TENSIONS ENTRE SALVA KIIR ET RIEK MACHAR
Va-t-on vers la reprise des armes au Soudan du Sud ? C’est la question pour le moins redoutable que plus d’un se pose depuis que les négociations directes entre le président Salva Kiir et son rival Riek Machar ont viré au fiasco. La situation est d’autant plus préoccupante que l’Eglise catholique n’avait pas tardé à tirer la sonnette d’alarme, tant elle semblait quelque peu agacée par les turpitudes des deux protagonistes sus-cités. Morceau choisi : « Pourquoi les efforts de paix se concentrent-ils sur le partage du pouvoir entre des individus, au lieu de s’attaquer aux racines du conflit ? », s’était-elle interrogée ? C’était en fin octobre dernier. C’est à se demander si les religieux ne remettait pas en cause l’accord de paix qui prévoit la distribution des postes entre les deux camps qui se regardent toujours en chiens de faïence. Car, tout en reconnaissant les efforts des différents pays de la région, qui ont permis d’observer un cessez-le-feu quoi que fragile au Soudan du Sud, l’Eglise catholique n’avait pas manqué de titiller certains dont les actions, dit-elle, étaient motivées par des « intérêts économiques pouvant miner leur impartialité » .On en était là jusqu’à ce que survienne ce nouveau coup de théâtre avec le rejet , le 16 février dernier, par Riek Machar du nouveau découpage territorial proposé par le chef de l’Etat, qui prévoit un système fédéral à dix Etats, comme le réclame la rébellion. Pour l’ex- rebelle, la création annoncée de ces zones administratives pourrait être source de nouvelles tensions. Surtout quand on sait le Ruweng qui est la région la plus riche en pétrole fait l’objet de querelles entre Dinkas et Nuers , deux ethnies auxquelles appartiennent respectivement Salva Kiir ET Riek Machar. En tout cas, avec ce nouveau couac intervenu dans la mise en œuvre de l’accord d’Addis- Abeba, inutile de dire que la formation du nouveau gouvernement attendue le 22 février prochain, est quasi impossible. Et c’est le lieu de craindre le réveil des vieux démons, surtout dans un pays où les clivages communautaires ont fini par prendre le pas sur l’appartenance à une même nation. Si fait que l’on en vient à se demander s’il n’est pas temps de ranger Salva Kiir et Riek Machar dans les oubliettes de l’histoire et cela, dans l’intérêt supérieur du peuple sud-soudanais. La communauté internationale, avec les Etats-Unis en tête, doit y songer. Car, il est inadmissible qu’une querelle de personnes sur fond d’ego surdimensionnés, prenne en otage la vie de tout une Nation au point d’occasionner des pertes en vies humaines. Du reste, qui eût cru qu’après la médiation tentée par le Pape François qui n’avait pas hésité, devant les caméras du monde entier, à s’agenouiller devant Salva Kiir et Riek Machar pour leur demander de se surpasser, ces derniers se montreraient quelques mois après, hostiles à la paix ?
B.O