Verdict attendu de Bemba et menace de retrait de Kinshasa de la CPI
La panique s’est emparée de la ‘’kabilie’’
La République démocratique du Congo (RDC) retient son souffle. C’est en principe, ce lundi 17 septembre, que la Cour pénale internationale (CPI) va donner son verdict dans le dossier de subornation de témoins concernant l’ancien vice-président de la RDC, Jean Pierre Bemba. Si l’attente de cette décision préoccupe tout naturellement le mis en cause, elle semble aussi préoccuper, curieusement, le pouvoir congolais. En effet, le samedi 15 septembre dernier, le gouvernement congolais, à travers un communiqué signé du ministère des Affaires étrangères, faisait savoir que « plusieurs indices concordants, en sa possession, indiquent que certains gouvernements exerceraient des pressions sur les juges de la CPI ». Et en lisant entre les lignes dudit communiqué, il apparaît très clairement que le régime congolais redoute assez fort un acquittement de Jean Pierre Bemba. Ce qui va relancer le débat sur sa candidature à la présidentielle du 23 décembre prochain d’autant que la Commission électorale et la Cour constitutionnelle ont rejeté la candidature de cet opposant farouche au président Joseph Kabila en se fondant sur cette condamnation de la CPI.
Kabila est train de faire feu de tout bois pour transmettre le pouvoir à son dauphin
Quand on sait que la galaxie Kabila est à la manœuvre pour empêcher le leader du Mouvement de libération du Congo (MLC) d’aller à la conquête du fauteuil présidentiel, la menace de Kinshasa de se retirer de la CPI, apparaît comme une panique qui s’est emparée de la ‘’kabilie’’. C’est dire si le gouvernement congolais aura l’oreille bien tendue, aujourd’hui, du côté de La Haye, siège de la CPI.
Cela dit, c’est tout de même curieux que le régime congolais qui a applaudi des deux mains l’arrestation et l’inculpation de Jean Pierre Bemba en son temps, et qui a aussi contribué à la poursuite par la CPI, de Germain Katanga et Thomas Lubanga, pour ne citer que ces deux, se retrouve aujourd’hui à remettre en cause la crédibilité de cette Cour. On le sait, si Jean Pierre Bemba réussit à se mettre dans les starting-blocks pour la course présidentielle, s’il venait à être acquitté, tout porte à croire qu’il sera le super favori. Alors que le président Kabila est train de faire feu de tout bois pour transmettre le pouvoir à son dauphin, Emmanuel Ramazani Shadary. Et pour une assurance sans risques, il s’emploie à tout pour exclure les poids lourds comme Bemba et Moïse Katumbi. Et ce, à travers des artifices juridiques. C’est dire que même si la décision de la CPI est en faveur de Jean Pierre Bemba, le plus dur pour lui sera de déjouer le plan d’exclusion bien élaboré par le régime en place.
Drissa TRAORE