SOUPÇONS DE FRAUDE AU COURS DES OPERATIONS D’ENROLEMENT
Depuis quelque temps, j’entends parler de fraude au cours des opérations d’enrôlement des électeurs dans la perspective de la présidentielle et des législatives de novembre 2020. Le premier cas qui a défrayé la chronique, a été signalé à Ziniaré où des femmes avaient été convoyées par cars entiers pour se faire enrôler. L’alerte avait été donnée par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui n’avait pas hésité à saisir les autorités compétentes pour suite à donner à cette affaire. Ce qui fut fait puisque j’ai ouï dire que des responsables locaux d’un parti mis en cause dans cette affaire, ont été arrêtés. Personnellement, j’avoue que j ‘étais content parce que je me disais que cela allait servir de leçon à d’autres apprentis-sorciers tapis dans l’ombre. Mais grande a été ma surprise lorsqu’en fin de semaine dernière, j’ai appris que des jeunes, moyennant quelques billets de banque, ont été convoyés de certains quartiers de Ouaga à Komsilga pour se faire enrôler. Tant et si bien que le site d’enrôlement de l’école de Zinguedessé, pour ceux qui connaissent la localité, a été littéralement pris d’assaut. Je n’en croyais pas mes oreilles surtout que dans la foulée, on m’a appris que des femmes ont été interpellées à Bobo-Dioulasso parce que suspectées d’inscription frauduleuse sur les listes électorales. Voyez-vous ? Tous ces faits et gestes m’inquiètent d’autant qu’à l’allure où vont les choses, on court le risque d’aller vers une mascarade électorale dont seules sont coutumières les républiques bananières. Or, en 2015, notre pays avait réussi l’organisation d’un double scrutin (présidentielle et législatives) qui avait mis d’accord presque tous les acteurs politiques en ce sens que les résultats n’avaient pas fait l’objet de contestations. Je ne voudrais donc pas qu’après cette prouesse qui a été saluée par la communauté internationale, le Burkina Faso montre une autre image de lui.
J’invite la Justice à instruire à charge et à décharge sur tous les cas de fraude révélés
A défaut d’aller de l’avant, on n’a pas le droit de reculer. Non, je dis que l’on n’a pas le droit de reculer parce que tout le monde nous regarde. C’est pourquoi j’en appelle à la responsabilité de tous les acteurs politiques. Il faut éviter les écarts de comportement et autres inconduites notoires qui peuvent ramener notre pays en arrière. Je le dis parce qu’imaginez-vous un instant si, à la crise sécuritaire que connaît notre pays, devrait s’ajouter une crise post-électorale avec tout son lot de violences. Autant dire que ce serait le chaos puisque l’ennemi invisible en profiterait pour étendre davantage ses tentacules. Voyez-vous ? Il faut savoir raison garder. Pour moi, un homme politique n’a pas besoin de tricher pour se faire élire conseiller ou député. S’il le fait, à mon avis, c’est parce qu’il se sait impopulaire et par conséquent, ne mobilise pas. Je sais que certains seront furieux en me lisant. Mais cela n’engage qu’eux. Car, comme j’aime à le dire, je n’ai pas l’habitude d’écrire pour faire plaisir à quelqu’un. Je préfère toujours dire mes quatre vérités, surtout quand je sens que l’intérêt de mon pays est menacé. C’est le sens de mon combat. En tout cas, j’invite la Justice à instruire à charge et à décharge sur tous les cas de fraude révélés par la presse et les réseaux sociaux. Si les faits sont avérés, que le droit soit dit dans toute sa rigueur. C’est à ce prix que l’on peut espérer aller vers un scrutin apaisé et transparent. Toute chose qui rehaussera davantage l’image de notre pays.
« Le Fou »