HomeA la uneSEQUESTRATION DU FILS DE IBK AU MALI

SEQUESTRATION DU FILS DE IBK AU MALI


Il vit isolé dans la maison familiale dont certaines parties ne lui sont pas accessibles depuis plus de quatre mois. Il est lui interdit de recevoir de la visite. Certes, il a pu récemment avoir accès à ses téléphones portables mais seuls lui sont autorisés quelques contacts familiaux. Boubacar Keïta, fils de l’ancien président malien, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’est pas loin d’un prisonnier même s’il n’a pas été formellement jugé et condamné. En effet, depuis la chute de Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), son père biologique, « Bouba » ainsi qu’on l’appelle affectueusement, vit une véritable diète noire. Dans une missive adressée à la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH), ses avocats dénoncent « la séquestration » de leur client et exigent que ce dernier « sorte rapidement des conditions arbitraires et dégradantes ». Seront-ils entendus ? Rien n’est moins sûr. Car, nous sommes au Mali qui, depuis le 18 août dernier, est devenu un Etat d’exception même si sous la pression de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), on a tenté de sauver les apparences en nommant un Premier ministre civil et un militaire à la retraite comme président de la Transition. Cela est d’autant plus vrai que la réalité du pouvoir est toujours détenue par les hommes en treillis qui contrôlent pratiquement tout l’appareil de l’Etat. Ce sont eux qui, depuis la chute d’IBK, font la loi au Mali. Tant et si bien qu’ils se permettent toutes sortes de dérives. De quoi les autorités de la Transition ont-elles peur ? C’est la question que tout le monde se pose.

 

 

Ce qui arrive à la famille Keïta au Mali, doit servir de leçon aux dirigeants africains

 

 

En tout cas, pour autant que l’on soit dans un Etat de droit digne de ce nom, il n’y a pas de raison que Boubacar Keïta soit assigné à résidence depuis plusieurs mois et ce, alors même qu’aucune charge ne lui a été officiellement notifiée. Tant qu’à faire, les autorités de la Transition auraient dû le présenter à la Justice malienne pour suite à donner. Mais de là à restreindre injustement ses mouvements, ce n’est ni plus ni moins qu’une atteinte aux droits du fils de l’autre qui, si l’on en croit certains témoignages, n’est pas lui non plus totalement « libre ». Tout se passe, en effet, comme si les institutions, depuis l’arrivée des militaires au pouvoir, ne fonctionnent plus au Mali. Seuls les desiderata de la soldatesque valent loi. Pauvre Mali !  Cela dit, ce qui arrive aujourd’hui à la famille Keïta au Mali, doit servir de leçon aux dirigeants africains qui doivent comprendre qu’ils exposent leur fratrie et progéniture en les traînant dans le cercle de la gestion du pouvoir d’Etat. On l’a vu au Sénégal où après le départ du père du pouvoir, Karim Wade a eu maille à partir avec la Justice sénégalaise au point qu’il a dû s’exiler. On l’a vu aussi en Afrique du Sud où deux fils de l’ex-président que sont Duduzane et Edward Zuma, se retrouvent empêtrés dans des scandales politico-financiers. C’est le cas aussi de Karim Keïta, alors député, dont les frasques avaient ravivé la contestation qui a conduit au renversement du père. On peut multiplier les exemples, tant ils sont légion sur le continent noir.

 

 

Boundi OUOBA


No Comments

Leave A Comment