HomeA la uneREJET DU GOUVERNEMENT D’UNION NATIONALE EN LIBYE : La chienlit a encore de beaux jours devant elle  

REJET DU GOUVERNEMENT D’UNION NATIONALE EN LIBYE : La chienlit a encore de beaux jours devant elle  


 

« Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ». Cet adage colle bien à la situation actuelle en Libye. En effet, la formation, le 19 janvier 2016, du gouvernement d’union nationale, avait suscité beaucoup d’espoirs. Ce gouvernement vient d’être rejeté.  C’est dire que l’on était vite allé en besogne en pensant que les intérêts de la nation libyenne avaient triomphé des rivalités picrocholines entre les frères ennemis de Tobrouk et de Tripoli et que,  ce faisant, la communauté internationale n’avait désormais qu’un seul interlocuteur. En effet, la « Chambre des représentants » basée à Tobrouk, fief du général Kalifa Haftar, a refusé hier le principe d’un Conseil des ministres où siègeraient 32 personnes. 89 des 104 élus qui ont participé à la session,  rejettent le cabinet à 32 têtes sous le prétexte qu’il comporte beaucoup de portefeuilles. Le parlement donne un délai de 10 jours au conseil présidentiel pour présenter une nouvelle équipe gouvernementale plus réduite. Dans une  Libye qui a, de toute urgence, besoin de s’affranchir des forces du mal, l’on est en droit de s’interroger sur le comportement des dirigeants de Tobrouk.  Le plus important était certainement ailleurs. D’autant plus que le gouvernement de 32 membres a été formé sur la base d’un principe pour le moins noble : faire participer toutes les composantes de la société libyenne à la gestion de la nation, aux fins de ne faire aucun frustré. La raison du rejet du gouvernement en cache certainement une autre.  Tous ceux qui sont hostiles au gouvernement d’union nationale veulent sans doute sacrifier le processus de paix sur l’autel de leurs intérêts égoïstes. En tous  les cas, le gouvernement de Tobrouk pose mal le problème.  Et cette mauvaise lecture de la situation est certainement guidée par sa volonté de ne pas perdre le contrôle de la situation.

Le parlement de Tobrouk vient de porter un coup dur à un processus de paix déjà chancelant

Non seulement le ministre de la Défense n’est pas un « ami » du général Kalifa Haftar, mais aussi, l’article qui stipule que tous les  postes militaires seront déclarés vacants 20 jours après la signature de l’entente, prévoit à mots couverts, de mettre ce général influent de Tobouk, sur la touche. Ainsi donc, dans  ses calculs, la « République » de Tobrouk, entendait détenir les clés de la défense pour mieux protéger ses arrières. Mais ses calculs ont été faussés. Alors, le parlement de Tobrouk tente de contourner la raison principale de son désenchantement. Dans tous les cas, cette situation ne surprend personne  parce que certains groupes avaient menacé de ne pas reconnaître le gouvernement d’union nationale. Or, il était d’un enjeu capital que l’équipe gouvernementale soit entérinée pour permettre la reconstruction de l’Etat libyen et faire face au funeste Etat islamique (EI). Malheureusement, le parlement de Tobrouk vient de porter un coup dur à un processus de paix déjà chancelant. Que va-t-il se passer ? Difficile d’y répondre. Toujours est-il que la chienlit a encore de beaux jours devant elle en Libye. Car les djihadistes ne manqueront pas l’occasion de frapper et toujours frapper.

Michel NANA


No Comments

Leave A Comment