HomeA la uneRELANCE DU DIALOGUE INTER-BURUNDAIS : Quelles chances de succès pour Benjamin Mkapa ?

RELANCE DU DIALOGUE INTER-BURUNDAIS : Quelles chances de succès pour Benjamin Mkapa ?


 

Le facilitateur du dialogue inter-burundais, Benjamin Mkapa, n’a pas encore jeté l’éponge dans sa médiation entre les frères ennemis qui se regardent en chiens de faïence depuis la déchirure engendrée par la question du troisième mandat du président Pierre Nkurunziza. En effet, alors que peu de gens croient encore en un possible recollage des morceaux du pot de terre burundais, l’ex-président tanzanien a pris son bâton de pèlerin,  le 8 décembre dernier, pour se rendre à Bujumbura, à l’effet de relancer un hypothétique dialogue entre les parties en conflit.  L’initiative peut être louable, mais quelles chances Benjamin Mkapa a-t-il de réussir dans cette entreprise qui ressemble, à bien des égards, à un combat contre des moulins à vent, un combat  perdu d’avance ? En tout cas, au regard des positions tranchées et diamétralement opposées des deux camps, les chances, s’il en existe,  sont minces de renouer le fil du dialogue entre les protagonistes burundais.

 

La situation au Burundi ne pousse pas à l’optimisme

 

Car, l’on ne voit pas comment, après être allé si loin dans la répression de ses contempteurs, qui a fait au bas mot une sept centaine de morts, plusieurs milliers de déplacés et de nombreux exilés, le président Nkurunziza pourrait faire machine arrière en renonçant à ce mandat indu qu’il a, du reste, déjà largement entamé. De même, l’on ne voit pas comment l’opposition pourrait accepter de passer par pertes et profits tous ces morts qui ont payé de leur vie, leur engagement pour la défense de la démocratie dans leur pays, au moment où les principales têtes de proue sont encore contraintes à vivre en exil pour ne pas passer sous la guillotine du boucher de Bujumbura. Tout cela, dans un climat de peur et de psychose généralisée, où les assassinats ciblés et autres actes d’intimidation et de torture ont pignon sur rue. Et pour ne rien arranger, l’on a le sentiment que la communauté internationale, elle-même, semble lassée de la situation au Burundi où Pierre Nkurunziza ne veut pas entendre parler d’une quelconque remise en cause de son mandat querellé, rejetant systématiquement et catégoriquement toute intervention extérieure, afin d’avoir le contrôle total de la situation, pour mieux dicter sa loi. C’est dire que la situation au Burundi ne pousse pas à l’optimisme et qu’il y a peu d’espoirs que les frères ennemis de ce pays puissent se rasseoir autour d’une table de discussions pour aborder les questions qui fâchent, afin de trouver une issue à cette crise qui n’est pas loin de l’enlisement. Et pourtant, il faut bien que quelque chose soit fait. La situation ne pouvant pas rester éternellement en l’état. C’est sans doute ce qui a poussé le facilitateur tanzanien à sortir de sa torpeur, mais à l’étape actuelle des choses, l’on ne peut s’empêcher de se demander si lui-même croit encore en ce qu’il fait, ou si son action vise simplement à se donner bonne conscience. En tout cas, ils sont nombreux à penser qu’en se rendant à Bujumbura, l’ex-président tanzanien est allé en simple villégiature parce que son action ressemble plus à de la diversion qu’à autre chose. Quoi qu’il en soit, il faut garder espoir même si la tâche paraît particulièrement titanesque, tant les obstacles semblent infranchissables.

 

Pierre Nkurunziza est allé trop loin pour reculer

 

Cela dit, même si par extraordinaire, Benjamin Mkapa parvenait à rassembler les frères ennemis burundais autour d’une table de discussion, l’on continuerait de se demander de quoi traiteraient les sujets de fond puisque le troisième mandat est depuis dans la poche de Pierre Nkurunziza. Et l’équation est d’autant plus difficile à résoudre que le pasteur-président semble avoir enterré les accords d’Arusha pour s’éterniser au pouvoir. Dans ces conditions, l’on ne voit pas comment il pourrait renoncer à d’autres mandats, et rien ne dit même qu’il serait prêt à faire des concessions dans le sens de son éventuel retrait à l’issue d’une période transitoire. En vérité, Pierre Nkurunziza est allé trop loin pour reculer. Et dans ce bras de fer, il sait qu’il joue sa survie. C’est pourquoi il s’accroche désespérément à son fauteuil tel un naufragé à sa planche de salut. Car, aujourd’hui plus que jamais, le pouvoir apparaît pour lui comme un bouclier, pour échapper à d’éventuelles poursuites judiciaires, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de son pays, eu égard aux nombreux rapports accablants faisant état de nombreuses atrocités et autres exactions commises sur ses opposants. Et Nkurunziza est conscient de sa responsabilité devant l’Histoire, parce qu’il ne peut pas dire qu’il n’avait pas été averti de la dangerosité de son acte et du péril qu’il faisait courir à la nation tout entière. L’avenir nous dira si Benjamin Mkapa ne perd pas tout simplement son temps ou s’il a eu raison de relancer le dialogue interburundais. On attend de voir.

 

« Le Pays »


Comments
  • Je suis consternée de lire cet article sur le Burundi sorti dans le Pays de notre Héros Thomas SANKARA. Il ne faut pas etre historien et non plus journaliste pour constater la prise de posion et la publication des informations deséquilibrées sur la situation historique et actuelle du Burundi. Si vous n’etes pas au courant svp prenez du temps pour vous reseigner avant la publication de toute artucle surtout sur le Burundi. Les Burundais ne sont pas aussi honnetes comme vous le croyez. Tenez, nous avons connues des guerres répétitives en 1934 (voir le livre de Jean Pierre Chrétien: L’Histoire du Burundi enfin retrouvée), en 1961, 1965, 1972, 1988, 1991 et de 1993-2003 et recemment depuis 2015. D’abord vous constatze qu’il y a en moyenne dans ce pays une guerre tous les 5ans. Nkurunziza n’était pas aux affaires. Est-ce vous avez une idée sur le npmbre de Burundais qui sont morts? Qui les ont tués? Où sont-ils maintenant? Si vous voulez aider les burundais de grace aidez-nous à trouver justice pour toutes ses ames sans distinction aucune. Vous parlez de centaines de morts ce qui est déplorable mais sachez qu’il y a eu des centaines de milliers de mort qui attendent toujours la justice. Mon commentaire ne vise pas à rendre Nkurunziza innocent ou un Ange mais plaider pour une justice équitable en faveur de tout burundais victimes de ces crises depuis 1961 à nos jours. Si vous n’avez pas d’informations demandez-les, il y a de chercheurs qui ont faits des publications scientifiques qui évoquent toutes ces crises et je peut vous les partager si vous voulez. Pour le reste je vous souhaite un bon travail et salue vos actions pour informer l’opinion africaine sur l’évolution de la situation au Burundi. “Celui qui a planté l’arbre n’a pas vécu unitilement.

    9 décembre 2016

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