SOMMET DE LA CEEAC A KINSHASA : Vous avez bien dit respect des processus électoraux ?
Le 25 juillet dernier, s’est ouvert à Kinshasa, le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC). Si la Centrafrique, Sao Tomé-et-Principe et le Tchad étaient représentés par leurs présidents respectifs, tel n’était pas le cas du Burundi et de la Guinée Equatoriale dont les délégations étaient conduites par leurs vice-présidents. Il en est de même pour le Congo et le Gabon représentés par leurs Premiers ministres et l’Angola et le Rwanda par leurs ministres des Affaires étrangères. Si pour les autres chefs d’Etat qui n’ont pas fait le déplacement de Kinshasa, on peut invoquer des raisons de calendrier, on ne peut pas en dire autant pour le président rwandais, Paul Kagamé, dont le pays, à tort ou à raison, est accusé de soutenir les rebelles du M23 qui donnent du fil à retordre aux forces armées congolaises sur le terrain. En dépit du cessez-le-feu signé en fin juin dernier à Luanda sous les auspices du président angolais, Paul Kagamé et Félix Tshisékedi continuent de se regarder en chiens de faïence. Dans ces conditions, l’on comprend que se rendre à Kinshasa, serait comme si Paul Kagamé avait choisi d’aller en terrain hostile, tant des mouvements de colère, il n’en manquerait pas dans les rues de la part de Congolais qui percevraient cela comme un acte de provocation. Kagamé semble donc avoir fait une bonne analyse de la situation en dépêchant son chef de la diplomatie à Kinshasa au risque d’en rajouter à la tension entre son pays et son géant voisin aux pieds d’argile.
Qui dit respect des processus électoraux, dit transparence dans l’organisation des élections
Toutefois, on peut regretter qu’au regard de l’importance des sujets abordés (défense et sécurité), le sommet de Kinshasa n’ait finalement réuni que 4 chefs d’Etat sur la dizaine que compte la CEEAC. Pourquoi ? Difficile d’y répondre. A moins que certains d’entre eux, n’aient fait le choix de bouder le sommet qui, en plus des questions de défense et de sécurité, a inscrit à son ordre du jour, le respect des processus électoraux. Quand on sait qu’à quelques exceptions près, bien des chefs d’Etat de l’Afrique centrale sont des cancres de la démocratie qui ont une sainte horreur de l’alternance, on peut dire que c’est ceci qui explique cela. Car, qui dit respect des processus électoraux, dit transparence dans l’organisation des élections dans une partie du continent où la tendance est aux règnes à vie, et où il est connu de tous qu’un président en exercice n’organise pas des élections pour les perdre. En tout cas, même s’il est vrai que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) compte toujours des brebis galeuses en son sein, force est de reconnaître qu’en matière de gouvernance politique, elle est en avance sur la CEEAC dont on se demande parfois à quoi elle sert.
Boundi OUOBA