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REPRISE DES POURPARLERS INTERSOUDANAIS



Les généraux au pouvoir au Soudan et les responsables de la contestation ont renoué le 3 juillet dernier à Khartoum, le fil du dialogue qui avait été rompu suite à la répression meurtrière d’un sit-in des contestataires. C’est donc heureux qu’après avoir enterré et fait le deuil de la centaine de manifestants massacrés par l’armée, les Soudanais aient décidé de se pencher sur la question qui les divise. Cela est d’autant plus à saluer que c’est en discutant que l’on peut parvenir à un accord. Du reste, ne dit-on pas que tout palabre finit autour d’une table? Pourquoi donc continuer à se regarder en chiens de faïence si l’on est condamné à tracer les sillons d’un avenir commun ? En tout cas, ce sursaut d’orgueil en valait bien la peine, car au-delà des intérêts partisans, c’est l’avenir du Soudan qui est en jeu. Cela dit, cette fois-ci sera-t-elle la bonne? La question est d’autant plus légitime que les militaires nous ont habitués à des retournements de kaki. Un pas en avant et deux en arrière. Si bien qu’on a parfois le sentiment que la Junte au pouvoir discute avec un poignard dans le dos. En tout cas, on est fondé à croire que les négociations entre civils et militaires, sont menées juste pour contenter la communauté internationale. Qu’on ne s’y trompe pas, il y a quelque chose de malsain dans ces discussions qui n’ont accouché jusque-là que d’une souris. La preuve est faite que les acteurs manquent de sincérité. Vivement qu’on en finisse avec cette danse du tango-tango qui n’a que trop duré. Et pour ce faire, il serait bon qu’un code de bonne conduite soit établi dès l’entame de ces pourparlers et que les médiateurs pèsent de tout leur poids pour que chaque camp fasse preuve de respect des engagements pris. L’Ethiopie et l’Union africaine, sous l’égide desquelles sont menés ces pourparlers, devraient également mettre la pression sur les soutiens des militaires afin de contraindre ceux-ci au respect des accords qu’ils signent. Et plus tôt, ils le feront, mieux cela vaudra. En fait, on ne le sait que trop bien. Tant que les militaires ne changeront pas leur fusil d’épaule, le Soudan continuera à attendre Godo, car aucun accord viable ne saurait être trouvé dans ce dialogue de sourds.

La transition soudanaise est en train de devenir un serpent de mer

Cela dit, il est plus que jamais temps de mettre fin à ce bras de fer entre l’armée et le peuple soudanais dont le vœu n’est autre que de se voir gouverné par des civils dans un Etat de droit. Car, en vérité, la transition soudanaise est en train de devenir un serpent de mer du fait de la volonté de l’armée de confisquer le pouvoir aux civils. Or, le peuple soudanais qui a vécu plus d’un quart de siècle sous la dictature militaire d’Omar El-Béchir, n’est plus prêt à confier son destin à un pouvoir kaki. On dit que chat échaudé craint l’eau froide, et les Soudanais qui portent encore les stigmates de la répression sanglante de la soldatesque ne peuvent oublier de sitôt les scènes d’horreur qu’ils ont vécues en début juin. C’est dire si les militaires doivent se ressaisir non seulement dans leur propre intérêt, mais aussi et surtout dans celui du peuple soudanais. En tout, cas, il faut souhaiter que ces pourparlers soient les derniers. Et l’armée doit prendre conscience que la violence dont elle a fait montre en début juin, n’a pas dissuadé les civils. La preuve, tel un roseau, il s’est redressé en se mobilisant comme un seul homme pour dire non à une transition à forte coloration militaire.

Dabadi ZOUMBARA


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