HomeA la uneSOUTIEN DE L’ARMEE A NKURUNZIZA : Qui sauvera le peuple burundais ?

SOUTIEN DE L’ARMEE A NKURUNZIZA : Qui sauvera le peuple burundais ?


Depuis que le président –pasteur Pierre Nkurunziza a affiché clairement sa volonté, sinon sa détermination à briguer un troisième mandat à la tête de son pays, on peut dire que chaque jour qui passe est désormais chargé d’inquiétudes, de menaces et de risques de dérapages dangereux sur le plan social et sécuritaire au Burundi. En effet, depuis bientôt une semaine, l’opposition, la société civile, les communautés religieuses et coutumières tentent, à travers des manifestations de rue, de ramener le président sortant à la raison, afin de ne pas mettre en péril la paix sociale déjà très fragile. Mais pour Nkurunziza qui se prend pour un messie, le Burundi ne peut connaître la paix tant que lui sera éloigné du pouvoir d’Etat. Et à chaque sortie de l’opposition, le pouvoir répond par une répression des plus sauvages, sans compter les interpellations, les intimidations et les innombrables tracasseries qu’il fait subir aux leaders de l’opposition politique. Eh oui! Au Burundi, mieux vaut convoiter le trône de Dieu que de lorgner le fauteuil du pasteur. D’ailleurs , le simple fait d’être soupçonné de vouloir le départ du président peut vous coûter la prison, dans le meilleur des cas.
C’est dans ce climat social plus que délétère que l’armée, qui est pourtant considérée comme le dernier rempart de la démocratie, a donné de la voix pour réaffirmer sa totale loyauté au maître de Bujumbura. Une sortie bien malheureuse du chef d’état-major, car elle n’est pas du tout celle que le peuple burundais était en droit d’attendre de son armée. Néanmoins, elle a l’avantage de rendre les choses plus claires, à savoir que les généraux ont choisi, tout déshonneur assumé, de protéger leurs galons ainsi que les avantages y relatifs plutôt que de protéger le peuple burundais dont la sécurité est pourtant leur raison d’être.

Il faut craindre que l’alternance démocratique ne soit à jamais piégée

Maintenant que la Grande muette a pris fait et cause pour le dictateur, qui sauvera le peuple burundais de ce festin macabre dont il est probablement la victime désignée ? Il ne reste plus au vaillant peuple burundais qu’à prendre son courage à deux mains et à faire face avec détermination à ceux qui ont décidé de lui faire payer cher sa volonté de vivre libre, dans un pays démocratique. Toutefois, on peut se poser des questions sur cette sortie scandaleuse de l’armée. Les généraux sont-ils sincères dans leur déclaration ? S’agit-il vraiment d’un zèle dénué de tout bon sens ? Ont-ils voulu rassurer leur mentor et lui rappeler par voie de fait leurs attentes dans le partage du gâteau de l’Etat ? Si tel est le cas, on peut vraiment craindre que la démocratie dans ce pays soit prise à jamais en otage et que l’unique solution qui reste au peuple burundais soit l’affrontement avec ses tortionnaires, jusqu’à ce que la victoire soit de son côté. Cela sera sans doute dur, long et même sanglant, mais les Burundais doivent se convaincre qu’il n’y a pas de liberté sans prix.
Mais on peut aussi penser que les généraux ont voulu, par cette sortie, prendre des précautions pour ne pas se mettre dans le collimateur du dictateur, afin de donner une garantie de réussite à une éventuelle intervention militaire salutaire autant pour la démocratie que pour le peuple. C’est cela peut-être qui explique cette sortie médiatique, pour une question qui aurait bien pu être gérée dans le bureau du chef de l’Etat. L’armée n’a sûrement pas apprécié ces appels du pied que les manifestants de l’opposition lui envoient depuis le début de la crise. Ce n’est tout de même pas pour rien qu’elle s’appelle la Grande muette.
Cela dit, et en attendant de voir si l’attitude de l’armée va évoluer dans les jours ou heures à venir, on ne peut s’empêcher de se demander à quoi il faut s’attendre lorsque le pasteur-président annoncera officiellement sa candidature à la présidentielle. En tout état de cause, les ingrédients d’une guerre civile sont quasiment tous réunis. Le Sénat qui vient de saisir la Cour constitutionnelle pour qu’elle se prononce sur la légalité d’un troisième mandat pour NKurunziza, pourra-t-il désamorcer la bombe ? On attend de voir. Dans cette zone d’Afrique centrale où la dictature a profondément plongé ses racines dans le sol, il faut craindre que l’alternance démocratique ne soit à jamais piégée. Le peuple burundais risque hélas d’être laminé, écrasé dans son élan frondeur, sous les regards jubilatoires des Kabila, Sassou, Kagamé et compagnie.

Dieudonné MAKIENI


Comments
  • Actuellement on entend aucune communauté internationale donner de la voix pour protéger le peuple Burundais. Après leur victoire (nous prions et croisons les doigts pour cela) on trouvera des gens qui viendrons par vol spécial pour demander au burundais l’inclusion des bourreaux.
    C’est maintenant que chacun choisi de s’inclure ou de s’exclure et a chacun d’assumer son choix en grand garçons et éviter de pleurnicher par la suite comme un enfant gâte que l’on vient de soustraire sa main du plat.
    PEUPLE burundais tu es soutenu partout en Afrique. Nos ancêtres et nos vœux de victoire t’accompagnent.

    29 avril 2015
  • Personne ne leur viendra au secours sauf eux-mêmes. C’est en cela, je critiquais la méthode du Balaie citoyen et Ya na marre qui pensaient que leur modèle était exportable.

    Dans ce genre de situation, il faut une volonté réelle de la population à se rebeller. Notons aussi que tant que l’armée ne se met pas au côté du peuple, c’est difficile de s’en sortir.

    Bref, selon Thom Sank: “L’esclave qui n’est pas capable de se rebeller ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Seule, la lutte libère”.

    30 avril 2015
  • La paix au BURUNDI ne viendra pas sans que les burundais se réunissent car c’est possible que certains dictateurs soient corrompus pour soutenir l’actuel président à sa succession mais ce sont les burundais qui ont voté la constitution qui la rendent contraignante par le respect de tous les articles de la dite constitution et les accords d’Arusha mettent fin à la guerre civile. Que les BURUNDAIS ne se préoccupent pas de ce qui peut les désunir mais de ce qui garantit la paix,la justice et le droit de l’homme. Ceux qui ont de yeux voient: “Il n y a que pur aveugle que celui qui ne veut pas voir”

    1 mai 2015

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