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SORTIE DU PRESIDENT FRANÇAIS SUR LA CRISE TOGOLAISE


 Quand Macron s’appuie sur un mammouth impotent

En marge de son opération de charme diplomatico-commerciale et culturelle au Nigeria, le président français, Emmanuel Macron, ne s’est pas empêché, le 4 juillet, de se prononcer sur la crise politique au Togo qui dure depuis plus de 10 mois. Et ce qu’il a dit est ambivalent. En effet, en laissant entendre que la stratégie de la France est la même : accompagner l’Union africaine (UA) et les leaders régionaux dans la solution de cette crise tout en souhaitant que les dirigeants africains puissent réussir la médiation qui est en cours et arriver à des résultats concrets, Emmanuel Macron fait rêver, de part et d’autre, les deux parties en conflit, c’est-à-dire le pouvoir et l’opposition. Certes, c’est le souhait de tout le monde de voir aboutir  la médiation business, quand on sait que l’Etat togolais a dû casquer pour cela. Mais, pour qui sait la stratégie de louvoiement de l’organisation panafricaine face aux crises politiques sur le continent, Macron risque de voir son espoir s’effondrer dans les méandres de cette médiation qui tend plutôt vers une quadrature du cercle. On le sait, en termes de résolution de crises politiques en Afrique, l’UA a généralement brillé par son impuissance. C’est dire qu’en s’appuyant, ou du moins, en plaçant sa confiance en un tel mammouth impotent, le président français donne beaucoup plus de marges de manœuvre aux dirigeants togolais qui ne vont pas manquer de faire de leur mieux pour se jouer des  missi dominici qui ne semblent pas avoir, pour l’heure, le courage nécessaire d’inscrire leur médiation dans le sens de l’alternance au Togo.

Le peuple togolais doit continuer sa lutte

Cela dit, cette sortie de Macron qui a fait savoir clairement qu’il ne saurait y avoir de statu quo au Togo, peut être interprétée comme un soutien de taille aux partisans de l’alternance démocratique. D’abord, en se prononçant sur cette crise politique depuis le Nigeria, on peut dire que le président français renforce la pression sur Faure Gnassingbé, après les mises en garde de son hôte Buhari, en février dernier. Il faut rappeler qu’à  l’occasion de la présentation des lettres de créances, le 8 février 2018, des ambassadeurs dont celui du Togo, le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, avait fait savoir que les “transitions politiques pacifiques” n’étaient “plus négociables” en Afrique de l’Ouest, tout en affirmant que les crises politiques étaient mauvaises pour le développement économique de la région. Un message, on ne peut plus clair, adressé à son homologue togolais qui, depuis près d’un an, a fort à faire avec ses opposants qui ne cessent de ruer dans les brancards face à ses velléités de pouvoir à vie. Et quand on sait que le président nigérian, Muhammadu Buhari, s’apprête à prendre la présidence en exercice de la CEDEAO à l’issue du prochain sommet qui se tiendra en fin juillet à Lomé, les opposants togolais ne peuvent que se réjouir de la sortie de Macron qui a même indiqué que  « le Nigeria aura un rôle important après cette période pour aider à la solution de crise. » L’UA n’arrive pas à cracher ses vérités au régime en place, parce qu’elle a toujours été ainsi face aux crises africaines. Quant à l’aphonie de la CEDEAO  face à la crise togolaise, elle n’est pas étrangère au fait que  Faure Gnassingbé est toujours le président en exercice de l’organisation sous-régionale. C’est dire que le peuple togolais doit continuer sa lutte, en attendant  l’entrée en scène du président Buhari. D’ailleurs, les Togolais doivent être les premiers acteurs pour la résolution de cette crise. Ensuite, la CEDEAO. Et comme l’a si bien dit Macron, « il n’appartient pas à la France d’expliquer quelle est la solution politique pour le Togo ».

 

Drissa TRAORE


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