HomeA la uneLE SPORT FACE A LA MONTEE DU TERRORISME : Comment s’y prendre ?  

LE SPORT FACE A LA MONTEE DU TERRORISME : Comment s’y prendre ?  


 

L’actualité internationale reste encore marquée par les attentats terroristes qui ont frappé en divers endroits la capitale Belge mardi dernier. Le bilan humain particulièrement lourd (31 morts et 270 blessés) a totalement éclipsé ce qui pourrait être assimilé à un autre drame, notamment dans les milieux du public sportif belge, c’est-à-dire l’annulation du fait de ces attaques, de la rencontre amicale qui devait opposer le 29 mars prochain, les Diables rouges de la Belgique au Portugal de Cristiano Ronaldo. L’annulation pour des raisons évidentes de sécurité de cette rencontre entrant dans le cadre de la préparation de l’EURO 2016, est incontestablement la preuve de l’incapacité des services de sécurité belges à protéger les quelque 50 000 supporters qui étaient attendus  dans le mythique stade Roi Baudouin de Bruxelles, contre des terroristes qui pourraient le considérer comme une cible d’opportunité, pour répandre la terreur et prouver qu’ils peuvent frapper partout. La preuve est ainsi faite que les terroristes ont au moins atteint l’un de leurs objectifs, c’est-à-dire contraindre ceux qu’ils considèrent comme des apostats, à rester sur la défensive et à reconnaître leur impuissance à les confiner dans les lointaines régions montagneuses et sableuses du sahel ou du Sahara. La question n’est plus de savoir s’ils peuvent perturber ou même endeuiller des manifestations sportives dont la sécurisation est, il faut bien le reconnaître, très complexe en raison du nombre élevé de spectateurs dont l’enthousiasme débordant s’accommode mal de la présence policière ou militaire, même si c’est pour assurer leur sécurité. On a déjà vu les terroristes à l’œuvre, à l’occasion de certaines rencontres sportives de grande envergure, comme aux JO d’Atlanta en 1996, au Marathon de Boston en 2013 ou lors d’un match de Volley-ball au Pakistan en 2010 au cours duquel un kamikaze s’est fait exploser au milieu du terrain, tuant plus d’une centaine de spectateurs.

Nos dirigeants gagneraient à réfléchir sérieusement aux moyens de sécurisation de nos espaces sportifs

La question qui mérite d’être posée et qui taraude certainement les esprits des « sécurocrates » de tous les pays est celle de savoir comment s’y prendre pour protéger les enceintes sportives face à cette montée du terrorisme, surtout que les « mauvais garnements » savent qu’en s’attaquant à ces endroits, ils bénéficieront d’une médiatisation sans frais, avec  la présence de nombreux journalistes qui ne se feront pas prier pour couvrir les événements en direct et en mondovision. Le seul moyen de prévention reste et demeure la multiplication des contrôles au niveau de tous les accès aux stades, avec des moyens humains bien formés et entraînés au repérage visuel d’éventuels terroristes, et, évidemment, avec des moyens technologiques comme les caméras de surveillance de très haute définition, les scanners et les baguettes de détection des métaux. S’il n’y a pas de faille dans le dispositif sécuritaire, l’intérieur des stades devrait être à l’abri des attentats, et ce serait tant mieux pour le sport en général et pour le football en particulier qui joue à la fois la fonction de divertissement de masse et d’exutoire collectif. Le pari de la sécurisation des complexes sportifs peut bel et bien être gagné, pour peu qu’on y mette les moyens, et l’Angleterre nous en a donné l’exemple lors des derniers Jeux Olympiques où un terroriste qui voulait commettre l’innommable a été maîtrisé par les services de sécurité qui étaient sur le qui-vive. Espérons que leurs collègues français auront la même réussite à l’occasion du prochain championnat européen qui se déroulera sur leur territoire et qui est peut-être, déjà, dans le viseur des groupes terroristes. C’est connu, le risque zéro n’existe pas, surtout autour des évènements sportifs qui drainent du monde, mais la plus grosse erreur serait de se laisser aller au fatalisme ou au défaitisme, et donc de ne rien faire pour empêcher les bombes humaines de s’infiltrer dans des endroits aussi joyeux et festifs que les stades et autres aires de jeu. Au regard de la modicité et de la vétusté de nos moyens de contrôle ici en Afrique, on ne peut que croiser les doigts afin qu’il ne vienne même pas à l’esprit des terroristes de faire un tour dans un stade bondé de monde, la ceinture d’explosifs et le chapelet de grenades bien dissimulés. Ce serait en effet un carnage, et il faudra attendre que les commanditaires eux-mêmes nous fournissent davantage de renseignements sur l’identité des assaillants et le type d’arme utilisée pour que nous sachions ce qui s’est réellement passé. Nos dirigeants gagneraient donc à réfléchir sérieusement aux moyens de sécurisation de nos espaces sportifs, car, après les écoles, les lieux de culte et les marchés, le point d’orgue des plans macabres des commandos kamikazes risque d’être nos stades et nos salles de jeu.

Hamadou GADIAGA


No Comments

Leave A Comment