TIRS NOURRIS CONTRE ALY BONGO : L’harmattan burkinabè soufflera-t-il jusqu’au Gabon ?
Plusieurs acteurs de l’opposition, de la société civile et de la diaspora sont réunis depuis le 4 et ce, jusqu’au 7 décembre à Paris, à l’occasion du Congrès international de l’opposition gabonaise (CIOGAP) pour, disent-ils, poser les jalons d’une alternance par la voie démocratique. Pendant quatre jours, les participants à ces assises de la capitale française, scruteront les voies et moyens de donner forme au rêve de la nouvelle nation gabonaise. L’issue souhaitée par cette rencontre, est un consensus quant à la stratégie de l’opposition en vue des prochaines joutes électorales. S’il faut louer l’initiative de l’opposition gabonaise dans son ensemble, qui a été sans doute inspirée par l’exemple burkinabè, des interrogations demeurent tout de même quant à la sincérité de certains ex- hauts responsables et ministres ayant servi sous le défunt régime d’Omar Bongo et qui, aujourd’hui, se retrouvent subitement en première ligne de ce front anti-Bongo. En effet, ces tirs nourris et violents contre Bongo fils qu’ils accusent de gabegie, de mauvaise gouvernance, de répression, etc., sont d’autant plus inexplicables qu’ils proviennent du camp de ceux qui ont servi son père quand celui-ci était à la tête de l’Etat gabonais.
Les malheurs actuels de Bongo devraient amener tous les dirigeants africains à comprendre que la succession dynastique à la tête de l’Etat n’est pas une bonne chose
Pour certains Gabonais, l’attitude de ces opposants ressemble à un acte de lâcheté car ils ne s’en prennent pas à un système, mais à un homme qui ne fait que gérer un héritage dont ils sont du reste comptables. C’est le lieu ici de s’interroger sur la sincérité, surtout au plan politique, de certains de nos dirigeants. En tout cas, on se demande comment Ali Bongo pourra s’en sortir, quand on sait que ceux qui ont fidèlement servi son père sont aujourd’hui ses adversaires, donc connaissant tous les rouages du système. Ils pourront ainsi mettre le doigt là où ça fait mal. Et c’est ce que semble avoir compris cette opposition qui est sortie du cadre des revendications portant sur l’alternance, pour s’en prendre aux origines de Bongo. Une attitude nauséeuse en ce sens qu’elle peut contribuer à désennoblir son combat. Cela dit, les malheurs actuels de Bongo devraient amener tous les dirigeants africains à comprendre que la succession dynastique à la tête de l’Etat n’est pas une bonne chose ni pour le pays, ni pour la famille présidentielle. La rencontre de Paris qui verra la participation des forces démocratiques et panafricaines, ainsi que des amis de l’Afrique et du Gabon qui entendent contribuer à la marche des peuples d’Afrique vers la nouvelle Afrique marquée par l’Etat de droit, se terminera par la signature d’une charte commune. Reste à savoir s’il s’agira d’un texte de plus, ou s’il sera suivi d’effet Car, en Afrique, face au pouvoir, l’union de l’opposition, du fait des egos, est toujours mise à rude épreuve quand arrivent les échéances.
Seydou TRAORE