judicieux que pourrait opérer la CEDEAO serait un scénario à la Nigérienne. Il s’agit de travailler pour qu’émerge de l’entourage du président gambien un «  Zorro », qui pourrait le déposer et le déposséder de son pouvoir pour le remettre au peuple. Et même là, l’organisation serait en contradiction avec ses propres principes. Puisqu’elle se retrouverait à organiser et applaudir un coup d’Etat que ses propres textes proscrivent. Mais le salut du peuple gambien peut bien valoir un tel sacrifice.

SAHO


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