SIGNATURE DE L’ACCORD-CADRE DE LA ZONE DE LIBRE-ECHANGE CONTINENTALE : Un acte historique !
Le sommet extraordinaire de l’Union africaine (UA), ouvert le 17 mars dernier à Kigali au Rwanda, a refermé ses portes, hier 21 mars, par un acte historique : la signature d’un accord-cadre de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC). Alors que le suspense était tout entier lorsque le président nigérian, Muhammadu Buhari, avait décidé de boycotter, presqu’à la dernière minute, ce sommet de Kigali, suite à la réticence du puissant syndicat du pays, le Nigeria Labour Congress (NLC) qui estime non seulement cet accord hâtif, mais surtout une menace pour la production nationale. Il faut le dire, la décision des 44 pays d’adhérer à ce gigantesque projet d’intégration économique, est salutaire et salvatrice pour un continent qui n’arrive pas à tirer véritablement profit de ses potentialités. Ce pas de géant étant posé, il va falloir maintenant relever le défi de la mise en œuvre qui passe avant tout par la ratification du traité par les parlements des pays signataires, dans un délai fixé à 180 jours.
L’un des profonds maux de l’Afrique, c’est de ne pas avoir confiance en elle-même
En attendant, il faut espérer que la dizaine de pays qui hésitent encore puissent mieux cerner l’importance de cette Zone de libre-échange continentale (ZLEC) afin de s’élever au-dessus des égoïsmes des Etats nationaux pour aller vers une indispensable intégration panafricaine. La ZLEC qui est un des ambitieux projets découlant de l’Agenda 2063 de l’UA, dit-on, devra devenir la plus grande union douanière au monde jamais constituée depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce en 1995. Si l’hôte du sommet, le président rwandais Paul Kagamé, et un des grands défenseurs de cette initiative avec le Nigérien Mahamadou Issoufou, y voient l’opportunité d’« un pacte historique dont la concrétisation représente une avancée majeure pour l’intégration et l’unité africaines », il y a que la naissance de cet espace économique va permettre de faire passer le commerce intra-africain de 16% à 53% en éliminant les droits d’importation et les barrières non tarifaires. De quoi pouvoir réjouir bon nombre d’afro-optimistes qui ont du mal à comprendre qu’un continent comme l’Afrique, avec 1,2 milliard d’habitants, n’intensifie pas les échanges commerciaux en son sein. On ne le dira jamais assez, l’un des profonds maux de l’Afrique, c’est de ne pas avoir confiance en elle-même, en sa capacité à s’imposer dans l’ordre mondial et la tendance à peu donner de la valeur aux produits locaux, contribue à ouvrir les vannes à d’autres continents. Sinon, comment comprendre, par exemple, qu’une industrie burkinabè de fabrication de jus de mangues, ne puisse pas exporter vers le Niger voisin dont le marché est inondé de jus de mangues « made in UE ou made in Lebanon» ? Comment comprendre qu’un producteur d’ananas au Bénin se retrouve avec de l’éthylène « made in France», alors que l’Egypte en est une grande fabricante ? C’est dire combien l’Afrique peut tirer profit de ses propres productions, si elle décide de renforcer ses relations économiques et commerciales entre les pays du continent.
Drissa TRAORE