HomeOmbre et lumièreSOTRACO : Travailleurs et administration à couteaux tirés

SOTRACO : Travailleurs et administration à couteaux tirés


Suite à la grève du personnel qui est en cours depuis le 8 avril 2016 et qui paralyse la société de transport en commun (SOTRACO), la Direction générale de la société a rencontré la presse pour expliquer la situation. Le Directeur général, Pascal Tenkodogo, et ses collègues ont voulu « rétablir les faits », le 15 avril 2016 lors d’une conférence de presse. Dans le souci d’apaiser la tension entre l’administration et le personnel, la direction n’exclut pas de revoir à la baisse, les sanctions et  souhaite un dialogue constructif entre les agents et les responsables de la SOTRACO. Au même moment, les travailleurs ont animé un point de presse pour donner leur part de vérité  sur la situation.

 

D’après le Directeur général (DG), Pascal Tenkodogo, et ses collègues, c’est le 22 mars que les délégués du personnel de la SOTRACO ont organisé une manifestation sans la moindre notification à la hiérarchie. A les entendre, en plus d’organiser une manifestation  que la direction trouve anormale, les manifestants ont-ils dit, ont distillé des informations fausses et erronées à travers les médias. Les récriminations essentielles formulées contre la direction porte sur le non dédouanement de 4 cars de la société et le voyage du DG en Chine, d’après Pascal Tenkodogo. Le DG a estimé que nulle part, un DG ne doit des explications à ses agents avant un voyage et le dédouanement des véhicules est du seul ressort de la direction. Les motifs invoqués par les agents en grève ne tiennent pas sur ce point, a-t-il estimé. Pascal Tenkodogo a qualifié de récidive l’action des agents, puisque, a-t-il indiqué, « mon prédécesseur a dû faire face aux mêmes méthodes de revendications de la part des agents et a même été séquestré en son temps ». Depuis le 8 avril, aucun car estampillé SOTRACO ne circule dans la ville de Ouagadougou à cause de la grève des agents qui ont arrêté le travail et occupé les lieux de travail.  Les élèves et étudiants ainsi que les personnes handicapées qui constituent des clients de choix de la SOTRACO vivent avec amertume la situation actuelle de la société. Comment soulager rapidement leur peine ? Aucune lueur d’espoir ne pointe à l’horizon, puisque jusqu’à ce jour, aucun bus ne peut sortir de l’entreprise, étant donné que les agents en grève empêchent tout autre agent désireux de travailler  de le faire. Sur les 13 points de la plateforme revendicative examinés par l’inspection du travail, 4 n’ont pas trouvé solution et ont été référés à la chambre sociale de la Cour d’appel pour arbitrage dans les jours à venir. Pascal Tenkodogo a appelé les « grévistes » au dialogue. Un dialogue est rompu, malgré les interventions de personnes ressources. Pascal Tenkodogo a dit être disposé à revoir à la baisse les degrés de sanction, à condition que les travailleurs en grève reprennent sans condition le travail.

 

Le personnel demande un audit de la gestion administrative et financière

 

Le Comité CGT-B SOTRACO  a aussi expliqué le 15 avril 2016 sa position face à la presse en  dénonçant  d’entrée de jeu ce qu’il qualifie de  gestion chaotique de la SOTRACO par la direction. Le délégué du personnel, Camille Congo, et ses camarades ont dit ne pas comprendre pourquoi certains bus utilisés ne sont pas immatriculés et ne font pas l’objet de visite technique alors que cela comporte des risques pour les usagers et les conducteurs de ces bus. Les travailleurs en sit-in ont signalé entre autres un cumul de factures impayées de 6 mois ayant conduit la SONABEL à déposer le compteur de la société en février 2016, le non versement de 24 mois de cotisation des travailleurs à la CNSS, des vols  fréquents au sein de l’administration dont le dernier en date porte sur  la somme de 1 300 000 F CFA courant février 2016. Camille Congo et ses camarades ont dit ne pas comprendre qu’une mission soit organisée dans un tel contexte, du 11 au 21 mars 2016 au profit du DG et du Directeur de production pour un montant qu’ils ont estimé à 3 850 000 F CFA. Les travailleurs ont  confié que les caisses de la société sont fréquemment ponctionnées  pour les recours aux services de sécurité qui stationnent souvent dans les locaux de la société. Cela, de l’avis de Camille Congo,  a une incidence financière sur la trésorerie de l’entreprise qui a parfois accusé, de l’avis du délégué, des retards de payement des salaires. Pour Camille Congo, le problème qui les oppose à la direction est parti de leur interpellation de la direction sur ces faits, sous la forme de sit-in, qualifié selon les travailleurs de « sit-in sans information de la direction ». C’est ce qui explique, selon les travailleurs, la sanction à l’encontre de 8 d’entre eux, assignés en conseil de discipline. De l’avis des travailleurs, l’Union locale du Kadiogo de  la CGT-B avait demandé à la direction de suspendre le conseil de discipline pour discuter des problèmes de la société. En plus d’un audit sur la gestion administrative et financière, les travailleurs ont interpellé les autorités à s’investir pour résoudre le problème de la société, ainsi que l’Union d’action syndicale à prendre à bras-le-corps les problèmes de la SOTRACO.

 

Lonsani SANOGO

 

 

 

 

 

 

 


Comments
  • Plutôt que de chercher coûte que coûte à avoir raison, envisageons des solutions salutaires pour tous!

    18 avril 2016

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