HomeBaromètreSITUATION NATIONALE : L’ex-CFOP veut créer un cadre pour le suivi de la transition

SITUATION NATIONALE : L’ex-CFOP veut créer un cadre pour le suivi de la transition


Les partis politiques membres de l’ex-Chef de file de l’opposition (CFOP) ont annoncé la création prochaine d’un cadre afin de mieux suivre la transition politique au Burkina Faso. Cette annonce a été faite au cours d’une conférence de presse qu’ils ont animée le vendredi 6 février 2015, à Ouagadougou. Cette rencontre avec la presse faisait suite à la déclaration que ces partis ont publiée au lendemain des mouvements d’humeur du Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Elle a été également le cadre pour échanger avec les journalistes sur plusieurs autres points de l’actualité nationale, notamment la question de la dissolution du RSP, les candidatures de personnalités militaires qui s’annoncent ça et là, le report du vote des Burkinabè de l’étranger, la levée de la suspension du CDP, etc. La conférence était animée par Zéphirin Diabré de l’UPC, Etienne Traoré du PDS/Metba, Wendlassida François Ouédraogo du RDS, Me Bénéwendé Stanislas Sankara de l’UNIR/PS, Roch Marc Christian Kaboré du MPP et Norbert Tiendrébéogo du FFS. Des représentants d’autres partis politiques étaient également présents dans la salle, aux côtés des journalistes.

 

« Nous avons commencé il y a trois semaines, à nous retrouver pour mettre en place un cadre qui va suivre l’évolution de la transition et donner nos avis en permanence. » Cette information a été donnée par le président du Mouvement du peuple pour le progrès, Roch Marc Christian Kaboré, lors de la conférence de presse que des partis politiques membres de l’ex- Chef de file de l’opposition (CFOP) ont animé le 6 février dernier. A travers cette initiative, les partis politiques entendent jouer entièrement leur partition dans le déroulement de la transition politique entamée par le Burkina Faso depuis les événements des 30 et 31 octobre 2014, qui ont conduit au départ du président Compaoré. Cette conférence de presse, ils l’ont voulue pour échanger sur la situation nationale et ses récents développements, notamment le mouvement d’humeur au sein du RSP. Pour les animateurs de la conférence, il était important de souligner que, depuis le début de la transition, et suite à la mise en place de ses organes, ils ont observé une retenue pour ne pas gêner le travail. Toute chose qui n’était pas un silence, mais un accompagnement discret. Au regard de ce qui s’est passé au sein du RSP, ils ont publié une déclaration où ils rappellent que les évènements des 30 et 31 octobre 2014 et surtout la mise en place de la transition, résultent d’un accord consensuel entre un certain nombre de composantes de notre Nation, qui a abouti à l’adoption de la Charte de la transition et à la mise en place de ses organes. Il était donc important, selon eux, que tout problème qui touche, d’une manière ou d’une autre, le fonctionnement de cette transition, soit tranché dans ce cadre-là. Ils ont réaffirmé leur attachement aux principes républicains et mis en exergue le fait que les dissensions au sein de l’armée ne doivent pas venir perturber le fonctionnement et l’évolution normal de cette transition. « Evidemment, nous sommes du côté de la transition », ont-ils dit. Et d’inviter toutes les parties prenantes de la vie nationale à faire en sorte que cette transition continue de fonctionner et aboutisse à des élections libres, démocratiques et transparentes qui vont contribuer à réinstaurer une véritable démocratie pluraliste dans notre pays. Ils ont également invité les militants et sympathisants à rester vigilants. « Nous comptons sur les principaux acteurs de la transition pour mettre de l’ordre dans cette situation », ont-ils dit, avant de souligner que les échos qui leur parviennent étaient des plus favorables et que des solutions étaient en train d’être trouvées, selon ce qu’ils ont appris.

« Tant que les dossiers pendants ne seront pas résolus… »

Lors des échanges, les journalistes ont voulu savoir si la commission ad hoc mise en place par le chef de l’Etat pour décider de l’avenir du RSP faisait partie du processus consensuel qui a prévalu à la mise en place de la transition. Et Zéphirin Diabré de répondre par l’affirmative, vu que le chef de l’Etat est un des piliers de la transition. Si certains journalistes ont estimé que les OSC avaient une manière différente d’aborder la question, les responsables de partis politiques, eux, ont trouvé que c’était juste le ton qui différait sinon dans le fond, tous s’accordent pour dire que la question doit être résolue dans un cadre républicain. Concernant l’appel à manifester des OSC le 7 février dernier, ils ont déclaré avoir invité leurs militants à se mobiliser pour la soutenir. Quant à la question de savoir s’ils ont été associés aux échanges chez le Mogho Naaba le 4 février, jour de la manifestation du RSP, les animateurs de la rencontre ont estimé que l’on n’avait pas besoin de les associer, mais juste de les en informer et cela a été fait. A leur avis, tant que les dossiers pendants ne seront pas résolus, il peut toujours y avoir insurrection ; et chaque fois qu’il y aura un problème, ils se réuniront pour défendre la République.

« CDP, ADF/RDA : faites attention, le peuple ne dort pas ! »

 

Comme il fallait s’y attendre, la question « êtes-vous pour ou contre la dissolution du RSP ? » est revenue. Et les conférenciers, par la voix de Roch Marc Christian Kaboré, ont répondu : « En tout état de cause, l’armée nationale dans son ensemble est une question de souveraineté. Que ce soit dans la Charte ou pas, le Premier ministre et le Président du Faso ont pour responsabilité de procéder à une réorganisation au sein de l’armée. Et cette réorganisation nécessite que des structures soient mises en place pour y réfléchir. Et pour nous, il ne s’agit pas de prôner simplement la dissolution du RSP. Je dois vous rappeler que depuis le Collège de sages, il y a une question qui a été posée : le RSP en tant qu’entité servant à la sécurité d’une personne, à savoir le président du Faso. La dissolution peut entraîner une réorientation des attributions du RSP ». Et de poursuivre : « Ce qui est sûr, c’est que cette entité ne peut pas être au service d’un Homme. L’entité doit être au service de l’Etat, des citoyens, en vue d’assurer la sécurité du territoire et d’assurer les missions régaliennes  d’une armée dans un Etat de droit ». Pour M. Kaboré, il faudrait que l’on se départisse de l’idée selon laquelle il s’agit simplement de s’asseoir et de prendre un décret pour que le RSP soit dissous ; ceci est une manière utopique de voir les choses. Les conférenciers ont affirmé ne pas savoir ce que vaut le RSP militairement, même si, selon François Ouédraogo, c’est une milice de Blaise Compaoré, avec plus d’armes et de munitions que le reste de l’Armée. Et Me Sankara de refuser que 2000 hommes  prennent en otage le destin de 17 millions d’habitants et décident de leur sort. Selon certains d’entre eux, il y a eu une tentative de reprise en mains des affaires par le RSP par qui Yacouba Isaac Zida est arrivé au pouvoir pour ensuite être Premier ministre. Il était donc dans une position contradictoire et a décidé d’aller dans le sens de ce que la population voulait ; mais, cela était contre les intérêts de certains du RSP car le jour où des dossiers, tels que celui de Thomas Sankara seront rouverts, d’aucuns vont se sentir inquiétés.

Sur la question du vote des Burkinabè de l’étranger, les partis politiques ont reconnu que le temps et les finances font défaut, mais n’entendent pas baisser la pression afin que ce vote soit effectif lors des élections à venir, après celles de 2015. En ce qui concerne la levée de la suspension du CDP et de l’ADF/RDA, ils ont reconnu, tout comme Salif Diallo en son temps, qu’il serait plus responsable de laisser tous ceux qui veulent entrer dans l’arène y entrer et de se battre de façon démocratique. « Nous sommes d’accord pour qu’il n’y ait pas de tentative d’intimidation ou d’écartement de qui que ce soit », ont-ils dit. Au CDP et à l’ADF/RDA, ils leur demandent de faire attention parce que le peuple ne dort pas. Quant à ceux-là qui estiment qu’il faut écarter tous ceux qui ont travaillé avec Blaise Compaoré, Zéphirin Diabré a reconnu que, dans ce cas, eux tous (Zéphirin Diabré, Roch Marc Christian Kaboré, etc.) seraient hors compétition. Sur les candidatures militaires qui se susurrent, notamment celles de Djibrill Bassolet, de Jean-Baptiste Natama…), ils ont estimé que tout le monde est citoyen devant la loi, et qu’à partir du moment où la loi ne l’interdit pas une disponibilité au niveau de l’armée suffira à ces personnes pour se présenter. Les animateurs de la conférence ont jugé que les élections à venir seront les plus transparentes que le Burkina Faso ait connues.

Christine SAWADOGO


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