VIOL COLLECTIF D’UNE LYCEENNE AU TCHAD : ça tombe mal pour Deby  

 

Depuis le 15 février dernier, une tempête scolaire secoue le lac Tchad. La raison, le viol collectif d’une lycéenne par des fils de dignitaires du régime de Idriss Deby Itno. Bien que cet acte ignoble soit un sujet tabou au Tchad, sa publication sur les réseaux sociaux par ses auteurs, a poussé des scolaires et des membres d’Organisations de la société civile à battre le macadam pour exprimer leur indignation et réclamer justice. Hélas, cette manifestation a été réprimée dans le sang car elle aura laissé sur le carreau un mort. Un comportement des forces de l’ordre tout aussi condamnable que le viol, mais qui ne surprend guère.  En effet, depuis son accession à la souveraineté nationale et internationale, le Tchad a du mal à porter la camisole de la démocratie. Si ce n’est pas un opposant qui disparaît comme le cas de Mahamat Saleh, c’est un dignitaire qui est épinglé pour cas de détournement de deniers publics, ou l’armée qui est accusée d’exactions à l’endroit des populations comme ce fut récemment le cas en Centrafrique.  Certes, Idriss Deby Itno a condamné l’acte et promis de rendre justice à la  victime, mais on se demande s’il est vraiment sincère.  Et on a des raisons d’en douter. D’abord, il a fallu qu’il y ait une manifestation pour que le président tchadien sorte du bois. Ensuite, il a fallu que la manifestation dégénère pour que le procureur ordonne l’interpellation de 5 individus sur 9 recherchés. En tout cas, on ne serait pas surpris que cette affaire soit classée sans suite comme bien d’autres. Si les violeurs ont eu l’outrecuidance de publier la scène de leur forfaiture sur des réseaux sociaux, c’est parce qu’ils savent qu’ils n’ont rien à craindre. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette affaire révèle un autre visage du régime de Idriss Deby Itno. Elle prouve qu’en dépit de la notoriété de l’armée du Tchad qui force l’admiration à l’extérieur, ce pays baigne dans une totale impunité.

En Afrique, il est généralement difficile de traiter comme il se doit les affaires relatives au viol

En vérité, ce qui se passe aujourd’hui au Tchad ressemble fort à ce que l’on a connu sous le régime de Blaise Compaoré au Burkina Faso où des fils de dignitaires, disposant d’énormes quantités d’argent, se livraient à des actes inimaginables. Et ce sont tous ces actes répréhensibles sur lesquels le dictateur  fermait les yeux qui auront contribué à le chasser de son palais. Cela dit, Deby est averti. Et il aurait tort de prendre à la légère cette affaire qui, du reste, peut lui péter au visage comme une bombe. S’il a réussi à rendre ses opposants inoffensifs comme des lions édentés, cela n’est pas le cas pour les scolaires dont la détermination peut lui créer bien des soucis.  Idriss Deby Itno est d’autant plus mal barré que cette affaire intervient à moins de trois mois de la présidentielle à laquelle il est candidat à sa propre succession. Et il n’est pas exclu que certains de ses adversaires récupèrent cette affaire ou en fassent un thème de campagne. En tout état de cause, s’il ne veut pas laisser des plumes dans cette affaire, il doit sanctionner les violeurs à la hauteur de leur péché afin que cela serve d’exemple à tous ceux qui auront envie de satisfaire leur libido sur des jeunes filles sans leur consentement. C’est à ce prix que le maître de N’djamena pourra éteindre le volcan scolaire qui est déjà en activité. C’est vrai qu’en Afrique, il est généralement difficile de traiter comme il se doit les affaires relatives au viol, au regard des pesanteurs socioculturelles. Mais ce viol collectif et la diffusion de la scène sur la toile frisent tellement le sadisme qu’il mérite d’être sanctionné pour l’exemple.

Dabadi ZOUMBARA