HomeA la uneTRANSITION POLITIQUE AU GABON : Oligui osera-t-il s’attaquer aux biens mal acquis ?

TRANSITION POLITIQUE AU GABON : Oligui osera-t-il s’attaquer aux biens mal acquis ?


Le coup d’Etat qui a renversé le président Ali Bongo, le 30 août 2023, constitue, à bien des égards, un réel espoir pour le peuple gabonais qui aura vécu pendant plus d’un demi-siècle sous la férule de la dynastie des Bongo. Il l’est d’autant plus que le nouvel homme fort de Libreville a promis le pain, la liberté et la démocratie au peuple. Mais bien que ce coup d’Etat remette au goût du jour l’affaire des « biens mal acquis » de la famille Bongo, le nouveau locataire du Palais du bord de mer, n’a pas, du moins, jusque-là, pipé mot sur ce sujet qui, pourtant, cristallise les attentions des Gabonais. Le général Brice Clotaire Oligui Nguema osera-t-il s’attaquer à cette affaire ? Rien n’est moins sûr. On a d’autant plus de raisons d’en douter que le général Brice Clotaire Oligui Nguema n’est pas un exemple en la matière. En effet, l’homme a servi pendant plusieurs années, la famille Bongo ; d’abord Bongo père en tant qu’aide de camp et ensuite Bongo fils en tant que chef de la garde nationale, toutes choses qui lui auraient permis d’amasser une fortune colossale ; et de quelle façon ? Lui seul le sait. Peut-on servir des maîtres corrompus sans tremper la main dans le cambouis ? D’autant plus qu’il se dit que le nouveau président dispose de biens immobiliers de grande valeur, à l’étranger ? Le général pourrait-il se faire harakiri s’il a des choses à se reprocher ? Et pourtant, une procédure de Libreville visant la restitution desdits biens, serait un combat noble parce que le peuple gabonais a longtemps été spolié par la famille Bongo. Le général rendrait non seulement justice au peuple gabonais mais aussi il renforcerait sa légitimité en s’attaquant aux biens mal acquis des Bongo.

 

Le rapatriement de cette fortune pourrait donner un nouveau souffle à l’économie gabonaise

 

C’est vrai que ce n’est pas une mince affaire au regard de la complexité du dossier. Mais le général pourrait compter sur le peuple gabonais, mais aussi sur la Justice française qui enquête depuis 2008 sur les biens mal acquis des Bongo. Le contexte semble d’autant plus favorable que le président déchu risque de perdre son immunité qui, quoi que l’on dise, lui a longtemps servi de parapluie. Toujours est-il que l’espoir de voir un procès se tenir entre 2024 et 2025 sur les biens présumés volés, suivi de leur restitution, devient de plus en plus grand du côté de l’Hexagone. En tous les cas, c’est un combat qui mérite d’être mené. Car, ces biens mal acquis constituent une somme colossale puisque évalués à 85 millions d’euros en France. Et ce n’est sans doute que la face visible de l’iceberg ; tant la famille Bongo pourrait avoir dissimulé d’autres biens volés dans d’autres pays à travers le monde. C’est dire si le rapatriement de cette fortune, pourrait donner un nouveau souffle à l’économie gabonaise.  Cela dit, en attendant que le général Brice Clotaire Oligui Nguema s’engage dans la traque des biens mal acquis de la famille Bongo, il faut féliciter les ONG telles que Transparency International et Sherpa qui n’ont pas hésité à déposer, en 2008, une plainte en France contre trois présidents africains et leurs entourages respectifs, en l’occurrence les familles Bongo au Gabon, Sassou-Nguesso au Congo Brazzaville et Obiang Nguema en Guinée équatoriale.  Toutes ces familles ont un dénominateur commun : la prédation des deniers publics au détriment de leurs peuples. Et tôt ou tard, chacune de ces familles devra rendre compte. En tout état de cause, si le général Brice commet l’erreur de garantir l’impunité à la famille Bongo, il confirmera non seulement les soupçons de corruption qui pèsent sur lui, mais aussi  il compromettra l’avenir du Gabon.  

 

Dabadi ZOUMBARA


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