HomeA la uneRWANDA : Bienvenu au royaume de Kagamé

RWANDA : Bienvenu au royaume de Kagamé


 

Dans une indifférence quasi  générale, à pas de gladiateur, le Général Paul Kagamé avance dans son projet de révision constitutionnelle qui supprime la limite du nombre de mandats présidentiels. Dans la gourde où il puise ses forces et la potion magique pour endormir son peuple et la communauté internationale, le génocide et ses réussites économiques. Se revêtant, en effet, de toute la légitimité de l’histoire dont il porte tout le poids sur les épaules en raison de son rôle salvateur dans le génocide et paré de tous les atours de l’embellie économique, l’homme providentiel de Kigali ne refreine plus ses intentions de charcuter la loi fondamentale de son pays qui lui interdit de briguer tout mandat au-delà de 2017.

Le mythe théogonique qui tend à installer dans l’imaginaire collectif le récital de l’indispensabilité est suranné

Le 19 octobre dernier, les députés ont acté les grandes lignes de ce projet de tronçonnage de l’article 101 de la Constitution, sans une seule opposition expresse ! Certes, Kagamé peut légitimement s’enorgueillir de sa vertueuse gouvernance économique,  mais l’économique suffit-il pour faire l’impasse sur la démocratie et son principe fondamental qu’est l’alternance ? Assurément non. Et pour quelles causes ? D’abord, le mythe théogonique qui tend à installer dans l’imaginaire collectif le récital de l’indispensabilité est suranné. Nul n’est indispensable et pour preuve, les cimetières débordent de gens indispensables. Qui dit que quelqu’un d’autre, à la place de Kagamé, n’aurait pas mieux fait et ne pourrait pas mieux faire ? Ensuite, l’histoire regorge d’exemples de chefs d’Etat qui, après des succès économiques importants, ne se sont pas moins pliés aux exigences démocratiques de leurs nations. A titre illustratif, aux USA, le président Reagan dans la décennie 80, avait réussi le pari de la relance économique grâce à la baisse des impôts et à la réduction de l’inflation, mais il ne s’est pas départi de la grandeur de quitter la Maison Blanche comme le veulent les lois de son pays, laissant le choix à la postérité de poursuivre son œuvre. « Quand l’âne met bas, c’est pour, dit le dicton, permettre à son dos de se reposer.»  Le peuple rwandais ne vit pas seulement que de l’économique. L’homme, et par-delà les peuples, vit aussi et surtout de liberté. L’aspiration au progrès par le changement et à la liberté est inscrite dans le génome des peuples et les Rwandais, s’ils se sont abstenus de dire niet à Kagamé à l’exception d’une dizaine de personnes lors des consultations dites populaires, c’est bien en raison de la terreur ambiante. Enfin, le Rwanda n’est pas une île, mais fait partie intégrante du concert des nations qui a défini la démocratie comme l’horizon indépassable du génie humain en matière de gouvernance politique. Le concept donc de démocratie tropicalisée, monnayé par les thuriféraires du régime, n’est qu’un sédatif pour faire endurer la douleur du passage en force. La démocratie est une valeur universelle ; «il n’y a pas son noir ni son blanc », comme dit l’homme du peuple.

Il ne reste plus à Kagamé qu’à transformer le Rwanda en  un royaume

En réalité, le discours économique n’est qu’un subterfuge pour masquer la réalité d’une dictature silencieuse. En fait, Kagamé marche dans les pas d’Adolf Hitler. Le Führer avait réussi le pari de sortir le IIIe Reich du marasme économique de 1929, avant de l’installer dans l’une des dictatures les plus féroces de l’histoire de l’humanité. La comparaison entre les deux hommes ne se limite pas seulement au contexte de la prise du pouvoir mais aussi à son exercice. Kagamé a installé dans les collines boisées du Rwanda, dans un oubli volontaire de la communauté internationale, une dictature silencieuse et féroce où les espaces démocratiques sont inexistants, et  où seule règne la pensée unique : tout, en Kagamé, rien en dehors de Kagamé. Poursuivant ses opposants jusqu’à l’extérieur, il les réduit au silence. Et tout cela, dans l’apathie de  la communauté sous-régionale passée entre la classe des cancres de la démocratie sur le continent et la léthargie d’une communauté internationale hypnotisée par l’instrumentalisation du génocide dont il use  comme Israël de la Shoah pour justifier sa politique meurtrière dans les territoires palestiniens. Seul le Parti Vert démocratique  se démène contre ce projet.   Son président Frank Habineza, effrayé par les nuages qui assombrissent l’horizon, bravant la stigmatisation et autres risques encourus par ses militants, continue de donner de la voix et invite la communauté internationale à être plus proactive et pro-démocratie. Il existe une « chance minime », espère-t-il, pour la Communauté internationale de convaincre Kagamé de ne pas se présenter. Mais il y a peu de chances qu’il soit entendu, Kagamé étant convaincu qu’il est le géniteur et le messie du peuple rwandais, que ce statut lui donne, de fait, le droit de vie ou de mort sur les Rwandais et qu’il peut disposer librement de sa destinée.  Pour se donner bonne conscience et ménager celle de tous les démocrates du continent, il ne lui reste plus qu’à transformer le Rwanda en  un royaume, le royaume de Kagamé où s’établira la dynastie des Kagamé quand Kagamé I aura tiré sa révérence.

« Le Pays »


Comments
  • Yeeeeeess,

    la dynastie de Kagame ? Pourquoi pas ? Malgré toi, ton idée n’est pas si mauvaise……….

    22 octobre 2015

Leave A Comment