HomeRencontreSIDIKOU BABA, SECRETAIRE EXECUTIF DE L’OJEMAO A PROPOS DE L’EXTREMISME VIOLENT : « Il faut chercher à connaître le vrai visage de l’Islam »

SIDIKOU BABA, SECRETAIRE EXECUTIF DE L’OJEMAO A PROPOS DE L’EXTREMISME VIOLENT : « Il faut chercher à connaître le vrai visage de l’Islam »


L’Organisation de la jeunesse musulmane en Afrique de l’Ouest (OJEMAO) s’est réunie à Ouagadougou, la capitale burkinabè, du 16 au 18 août 2016. En marge de cette rencontre qui entre dans le cadre de la tenue de son congrès annuel, l’organisation s’est penchée sur le phénomène de l’extrémisme violent. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, le Secrétaire exécutif de l’OJEMAO donne les raisons qui ont poussé son organisation à se pencher sur la question. Il s’agit, entre autres, selon lui, de sensibiliser la jeunesse musulmane à se départir des actes d’extrémisme violent, mais aussi et surtout de montrer le vrai visage de l’islam.

 

« Le Pays » : Pourquoi le choix du thème : « La contribution de la jeunesse musulmane de l’Afrique de l’Ouest à la prévention de l’extrémisme violent » ?

 

Sidikou Baba : Nous avons choisi ce thème parce qu’il est d’actualité et la frange de la société la plus concernée, c’est la jeunesse. La religion qui est pointée du doigt, aussi, en cas de manifestation d’extrémisme violent, est l’islam. Etant donné que ce sont des actes qui ne relèvent de l’islam, nous, en tant que jeunes musulmans, sommes dans l’obligation de sensibiliser les jeunes en général et les leaders d’associations islamiques, afin qu’ils comprennent le vrai message de l’islam. Ces derniers pourront ensuite contribuer à ce que cette frange vulnérable qu’est la jeunesse, ne pose pas des actes terroristes car, ce n’est pas l’islam qui recommande de tuer des personnes innocentes.

 

Quelles sont les actions que vous comptez mener concrètement sur le terrain dans les jours à venir ?

 

Nous allons travailler d’abord à ce que les représentants des différents pays fassent le compte-rendu de ce colloque, une fois de retour chez eux.  16 associations venues de 8 pays sont présentes à cette rencontre, à Ouagadougou, et chacune d’elles aura la responsabilité de faire le compte-rendu au niveau de sa structure, mais également de sensibiliser la jeunesse musulmane sur la question au niveau de son pays.

 

Quels seront les messages qui seront diffusés au cours de cette campagne de sensibilisation ?

 

C’est de leur dire de faire attention, de ne pas se laisser endoctriner. Certes, il y a des injustices aux plans politique et social. Mais cela ne devrait pas constituer une caution pour commettre des actes anti-islamiques.

 

Pensez-vous que cela suffira ?

 

A notre niveau, cela suffira parce que nous ne sommes pas des acteurs politiques. Nous sommes actifs sur les plans social et religieux. A ce titre, notre public cible, ce sont les musulmans et particulièrement la jeunesse. Mais, nous sommes, et nous l’avons toujours montré, disposés à appuyer les décideurs politiques dans les actions qu’ils mènent dans le cadre de la lutte contre l’extrémisme violent.

 

On sait que l’ampleur de la menace djihadiste n’est pas la même dans les pays ouest-africains. Y aura-t-il des actions spécifiques dans certains pays comme le Niger, le Mali et le Nigeria qui sont régulièrement victimes d’attaques djihadistes ?

 

« Nous n’avons pas beaucoup de moyens en dehors des ressources humaines prêtes et engagées »

 

De manière générale, ces activités ont la même envergure dans tous les pays. Il n’y a pas d’actions spécifiques pour le Burkina, le Mali ou le Niger, même si ce dernier fait partie des pays les plus touchés. Pour l’instant, nous menons les mêmes actions dans tous les pays et ce sont des actions de formations et de sensibilisation.

 

Selon vous, la répression est-elle une solution à l’extrémisme violent ?

 

Pour nous, ce n’est pas une solution. La solution n’est pas que sécuritaire. Les causes sont très nombreuses. Il y a des causes historiques, politiques et géostratégiques. Il faut comprendre d’abord la géopolitique mondiale pour savoir pourquoi les jeunes se laissent enrôler.

 

En tant que musulman, que ressentez-vous lorsque des gens commettent des attentats et disent avoir agi au nom de l’islam ?

 

C’est regrettable que ces actions soient menées au nom de l’islam. D’ailleurs, ce sont les musulmans qui en sont les premières victimes. Le plus grand nombre de victimes en termes de pertes en vies humaines, ce sont encore les musulmans. Ensuite, ces actions nuisent plus à l’islam car cela ne fait que discréditer la religion. Toute chose qui crée l’amalgame entre islam et terrorisme. Cela nuit à notre communauté. Notre communauté a donc besoin d’être comprise pour que le message de l’islam soit transmis et perçu par les fidèles.

 

Quels sont les moyens dont dispose OJEMAO pour réaliser les actions que vous prévoyez mener ?

 

Nous n’avons pas beaucoup de moyens en dehors des ressources humaines prêtes et engagées à accomplir le travail.

 

Quel bilan faites-vous de vos activités sur le terrain ?

 

Nos principales activités, ce sont les sessions annuelles. En dehors de cela, chaque association est libre de mener ses activités. Nous, nous contribuons à partager une vision commune. Les contextes sont différents et les réalités varient d’un pays à l’autre ainsi que les moyens. L’essentiel, c’est de partager d’abord les questions d’ordre général.

 

Quel appel avez-vous à lancer?

 

A la communauté musulmane et non musulmane, je voudrais dire qu’avant de juger, l’on doit chercher à connaître le vrai visage de l’islam. Avant de dire que l’islam est lié au terrorisme, il faut savoir d’abord ce que l’islam lui-même dit du terrorisme.

 

Propos recueillis par Adama SIGUE (« Le Pays ») en collaboration avec Afronline (Italie)

 

Légende

 

1- Sidikou Baba, Secrétaire exécutif de l’OJEMAO, a invité la jeunesse musulmane à ne pas se laisser embrigader

 

2- Sidikou Baba sur l’extrémisme violent : « Le plus grand nombre de victimes en termes de perte en vie ce sont encore les musulmans »

 


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