HomeA la uneREPRISE DU DIALOGUE A KINSHASA : Peut-on encore sauver le Congo ?

REPRISE DU DIALOGUE A KINSHASA : Peut-on encore sauver le Congo ?


 

Les têtes mitrées du pays de Patrice Lumumba fraîchement rentrées du Vatican où elles s’étaient rendues pour discuter avec le Pape, ont repris le 21 décembre dernier, comme prévu, les discussions directes entre les signataires de l’accord politique d’octobre dernier et l’opposition qui avait boycotté les pourparlers. Cette reprise du dialogue se passe dans un contexte marqué par des faits qui permettent de dire que la mission des hommes de Dieu a de fortes chances de se transformer en une messe de requiem pour la RDC. Le premier fait est la dernière sortie de l’opposant historique, Etienne Tshisékedi, où, de manière claire et nette, il appelle le peuple congolais à résister face à ce qu’il qualifie de coup d’Etat de Joseph Kabila via la Cour constitutionnelle. De ce point de vue, l’on peut en déduire que les opposants de son obédience ont accepté de reprendre les discussions rien que par égard pour la très respectée Eglise catholique. En effet, depuis l’indépendance de la RDC jusqu’à nos jours, le nom de cette institution morale a toujours compté dans les grandes décisions politiques du pays, si fait qu’aucun homme politique congolais ne peut courir le risque de se la mettre à dos.

La mission de l’Eglise a les attributs d’un fiasco programmé

Etienne Tshisékedi, qui connaît mieux que quiconque la sociologie politique de la RDC, ne pouvait donc pas s’offrir le luxe de s’inscrire aux abonnés absents à des assises initiées par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO). Car, cela pourrait s’apparenter à une sorte de hara-kiri politique. Le deuxième fait qui nous fonde à croire que la mission de l’Eglise a les attributs d’un fiasco programmé, est lié à la précipitation digne d’un diarrhéique, avec laquelle Joseph Kabila a mis en place un nouveau gouvernement, constitué exclusivement de ses amis, alors que les hommes de Dieu sont en train de se démener comme de beaux diables à l’effet de parvenir à un consensus politique, pour sortir la RDC de l’impasse. Le moins que l’on puisse dire est que la mise en place d’un gouvernement de cette mouture dans le contexte délétère qui est celui du Congo, peut se décrypter de la manière suivante : le chien aboie et la caravane passe, ou encore et pour reprendre l’expression de l’enfant terrible de Mama, Laurent Gbagbo, prononcée pendant que  la Côte d’Ivoire était à feu et à sang, « mille morts à droite, mille morts à gauche, j’avance ». Un troisième fait rend davantage problématique la conduite du troupeau congolais par les pasteurs de la CENCO vers des prairies verdoyantes. Et ce fait peut être constitutif d’un crime contre l’humanité. Il s’agit de la réponse que Kabila a trouvée pour faire face à tous ceux qui, légitimement, manifestent pour lui signifier leur exaspération, consistant à déployer sa soldatesque pour les abattre tels des lapins. Le bilan de la répression des manifestations fait état, au moment où nous traçons ces lignes, d’une vingtaine de morts. Et tout indique que le massacre a de beaux jours devant lui, puisque les dictateurs ont ceci de particulier qu’ils ne reculent devant rien lorsqu’il s’agit de défendre leur trône. Ils sont d’autant plus confortés dans cette attitude qui les rapproche plus de la bête que des hommes normalement constitués, qu’ils sont conscients que leurs placards craquent sous l’effet du nombre effarant de cadavres qu’ils contiennent. De ce fait, tant qu’ils ont encore un souffle de vie, ils feront feu de tout bois pour reculer l’alternance jusqu’à ce que la nature les y contraigne. Joseph Kabila est confortablement installé dans cette logique.

Les Constitutions ont été mises en place pour faire l’économie des palabres

Il est encouragé en cela non seulement par le penchant naturel de sa garde prétorienne à tirer dans le tas à chaque manifestation de l’opposition, mais aussi par les réponses de Normand dont se contente toujours la communauté internationale face aux excès des prédateurs de la démocratie. Et quand ces derniers viennent de nos tropiques, l’on peut parier que leur folie ne fait ni chaud ni froid à la communauté internationale. Seulement, par acquis de conscience et pour sauver les apparences, celle-ci se fend de temps à autre de déclarations de principe, souvent virulentes, mais qui ne peuvent tromper que ceux qui y croient. En tout cas, les esprits avertis et cartésiens savent que quand la communauté internationale élève la voix contre un satrape, c’est  « du blaguer tuer » pour reprendre l’expression de l’artiste ivoirien Tiken Jah Fakoly. Et les dictateurs ont conscience de cela. C’est pourquoi ils se font un malin plaisir à narguer au quotidien les sorties de la communauté internationale à propos de leurs coups de poignard assenés à la démocratie dans leurs pays respectifs, pardon dans leurs royaumes. De tout ce qui précède, l’on peut se poser la question de savoir si on peut encore sauver la RDC. En tout cas, ce n’est ni par le dialogue ni par les déclarations puant l’hypocrisie de la communauté internationale, que l’on peut amener un dictateur à de meilleurs sentiments, par compassion pour son peuple. D’ailleurs, à propos du  dialogue, comme recette prisée en Afrique pour dénouer les crises politiques provoquées invariablement par le goût immodéré pour le pouvoir des princes qui nous gouvernent, l’on peut avoir envie de dire ceci. Les Constitutions ont été mises en place justement pour faire l’économie des palabres à n’en pas finir autour de la conquête et de la gestion du pouvoir. Lorsqu’un dictateur choisit de marcher sur la loi fondamentale de son pays pour s’accrocher au pouvoir, c’est faire son jeu que de s’inscrire dans un schéma de dialogue pour tenter de sauver la situation. On ne le souhaite pas, mais la probabilité est grande que la CENCO fasse l’amère expérience de cette vérité. Dans le même registre, l’on peut se permettre de signifier au chef de l’Eglise catholique, avec le respect dû à son rang, lui qui a invité hier les responsables de la RDC à « écouter la voix de leur conscience » pour soulager la misère et les souffrances du peuple, que ce discours ne passe pas dans les oreilles de ceux qui ont choisi de tuer leur conscience pour jouir des plaisirs bassement matériels liés au pouvoir. Et il ne fait pas l’ombre d’un doute que Kabila fils en fait partie.

« Le Pays »


Comments
  • Commentaire…la rdc devient une propriété prive aux politiciens .Ils effort de devenir ce qu’ils sont pour torturer la population congolaise enfin de pier . ils courent derrière le vent .Vanité de vanité . qu’ils sachent que nous prions Dieu en fin de les confondre .

    22 décembre 2016
  • Commentaire…la rdc devient une propriété prive aux politiciens .Ils effort de devenir ce qu’ils sont pour torturer la population congolaise enfin de pier . ils courent derrière le vent .Vanité de vanité . qu’ils sachent que nous prions Dieu en fin de les confondre .

    22 décembre 2016

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