SAINT-VALENTIN : L’amour à l’épreuve de la morosité économique
La fête de Saint-Valentin est incontestablement l’une des fêtes internationales et les plus populaires dans le monde. Cette fête qui se tient chaque 14 février est, selon la définition de bon nombre de personnes, « la fête des amoureux ». Au Burkina Faso, les citoyens ont des opinions divergentes quant à la façon de la célébrer. Si certaines personnes considèrent cette fête comme une preuve d’amour pendant laquelle il faut impérativement donner un cadeau à son amoureux ou à son amoureuse, d’autres pensent le contraire. Les commerçants d’articles d’amour, eux par contre, pensent que la « maggie de la Saint-Valentin » tend à disparaître car les affaires ne marchent plus comme avant. C’est du moins, le constat que nous avons pu faire le 13 février 2019, à la veille de cette fête, auprès de certains riverains et commerçants au grand marché de Ouagadougou, un lieu de vente d’articles d’amour par excellence à l’approche de cette fête.
Situé en plein centre-ville de la capitale burkinabè, le grand marché « Rood woko » est une référence dans le pays ; c’est le marché qui attire le plus de monde dans le pays. A l’approche de la Saint-Valentin, c’est un lieu de vente d’articles d’amour par excellence. Ils sont des milliers de commerçants qui se transforment en vendeurs et revendeurs de fleurs, de tableaux, de nounours et bien d’autres articles d’amour. Il est 9h 00 sur l’avenue du « Grand lion », le 13 février 2019 à Ouagadougou et comme chaque matinée dans la capitale, la circulation est dense dans cette partie de la ville. Mais après quelques luttes, nous arrivons à nous frayer un passage et nous voilà à l’entrée du grand-marché de Ouagadougou. Comme toujours, ce sont des marchands ambulants qui, à l’entrée du marché, sont les premiers à proposer leurs articles. Après maintes tentatives de vente soldées par autant d’échecs, nous nous débarrassons de ceux-ci et nous voilà devant notre premier vendeur, un marchand de nounours. Ce dernier, quand il nous a vu arriver, s’empresse de nous accueillir et commence à nous présenter ses articles. « Bonjour messieurs, regardez comment les nounours sont jolis, prenez-en quelques-uns ». Sourire aux lèvres, nous déclinons notre identité avant de commencer notre travail. « Je n’ai pas encore eu de client depuis ce matin et d’ailleurs, il n’y a pas de marché. Donc, je ne peux pas répondre à vos questions », nous lance-t-il très remonté. Après maintes explications, il nous demande de quitter son lieu de commerce car, selon lui, nous allons faire fuir ses clients. Emile Tapsoba, son voisin commerçant de fleurs et de nounours, par contre, accepte de répondre à nos questions. « Cette année, le marché est vraiment nase. J’ai comme l’impression que les gens ont décidé de ne pas du tout s’aimer cette année. Egalement, il y a le fait que les gens n’ont pas d’argent », fait-il savoir. Il nous fait savoir qu’il accorde une grande importance à la fête de la Saint-Valentin qu’il définit comme étant « la fête des amoureux ». «J’ai une amoureuse et je prévois de lui offrir un cadeau afin de lui témoigner mon amour », nous confie-t-il. A quelques mètres de là, une cliente négocie le prix de son cadeau. Alice, appelons la ainsi, car celle-ci a décidé de garder l’anonymat. « Comme vous le constatez, je suis en train de payer un cadeau pour mon chéri», nous lance-t-elle. Pour elle, la Saint-Valentin est une fête exclusivement dédiée aux amoureux. « Si tu aimes vraiment ton copain ou ta copine, tu dois obligatoirement lui donner un cadeau », nous confie-t-elle. Quand nous lui demandons si elle est sûre de recevoir de la part de son petit ami un cadeau, elle nous répond en riant : « il a intérêt en tout cas à me donner un cadeau, sinon…». Quelques mètres plus loin, nous faisons la rencontre de Hamidou Koala, un commerçant ambulant. « La Saint-Valentin ne me dit rien. J’ai récemment mis fin à ma relation avec ma copine. Donc, la Saint-Valentin ne m’intéresse pas », nous fait-il savoir. « Cela s’est passé le 31 décembre plus précisément. A quelques jours du 31 décembre, elle m’a fait savoir qu’elle veut de l’argent pour se faire belle. Je lui en ai remis tout en espérant sortir avec elle le 31 décembre. Quand le jour arriva, je l’ai appelée en vain sans réponse. Le lendemain, elle m’a raconté des bobards. Donc, j’ai décidé de mettre fin à notre relation. Vous comprenez donc que je n’ai rien à voir avec cette fête », nous raconte-t-il.Après ces entretiens, nous décidons de faire un tour à l’intérieur de la boutique « Ouaga pas cher», une boutique située à proximité de « Rood woko » et qui est réputée pour le coût très abordable de ses produits. Après nous être présentés, on nous oriente vers une gérante à qui nous avons fait part de l’objet de notre visite. Nous demandant de garder l’anonymat, elle nous fait savoir qu’il y a divers articles réservés à la clientèle pour la Saint-Valentin, notamment des roses, des tableaux, des cartes, des chaussures, des montres, etc. « Cette année, il n’y a pratiquement pas d’achat ; je ne sais pas si cela est dû à la cherté de la vie ou au fait que cette année il n’y a pas eu assez d’amoureux ; mais on espère que d’ici le soir ou demain, les choses s’amélioreront », nous fait-elle savoir. Pour elle, la Saint-Valentin ne signifie pas seulement donner un cadeau à son conjoint ou à sa conjointe : « c’est donner un cadeau à tous ceux qu’on aime, par exemple les amis, les parents, etc. ».Dans l’enceinte de l’établissement commercial, nous avons profité interroger des clients. Voici ce qu’en pense Rachida Ouédraogo, étudiante : « Saint-Valentin ne veut pas dire forcément donner un cadeau. Pour ma part, je ne pense pas que c’est obligé de donner un cadeau à son partenaire. Si tu n’as pas les moyens, comment tu vas faire ? Je pense que c’est l’intention qui compte et pas le matériel ». Et de poursuivre en ces termes : « Même si mon petit ami ne me donne rien, je ne vais pas me sentir bizarre ». Oumarou Zongo, commerçant revendeur, est quant à lui venu payer des articles à « Ouaga pas cher » pour aller les revendre. Pour ce dernier, la Saint-Valentin est une fête « qui donne l’opportunité à chacun de confirmer son amour à un être qui lui est cher ». Oumarou Zongo nous confie avoir une amoureuse, sa femme avec qui il a des enfants. « Je réserve à mon amoureuse une sortie au restaurant pendant laquelle je lui offrirai un cadeau », nous fait-il savoir tout en souriant.Stella, une autre cliente de « Ouaga pas cher », nous confie n’avoir pas d’amoureux, mais sa mère qui représente tout pour elle. « C’est d’ailleurs pour elle que je suis là. Je viens lui payer un cadeau, à l’occasion de la Saint-Valentin », confie-t-elle.
Frédéric TIANHOUN
(Collaborateur)
Origines chrétiennes de la Saint-Valentin
Un Saint nommé Valentin…
La vie du Saint que l’on célèbre le 14 février est assez mystérieuse. Valentin serait un prêtre chrétien, mort vers 270. On dit qu’il fut condamné à mort par l’empereur Claude II pour avoir consacré des mariages chrétiens dans la clandestinité. L’empereur avait interdit ces mariages en constatant que les chrétiens, une fois mariés, refusaient de s’engager dans les légions militaires pour ne pas quitter leur famille. Saint Valentin serait donc mort en défenseur de l’amour et du mariage.
Source : Internet (Mag femmes)