HomeA la uneSIMON COMPAORE AUX OPERATEURS DE TELEPHONIE MOBILE : « L’identification des abonnés doit être réelle et totale »

SIMON COMPAORE AUX OPERATEURS DE TELEPHONIE MOBILE : « L’identification des abonnés doit être réelle et totale »


Le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure, Simon Compaoré, a rencontré les opérateurs de téléphonie (TELMOB, AIRTEL, TELECEL) pour une prise de contact et des échanges autour de questions liées à la sécurité intérieure du pays. Une rencontre au cours de laquelle il leur a demandé de prendre des dispositions pour que « l’identification des abonnés soit réelle et totale et que personne ne soit détenteur d’un téléphone avec, à l’intérieur, une puce qui n’ait été identifiée ». C’était le 16 février 2016 à son cabinet, à Ouagadougou.

Depuis les attaques terroristes du 15 janvier 2016, le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure (MATDSI), Simon Compaoré, ne cesse de multiplier les rencontres avec les différentes couches de la vie active au Burkina Faso pour renforcer la sécurité intérieure du pays. Le 16 février dernier, c’était au tour des opérateurs de téléphonie mobile que sont TELMOB, AIRTEL, TELECEL, de le rencontrer afin qu’ensemble, ils s’entretiennent sur ces questions. En effet, selon Simon Compaoré, le gouvernement a pris sur lui de faire en sorte que désormais, toutes les cartes SIM qui seront vendues par les opérateurs de téléphonie mobile puissent être
identifiées. Plus question donc de s’acheter une puce et commencer à téléphoner sans être identifié au préalable. A son avis, des gens utilisent les puces pour communiquer, déstabiliser, voler, faire du brigandage, tuer, faire des coups d’Etat, bref, faire du mal. Autant elles servent donc aux uns pour communiquer de bonne foi et être efficaces, dans leur travail, autant elles servent aux autres pour la pratique du banditisme et à tous ceux qui sont de mauvaise foi qui veulent agir contre la République, contre la population. « Nous avons donc estimé nécessaire de rencontrer les opérateurs des différents réseaux pour leur demander de redoubler d’efforts afin que l’identification des abonnés soit réelle et totale et que personne ne puisse plus être détenteur d’un téléphone avec, à l’intérieur, une puce qui n’ait été identifiée », a déclaré le MATDSI. Pour lui, nous avons besoin aujourd’hui, plus que jamais, de savoir l’identité du propriétaire de chaque puce.

Prendre des dispositions légales pour obliger l’utilisateur à se faire identifier

La seconde raison de cette rencontre était que lorsque les forces de gendarmerie ou de police sont à la trousse de certaines personnes, soit de bandits ou de terroristes, elles ont besoin de certaines précisions par rapport aux communications. Les sociétés de téléphonie peuvent donc donner un certain nombre d’informations qui permettront véritablement d’assurer la sécurité des populations, de neutraliser certaines actions initiées par des terroristes ou malfrats et bandits de grands chemins ou ceux qui ont des idées pas très bonnes en ce qui concerne l’évolution du pays, bref ceux qui veulent la déstabilisation du pays. Il a donc été demandé aux opérateurs de téléphonie, qu’à chaque fois que les Forces de défense et de sécurité viendront à demander leur concours, qu’ils soient proactifs, qu’ils fassent diligence et qu’il n’y ait pas de difficultés. Sinon cela peut permettre aux bandits de s’échapper. « Avec les informations, l’on peut arriver à neutraliser certaines choses », a reconnu le ministre d’Etat. Le MATDSI dit ne pas être spécialiste en matière de sécurité mais reconnaît que, même sans être spécialiste, quand on a la volonté de protéger son pays, on peut être efficace. Selon lui, tous autant que nous sommes, chacun est un vecteur d’information et peut apporter du sien. « Nous leur avons demandé d’accompagner les Forces de défense et de sécurité dans la collecte et la vérification de l’information pour leur permettre d’être efficaces car, dans un pays où il n’y a pas de renseignement, c’est foutu pour ce pays car il sera tout le temps surpris », a-t-il souligné. Pour Simon Compaoré, il nous faut renforcer nos capacités en matière de renseignements et cela aussi passe par la collaboration des uns et des autres, notamment les sociétés de téléphonie. Etaient également présents à cette rencontre, d’autres acteurs dont le directeur général de l’Office national d’identification (ONI) qui, a noté le ministre Simon Compaoré, travaillera avec les opérateurs de sorte à ce qu’on ait un fichier fiable à partir duquel l’on pourra faire un recoupement par rapport à l’identification de leurs abonnés.
Les opérateurs de téléphonie en l’occurrence les directeurs généraux des trois réseaux, ont loué l’esprit de cette rencontre et souscrit à l’idée. Ils ont par ailleurs exposé quelques-unes de leurs difficultés quant à l’identification des cartes SIM avec notamment les faux documents que présentent certains clients et les revendeurs indélicats qui utilisent des identités frauduleuses. Ils ont cependant promis de faire un toilettage de leurs bases de données pour améliorer la qualité de leurs prestations. Ils ont par ailleurs demandé un accompagnement législatif de la part des autorités qui pourront par exemple prendre des dispositions légales qui obligent l’utilisateur à se faire identifier. Et le DG de TELMOB de noter que sur 1 million d’abonnés à qui il a été demandé de passer pour vérification d’identité, seulement 76 000 ont fait le déplacement pour faire corriger ou compléter leur identification. Les opérateurs de téléphonie ont laissé entendre au ministre qu’ils sont parfois « injustement sanctionnés », pourtant ils font des efforts à leur niveau pour travailler dans les règles de l’art.

Christine SAWADOGO

 

Mise au point du ministre d’Etat Simon Compaoré à propos des Koglwéogo

Le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure (MATDSI), Simon Compaoré, a profité de sa rencontre avec les opérateurs de téléphonie mobile pour faire, avec les journalistes, une mise au point par rapport aux Koglwéogo.

« Notre position par rapport aux Koglwéogo est extrêmement claire comme de l’eau de roche. Nous avons reçu les Koglwéogo il y a une dizaine de jours ici. Hier (NDLR : 15 février), ce sont les dozos que nous avons reçus. On a échangé et dit des choses intéressantes. S’il y en a d’autres, qui portent d’autres noms, nous allons les recevoir. Notre position par rapport à toutes ces structures c’est qu’au Burkina, nous sommes dans un Etat de droit. Un Etat de droit où il y a 150 radios, 24 télévisions et 77 presses écrites. Même celui qui n’aime pas le Burkina ne dira pas qu’au Burkina il n’y a pas de liberté d’opinion ; sinon il n’y aurait pas autant de médias. Qui dit Etat de droit dit règles : lois et règlements. Toute association qui naît, qui veut travailler librement et de façon convenable devrait chercher à se faire connaître. Vous devez avoir un récépissé qui vous permet de légaliser votre existence et de travailler dans le cadre des lois et règlements de la république. Ensuite, nous avons dit, en ce qui concerne ces associations qui évoluent dans nos villages, nos communes, nos départements, nos provinces, nos régions et au niveau des frontières, que ce sont des associations dont certaines sont reconnues, d’autres pas. Celles qui sont reconnues vont continuer à travailler dans le cadre des lois et règlements de la République. Celles qui ne sont pas reconnues doivent chercher à se faire reconnaître et pour se faire reconnaître, il y a un dossier à constituer ; nous avons une direction qui s’appelle la direction générale des libertés publiques. C’est cette direction qui initie, traite les dossiers et soumet les projets de récépissé à la signature du ministre. Toutes les associations dont Koglwéogo qui n’ont pas de récépissé ne sont donc pas des associations reconnues comme telles au terme de la loi mais ce sont des associations qui existent, qui agissent, qui posent des actes quelques fois bien salués par une bonne partie de la population mais malheureusement aussi, quelques fois, des actes qui sont dénoncés, condamnés. Nous les avons reçus. Lors de la rencontre, les gouverneurs ont dénoncé des actions que certains Koglwéogo ont eu à faire et qui ne sont pas normales. Nous avons dit aux gens ce qu’il ne faut pas faire dans une République. Nous avons reconnu ; quand je dis nous, ce sont les forces de sécurité, la gendarmerie, la police ; que c’est grâce à ces associations que nous avons arrêté les 29 personnes qui ont fait le coup à Yimdi ; c’est grâce à la participation citoyenne dont les Koglwéogo. Les Koglwéogo aussi nous ont montré qu’on a égorgé une femme enceinte ; ça on n’en parle pas, pourtant il faut en parler. Le travail c’est aussi bien chez les bandits que chez les Koglwéogo. Ils nous ont montré les photos. Dans le contexte actuel où nous évoluons, au moment où nous appelons tout le monde à collaborer, ce n’est pas à ce moment qu’il faut avoir des positions qui peuvent ne pas être comprises. C’est pourquoi nous avons dit, pour ces Koglwéogo, qu’il convient de leur indiquer la voie de l’Etat de droit. S’ils veulent continuer à travailler, à épauler la gendarmerie et la police, il y a des conditions dont la première est de chercher à se faire reconnaître. Dès lors qu’ils ont le récépissé, ils ont des droits et des devoirs. Deuxièmement, il faut qu’ils sachent qu’ils ne sont pas des officiers de police judiciaire… Les Koglwéogo sont utiles à condition qu’on les mette sur les rails et qu’ils exercent dans le cadre légal et n’outrepassent pas leurs compétences. »

Propos recueillis par S.C.


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