HomeA la uneRETARDS DANS L’EXECUTION DES TRAVAUX PUBLICS : Secouer le cocotier

RETARDS DANS L’EXECUTION DES TRAVAUX PUBLICS : Secouer le cocotier


De manière générale, l’on peut faire le constat que les entreprises qui ont en charge l’exécution des travaux publics ne respectent pas les termes du contrat, notamment en ce qui concerne les délais de réalisation. Le cas le plus emblématique de cette triste réalité est la construction de l’hôtel administratif de l’Etat à Ouagadougou. En effet, celle qui a commencé le 20 janvier 2012 pour être livrée à l’Etat au bout de 33 mois, traîne encore.  Les entreprises adjudicataires de ce marché public sont dans l’impossibilité, en 2016, de livrer l’ouvrage à l’Etat. De manière précise, le taux d’exécution physique global des travaux est estimé, 4 ans après, à 87%. Cette évaluation a été faite à l’occasion d’une visite de chantier effectuée par une délégation gouvernementale avec à sa tête, le ministre de l’Economie, des finances et du développement, Hadizatou Rosine Coulibaly/Sori. C’était le 13 mai dernier. L’on n’a pas besoin d’être un as en arithmétique pour se faire une idée de l’ampleur du retard accusé. Et cela n’a pas manqué de susciter le coup de gueule suivant de Madame le ministre : « En fin juin, on veut que les clés soient rendues. Dans le cas contraire, nous allons prendre nos responsabilités. Nous utiliserons les voies et moyens qui seyent parce que lorsqu’un entrepreneur ne respecte pas un contrat, on peut le résilier ». Ces propos sont sans ambiguïté. Mais l’on peut se poser la question de savoir si le ministre ira jusqu’au bout de ses menaces au cas où les clés de l’ouvrage ne seront pas rendues en fin juin. On attend de voir. Car, si l’on devrait appliquer les textes dans leur rigueur à l’ensemble des entrepreneurs qui ne respectent pas les délais d’exécution des travaux publics, l’on peut parier que l’on procéderait à des résiliations de contrat à la pelle. En guise d’exemple, nous citerons les cas suivants : les travaux de réalisation des voies d’accès de l’aéroport de Donsin, le chantier de construction du stade de Kaya dans le cadre des infrastructures prévues pour la célébration de la fête nationale, le chantier de l’hôpital du secteur 30 de Ouagadougou, etc. Pour le dernier cas cité, plus qu’une défaillance, l’on peut dire que c’est un crime qui, malheureusement risque d’être impuni. Et le président du Faso himself s’est déplacé sur le chantier pour constater de visu le taux d’exécution des travaux. Franchement, il faut se dire la vérité. Le Burkina post-insurrection n’a pas le droit de s’accommoder des entrepreneurs qui ne se sentent pas liés par les termes de contrat en matière de délai d’exécution des travaux publics.

 

Tout le reste n’est que discours destinés à amuser la galerie et à se donner bonne conscience

 

Il faut donc opérer une rupture ici et maintenant. Mais il faut avouer que ce ne serait pas chose aisée. En effet, Blaise Compaoré est parti mais toutes les plaies de son système n’ont pas pour autant disparu. Une d’elles pourrait être la collusion entre le monde des affaires et le monde politique. C’est cette connivence qui explique, entre autres, les tares suivantes que l’on peut aisément observer sous nos cieux.  Il y a d’abord la mauvaise exécution des travaux publics et les retards constatés par rapport aux délais officiels. Tant que l’on ne rompra pas avec les mauvaises habitudes, l’Etat aura des difficultés à remonter véritablement les bretelles aux entrepreneurs qui rechignent à exécuter les travaux publics dans les règles de l’art. Car, ils savent que ceux qui ont la latitude de leur appliquer les textes en cas de défaillance de leur part, sont dans bien des cas, « leurs camarades de partis ». De ce point de vue, ils sont convaincus que les chiens aboieront, mais la caravane passera. Il y a ensuite, le phénomène des avenants. Voici un moyen commode pour les coquins de piller la République. En effet, par ce système, l’on a vu de par le passé, la modification des termes primitifs de contrats passés entre l’Etat et certains entrepreneurs en vertu de laquelle les coûts alloués à l’avenant rivalisaient avec les coûts initiaux du marché public. Ce sont ces genres de pratiques mafieuses qui expliquent en partie, le retard de développement accusé par notre pays et l’émergence de « nouveaux riches » dont l’arrogance n’a d’égale que leur boulimie des richesses. Pour revenir à la situation spécifique des entrepreneurs qui accusent des retards dans l’exécution des travaux publics, il faut reconnaître que certains ont, à leur décharge, le fait que l’Etat lui-même ne fait pas toujours preuve de responsabilité dans le décaissement à temps des ressources financières destinées à l’exécution des travaux publics. De plus, l’Etat lui-même n’est pas un modèle de vertu en matière de paiement de dettes. C’est pourquoi il y a urgence à secouer le cocotier sur toute la ligne, de sorte à amener tous les acteurs impliqués à jouer chacun sa partition comme il le faut. C’est à ce prix que l’on peut espérer mettre fin, dans les plus brefs délais, aux retards accusés dans l’exécution des travaux publics, dans le décaissement des tranches et dans le paiement des dettes des fournisseurs. C’est aussi à ce prix que l’Etat peut légitimement sévir contre les entrepreneurs indélicats. Tout le reste n’est que discours destinés à amuser la galerie et à se donner bonne conscience, sans frais. C’est trop facile.

 

Sidzabda

 


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