HomeA la uneSOMMET DE LA CEDEAO SUR L’AFFAIRE DES  49 SOLDATS IVOIRIENS : Que faut-il en attendre ?  

SOMMET DE LA CEDEAO SUR L’AFFAIRE DES  49 SOLDATS IVOIRIENS : Que faut-il en attendre ?  


En marge de la 77e Assemblée Générale de l’ONU, les Chefs d’Etat de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ont prévu de se retrouver en sommet extraordinaire à la demande de la Côte d’Ivoire sur l’épineuse affaire des 49 soldats ivoiriens retenus au Mali. Même si Bamako ne voit pas d’un bon œil le recours à l’arbitrage de l’organisation sous régionale dans ce dossier, l’on comprend assez aisément les manœuvres de la partie ivoirienne. En effet, nul n’est besoin d’être rompu à l’art de la diplomatie internationale pour comprendre que le président Alassane Dramane Ouattara œuvre à amener le dossier devant des tribunes où la voix de la Côte d’Ivoire est susceptible d’être plus audible que celle du Mali. Et c’est dans ce sens qu’il faut comprendre que la tenue de ce sommet extraordinaire de la CEDEAO à New-York, en marge de l’AG de l’ONU, ne tient pas seulement à un hasard de calendrier ou de circonstances, mais plus à un calcul diplomatique avec pour ambition, de la part des autorités ivoiriennes, d’impliquer le maximum d’acteurs de la communauté internationale dans la résolution de cette crise entre voisins ouest-africains ou de la placer sous les projecteurs de la scène internationale. Mais que faut-il attendre de ce sommet qui constitue en même temps un clin d’œil à la communauté internationale ? Sauf miracle, cette rencontre des chefs d’Etat de la sous-région ouest-africaine à New-York, fera plus de bruit que de résultats. La montagne risque d’accoucher d’une souris. Et pour cause. D’abord, le Mali n’a jamais fait mystère de sa méfiance vis-à-vis de la saisine de la partie ivoirienne qu’elle accuse de vouloir instrumentaliser la CEDEAO.

 

Il faut sauver l’essentiel

 

Et cette mise en garde est tout à fait compréhensible car le pays d’Assimi Goïta pense que l’organisation sous-régionale a un parti pris, après avoir subi le dur embargo économique qu’elle lui a imposé. Ensuite, il faut craindre que le coup de projecteur qu’apportera ce sommet sur ce dossier n’implique de nouveaux acteurs internationaux dans un contexte de nouvelle Guerre froide où la Côte d’Ivoire et le Mali représentent les deux blocs qui s’affrontent aujourd’hui dans la guerre en Ukraine. Les clivages idéologiques qui se dessinent très clairement sur fond d’intérêts économiques et géostratégiques, risquent d’éloigner les deux parties d’un accord négocié. Enfin, il faut craindre que l’ONU dont la position dans ce dossier ivoiro-malien manque de constance et qui vit surtout des crises comme un saprophyte, ne vienne renforcer les antagonismes pour aboutir aux enlisements dont elle seule connaît les secrets.  Cela dit, Alassane Dramane Ouattara ne perd rien à essayer le coup de la médiation internationale dans cette guerre des tranchées qu’elle mène avec son voisin malien. En cas d’échec, il réussira sans doute à s’attirer la sympathie de ses amis, avec de fortes chances de contribuer davantage à l’isolement international du Mali qui, il faut le dire, exploite aussi cette affaire pour essayer de desserrer l’étreinte mortelle des puissances occidentales et de leurs alliés.  Mais ce gain diplomatique vaut-il le risque encouru quand on a la main dans la gueule du serpent ? Il est difficile de trancher le nœud gordien de ce dilemme mais une chose est certaine, la persistance de cette crise n’arrangera, sur le long terme, ni les intérêts des deux parties prenantes, ni ceux de la sous-région déjà en proie à de vives tensions du fait de la crise sécuritaire. Le temps en effet joue contre les deux parties. Les autorités ivoiriennes ne pourront pas continuer éternellement à refreiner les relents belliqueux de bon nombre de leurs concitoyens tout comme la Transition malienne dont la durée de vie est limitée, ne pourra exploiter indéfiniment ce dossier qui n’intéressera sans doute pas le régime qui lui succédera. Et c’est pour cela qu’il faut, au-delà de la surenchère politique et diplomatique, sauver l’essentiel en pensant aux relations de bon voisinage entre les peuples frères et amis de la Côte d’Ivoire et du Mali. Cela passe nécessairement par un dialogue bilatéral franc et direct.

 

SAHO                


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