HomeA la uneUNIVERSITES DE OUAGA ET OUAGA II : Les étudiants disent « non à une éducation au rabais »

UNIVERSITES DE OUAGA ET OUAGA II : Les étudiants disent « non à une éducation au rabais »


A l’appel de l’Union générale des étudiants burkinabè (UGEB) et de l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB), les étudiants des Universités de Ouagadougou et de Ouaga II ont battu le pavé depuis le campus jusqu’à leur ministère de tutelle pour exiger la suspension du système Licence-Master-Doctorat (LMD). Reçu par le maître des lieux, Pr Filiga Michel Sawadogo, ils ont remis leur plateforme revendicative.

 

Cela fait déjà six ans que le système LMD est instauré dans les universités publiques du Burkina. Cela, pour se conformer à la mondialisation du système éducatif dans le supérieur. Mais, dans les universités de Ouagadougou et de Ouaga II, les choses vont de mal en pis, selon les étudiants qui ont répondu à l’appel de l’Union générale des étudiants burkinabè (UGEB) et de l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB), dans la matinée du 30 avril dernier. A en croire ces derniers, beaucoup d’étudiants, après leur première ou deuxième année à l’université, jettent l’éponge. Certains élèves, après avoir obtenu le BAC, préfèrent se vouer aux concours de la fonction publique et les raisons sont diverses. Pour certains, il y a le nombre pléthorique des étudiants, les problèmes d’infrastructures liés entre autres, au manque d’amphithéâtres, de professeurs et de logistique. Dans les différentes promotions notamment en Sciences et technologies (ST), les résultats ne sont pas du tout encourageants. A titre d’exemple, en 2013, sur 2629 étudiants inscrits en Sciences de la vie et de la terre (SVT), seuls 46 étaient admis en licence 1. Au regard de ce constat, les étudiants composés majoritairement de ceux des Universités de Ouagadougou et de Ouaga II ont marché sur le ministère des Enseignements secondaire et supérieur, dans la matinée du 30 avril dernier, pour exiger la suspension pure et simple du système LMD. Cela, malgré les multiples rencontres qu’ils ont eues avec les autorités en charge des Enseignements secondaire et supérieur (MESS) qui leur ont expliqué le bien fondé de ce système pour l’éducation au Burkina. En grand nombre, ils se sont réunis très tôt dans la matinée sur le terrain Dabo Boukary, situé au sein du temple du savoir. Puis, ils ont marché sur le boulevard Charles De Gaulle, pour rejoindre l’Avenue Kwamé-N’Krumah jusqu’au rond-point des Nations-unies, avant de larguer les amarres devant leur ministère de tutelle. Dans cette masse, les pancartes hostiles au système LMD rivalisaient de ton : « Non à l’éducation au rabais ! », « LMD : Larmes-Misère-Désolation », « LMD : 6 ans sans diplôme », « Non au LMD », « Non à l’assassinat collectif des intelligentsias ». C’est dans une vive tension que les autorités en charge des Enseignements secondaire et supérieur, composés entre autres du Pr Filiga Michel Sawadogo, ministre en charge des Enseignements secondaire et supérieur, le Pr Karifa Bayo, président de l’Université de Ouagadougou, le Pr Stanislas Ouaro, président de l’Université de Ouaga II, Serge Bayala, directeur général du Centre national des œuvres universitaires (CENOU), ont reçu les étudiants avec à leur tête, Yves Ramdé, président de l’ANEB-Ouaga. Ce dernier a remis à leur ministre de tutelle leur plateforme revendicative. En recevant la plateforme, le ministre Filiga Michel Sawadogo a expliqué aux étudiants que comme d’habitude, toute l’attention sera accordée à leurs revendications. « J’en avais déjà parlé en conseil des ministres hier (NDLR : le 29 avril dernier). Il sera à nouveau saisi sur la question et à notre niveau, dans les différents services, nous ferons un point des avancées. Nous précisons que nous ne pouvons pas ici et maintenant donner satisfaction entière à cette plateforme », a-t-il fait savoir.

Des étudiants confient leurs conditions d’études

A en croire les propos de ces étudiants, ils ne demandent pas la suppression du système LMD, mais sa suspension jusqu’à ce que les conditions minimales soient réunies. « Nous ne demandons pas la suppression du système LMD. Mais, nous exigeons sa suspension jusqu’à ce que toutes les conditions soient réunies  car, actuellement, les conditions minimales ne sont pas réunies pour qu’on nous laisse dans ce système», a lâché Koana Lompo, étudiant en 2e année de droit à l’université Ouaga II. Lui, qui prend ses cours au Salon international de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO), souhaite aussi que le gouvernement ouvre les portes de l’université qu’il a construite en leur nom à la sortie de Ouagadougou, sur la route de Fada. «  Au SIAO, rien ne va. Il n’y a même pas de bonnes salles informatiques. Pourtant, avec le système LMD, le professeur donne 30% des cours et c’est à l’étudiant de faire des recherches pour compléter les 70% autres. Nous avons en permanence des problèmes de micro. Alors que sans micro, il est très difficile d’entendre ce que dit le professeur car, nous sommes très nombreux. A titre d’exemple, pour un simple micro, il nous a fallu lutter pendant deux semaines pour qu’on résolve ce problème. Parfois, les oiseaux chient sur nos papiers pendant que nous sommes en classe. On ne peut pas prendre une salle d’objets d’art et vouloir la transformer en salle de classe. Nous voulons que le gouvernement inaugure les bâtiments qu’il a fait construire au nom de l’université Ouaga II », a-t-il dit. Inoussa Bambara, étudiant en 2e année de ST, lui, s’indigne de la sortie de leur ministre le 21 avril dernier au cours de laquelle, il aurait dit que «l’ANEB pense que ses revendications sont des lois qu’il faille appliquer coûte que coûte… Si l’ANEB veut, qu’elle vienne diriger le ministère. Ainsi, on verra si elle pourra résoudre les revendications qu’on lui posera ». Pour M. Bambara, ces propos constituent un manque de respect à l’égard de l’ensemble des étudiants qui manifestent. «Nous comprenons le professeur Filiga Sawadogo. C’est parce qu’il n’a pas son enfant à l’université qu’il ne se sent pas concerné », a-t-il affirmé. Selon les informations recueillies au MESS, à la dernière rencontre avec tous les syndicats estudiantins, il y aurait une partie des étudiants qui sont contre la suspension du système LMD.  Sur la position de ces derniers, Inoussa Bambara a réagi: « Nous ne sommes pas contre ces étudiants car c’est leur position. Nous savons qui sont ces étudiants et pourquoi ils ont cette position. Mais, nous osons croire qu’un jour ou l’autre, ils vont revenir à la raison », a-t-il espéré. Il faut retenir qu’aucun blessé grave, ni de matériels saccagés n’ont été enregistrés au cours de la marche qui s’est terminée sur une note d’espoir.

Mamouda TANKOANO

 

 


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