HomeA la uneVICTORIEN TOUGOUMA A PROPOS DE LA CRISE A L’ARRONDISSEMENT 3 : « Si on doit passer le temps à faire tomber ceux qui ont été élus, il faut que Roch commence à avoir peur »

VICTORIEN TOUGOUMA A PROPOS DE LA CRISE A L’ARRONDISSEMENT 3 : « Si on doit passer le temps à faire tomber ceux qui ont été élus, il faut que Roch commence à avoir peur »


Face à la crise qui sévit actuellement à l’arrondissement 3 de Ouagadougou, le Chef de file de l’Opposition politique (CFOP) s’y est rendu hier, 12 avril 2017, pour témoigner de son soutien à madame le maire dudit arrondissement, Raïnatou Ouédraogo/Sawadogo.

Zéphirin Diabré, président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), Léonce Koné, représentant le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Victorien Tougouma, président du Mouvement africain du peuple (MAP), Amadou Diemdioda Dicko de la Convention des forces démocratiques (CFDB) et Franck Sankara, président du parti des Patriotes unis pour le changement (PUC) ; ce sont là, entre autres, les responsables des partis politiques de l’Opposition politique qui sont allés, le 12 avril dernier, rendre visite à madame le maire de l’arrondissement 3 de Ouagadougou, Raïnatou Ouédraogo/Sawadogo. Selon Zéphirin Diabré qui a conduit la délégation, l’objectif de cette visite est d’apporter le soutien indéfectible du Chef de file de l’opposition politique (CFOP) à madame le maire et à l’ensemble des autres conseillers municipaux qui sont restés à ses côtés depuis le début de la crise à laquelle elle fait face dans son arrondissement. Ce fut également une aubaine pour le CFOP, de dénoncer ce qu’ils ont appelé « complot ourdi » par le parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et certains de « ses sbires » pour  déstabiliser  la mairie de l’arrondissement 3 de Ouagadougou. Zèph et ses camarades ont aussi déploré l’attitude de certains de leurs camarades politiques qui, ont-ils fait savoir, ont choisi le « mauvais chemin ».

« C’est dommage pour notre pays, que ceux qui sont à sa tête aujourd’hui soient les premiers à faire preuve d’incivisme »

Tout en remerciant les populations pour leur soutien au maire Raïnatou Ouédraogo, Zèph les a rassurées que le CFOP restera vigilant et fera en sorte que les voies et moyens puissent être trouvés pour sortir l’arrondissement 3 de cet imbroglio politique. C’est dans la salle des fêtes de la mairie que s’est tenue la rencontre des représentants du CFOP avec les populations. Cette rencontre avait l’air d’un meeting, car la cour de la mairie était bondée de militants des partis politiques de l’opposition. Après l’intervention du CFOP, Zéphirin Diabré, la parole a été donnée aux responsables des partis politiques présents. Traduisant le soutien de son parti à madame le maire de l’arrondissement 3, Léonce Koné, représentant le CDP, a salué non seulement le courage dont celle-ci a fait preuve, mais aussi l’engagement et la détermination des conseillers municipaux qui sont restés à ses côtés depuis le début de la crise. «C’est dommage pour notre pays, que ceux qui sont à sa tête aujourd’hui soient les premiers à faire preuve d’incivisme (…). Les élections ont eu lieu. Quels que soient les résultats, surtout que ces résultats leur ont été défavorables, ils auraient dû s’employer à faire en sorte que les choses soient gérées tranquillement, comme dans une vraie démocratie, comme dans une République. Si ce n’est pas le cas, je crois qu’ils manquent à leur responsabilité. C’est pour cela que je suis heureux de vous dire, Madame le maire, que vous avez tout notre soutien », a-t-il soutenu. A la suite de Léonce Koné, la parole a été donnée au président du MAP, Victorien Tougouma, par ailleurs maire de Bagaré dans le Passoré. Seul maire de la région du Nord de toute l’Opposition politique, comme il l’a lui-même souligné, ce dernier s’est exprimé en ces termes : « Le pouvoir en démocratie appartient aux citoyens et nous sommes heureux de voir les populations sortir nombreuses (…). Nous, nous sommes des élus, des serviteurs de la population parce que nous avons voulu être là-bas et on nous a choisis pour le développement. Donc, une fois que vous êtes élu, c’est le développement qui doit être votre problème et pas la bagarre. Car, pendant la campagne électorale, on ne dit pas au peuple qu’on vient pour faire la bagarre ou encore pour le sous-développement. Sinon, on n’allait même pas vous retenir sur la liste », a-t-il indiqué. Et les militants dans la salle de répondre en chœur : « C’est vrai ! ». Donc, a poursuivi Victorien Tougouma, en tant que conseiller vous êtes celui qui est plus proche des populations que les députés car eux, ils votent les lois, mais ce sont les conseillers qui les traduisent sur le terrain. « Ce n’est pas normal qu’au moment où on est en train de sortir plus d’1 milliard de F CFA pour reprendre les élections, le même pouvoir travaille encore à faire sortir une municipalité. Donc, ce n’est pas la peine de reprendre les élections », a-t-il lancé à l’assistance. « C’est clair !», a clamé un militant dans la salle. A moins qu’il y ait, a renchéri victorien Tougouma, un déni de démocratie. « Je voudrais être court (…). J’étais candidat en 2015 et je disais que Roch ne devrait pas être candidat. Mais ça, c’est le passé. Il a été élu et on l’a tous félicité. Si on doit passer le temps à faire tomber ceux qui ont été élus, il faut que Roch commence à avoir peur ; ou bien ? », a-t-il insisté. « Oui », répond la salle. Donc, ce n’est pas cela la démocratie, a expliqué le président du MAP. « Nous, nous sommes des républicains. On travaille à critiquer pour qu’on avance (….). Nous avons aussi des intérêts dans ce quartier. Car si cet arrondissement tombe, d‘autres vont tomber aussi. Cet arrondissement est le plus peuplé de Ouagadougou. Cela fait mal à beaucoup de l’avoir perdu. Donc, ils ne dorment pas. Mais c’est la démocratie (…). Celui qui ne peut pas travailler pour le peuple, qu’il parte se reposer quelque part (…). Il y a leur patron qui est actuellement en Côte d’Ivoire, bon Léonce excuse-moi, ils peuvent prendre le même chemin. Ou bien ? », s’interroge Victorien Tougouma. « C’est ça », a retenti dans la salle, avec des tonnerres d’applaudissements. «Je suis sûr que si vous restez mobilisés, les autres vont reculer », a lancé Victorien Tougouma à ses interlocuteurs. Et dans la salle, on pouvait entendre : « Blaise Compaoré au pouvoir ! Blaise Compaoré au pouvoir ! ». Et il n’en fallait pas plus pour susciter la réaction de Zéphirin Diabré : « Vous n’avez pas dit Zéphirin Diabré. Au lieu de m’appeler, vous appeler le nom de Blaise Compaoré. Ou bien ? », s’est-il adressé aux militants des partis politiques de l’opposition qui ont fini par aller dans le même sens que lui : « Zéphirin, président! Zéphirin, président !».

« Vous destituer serait un totem que le MPP aurait franchi et cela signifie leur mort »

Après Victorien Tougouma, le président du parti des Patriotes unis pour le changement (PUC), Franck Sankara a pris la parole. Celui-ci dit être venu soutenir le plus jeune maire de la Commune de Ouagadougou. « Madame le maire, vous êtes l’incarnation de la femme burkinabè et vous destituer, serait une honte pour toutes les femmes du Burkina. Votre élection à la tête de cette mairie fait honneur à toutes les femmes du Burkina. Vous êtes jeune et incarnez la jeunesse du Burkina Faso (…). Vous avez le soutien de tout le CFOP et vous destituer serait un totem que le MPP aurait franchi et cela signifie leur mort. Nous nous battrons comme il le faut pour que vous puissiez terminer votre mandat », a-t-il dit. Très touchée par l’accompagnement du CFOP, madame le maire Raïnatou Ouédraogo a salué l’engagement du CFOP qui témoigne, à son avis, de l’esprit de solidarité qui règne au sein des partis politiques de l’opposition. Il faut noter que c’est depuis début avril qu’un groupe de députés a adressé une motion de défiance à Raïnatou Ouédraogo. Les conseillers mécontents reprochent, entre autres, à dame Raïnatou Ouédraogo, une « opacité dans la gestion », et un « mauvais management » de l’arrondissement. Les reproches ont trait également à la gestion des recrutements et du carburant, des matières pour lesquelles madame le maire se serait rendue coupable de « mauvaise gestion ». Malgré la marche tenue par une partie de la population de cet arrondissement le 3 avril dernier, suivie de la conférence de presse que la concernée a animée le 7 avril, les conseillers mécontents tiennent mordicus à leur motion.

Mamouda TANKOANO

 


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