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TENSIONS ENTRE BAMAKO ET ALGER : L’avenir de la médiation en pointillés


C’est sans doute la rencontre de trop pour Bamako! Il s’agit de  celle entre l’influent imam Mahmoud Dicko et le président de la République d’Algérie. Cette audience accordée au Palais d’El Mouradia, le 19 décembre 2023, par Abdelmadjid Tebboune, au plus politique des leaders religieux, très critique envers les militaires au pouvoir au Mali, a irrité les autorités de la Transition malienne. Et elles n’ont pas perdu de temps à le faire savoir. En effet, au lendemain de l’audience accordée au guide spirituel de la confrérie Kountiya par les plus hautes autorités algériennes, le gouvernement malien, par l’entremise de son ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Abdoulaye Diop, a convoqué, l’ambassadeur de l’Algérie à Bamako. Si le cadre de cette convocation était diplomatique, le ton et le contenu l’étaient moins. En fait, le diplomate algérien a été appelé par le chef de la diplomatie malienne pour se faire remonter les bretelles. C’était donc pour exprimer tout le courroux du gouvernement malien vis-à-vis de l’Algérie suite à ce qu’il a appelé des «actes inamicaux» dont Alger se serait rendu coupable. Et en l’occurrence, le gouvernement de Transition évoque «des rencontres récurrentes, aux niveaux les plus élevés en Algérie sans la moindre information ou  implication des autorités maliennes».

 

Les tensions entre le Mali et l’Algérie ont atteint leur paroxysme

 

Ces rencontres, selon toujours Bamako, sont menées d’une part avec «des personnes connues pour leur hostilité au gouvernement malien», et d’autre part, avec «certains mouvements signataires» de l’Accord d’Alger qui «ont choisi le camp des terroristes». C’est donc dire si les tensions entre le Mali et l’Algérie, déjà vives depuis la mi-novembre avec la prise de Kidal, ont atteint leur paroxysme avec ces dernières évolutions. Et c’est la réception, par le président Tebboune, de l’imam Mahmoud Dicko, qui n’est pas en odeur de sainteté avec les locataires du palais de Koulouba, qui a été la goûtte d’eau qui a débordé le vase. D’autant qu’Alger était déjà accusée, à tort ou à raison, d’avoir offert le gîte et  le couvert aux rebelles chassés de Kidal après la prise de ce bastion des groupes armés à dominance touaregue par les Forces armées maliennes. Quid de la médiation internationale dans le cadre du processus de paix au Nord du Mali, au regard de la dégradation des relations entre ce pays d’Afrique de l’Ouest et l’Algérie qui, il faut le rappeler, est le principal pays médiateur? Quel avenir pour cette médiation si le principal protagoniste qu’est Bamako voit son autorité remise en cause ? En tout cas, l’avenir de l’accord de paix de 2015 est désormais en pointillés. Il reste à espérer que les deux pays travailleront à mettre fin, le plus rapidement possible, aux guéguerres diplomatiques pour donner plus de chances aux négociations pour le retour de la paix au Maliba.

Siaka CISSE

 


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