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VIOLENCE MILITAIRE A PO


Agonisante, puis transportée au cimetière, la morale a-t-elle finalement été enterrée au Burkina? Cette question mérite d’être posée au regard de ce qui s’est passé dans la nuit du 11 au 12 octobre 2021, à Pô, dans la région du Centre-Sud. En tout cas, pour moi, le fou, la réponse est bel et bien oui. Bastonner de pauvres civils pour une affaire de fesses, en ce XXIe siècle, signifie que la morale est tombée trop bas au pays des Hommes intègres. Du reste, méritons-nous toujours cette appellation ? Bien malin qui saurait répondre à cette question. Mais une chose est évidente, la violence militaire qui s’est dernièrement abattue sur d’innocents civils dont nombreux ignoraient les tenants et les aboutissants du différend qui opposait un militaire à un civil, prouve, à souhait, que la Grande muette n’échappe pas à l’affaissement de la morale dans  la société burkinabè. Il y a lieu donc de s’inquiéter. En tout cas, si ceux qui sont chargés de défendre l’intégrité du territoire national, en viennent, pour certains, à fouler aux pieds les règles élémentaires à savoir la discipline qui a toujours constitué la force de l’Armée, c’est que le pays va mal.  Il y a d’autant plus péril en la demeure que le Burkina Faso vit une insécurité sans précédent. Ce n’est pas parce qu’on est muni d’une arme à feu qu’on a droit de vie et de mort sur les non-porteurs d’armes. Heureusement que cette expédition punitive sanglante n’est que l’œuvre d’un groupuscule de soldats que l’on pourrait qualifier de brebis galeuses. Mais au regard de la gravité de leurs actes qui pourraient ternir l’image de notre Armée, la hiérarchie militaire doit sanctionner pour l’exemple. Il y va de l’apaisement du climat social à Pô et de la bonne collaboration entre civils et FDS. Cela dit, il ne faut pas se voiler la face.

 

 

Il faut travailler à éviter que la renommée de cette Garnison ne prenne un coup

 

 

Les pratiques de cette nature au sein des armées, datent de Mathusalem. Les exemples sont légion, à l’échelle du pays. Mais si cette affaire a encore suscité une levée de boucliers, c’est parce que le contexte actuel de guerre contre l’hydre terroriste, ne milite pas en faveur de tels comportements. Ce groupe de militaires aurait agi ainsi au front, face à des terroristes, que personne n’aurait trouvé à redire. Il aurait été, sans nul doute, couvert de mots glorieux. Le Burkina, et c’est peu de le dire, a besoin de soldats disciplinés pour traquer l’hydre terroriste et non d’hommes en treillis qui déversent leur colère sur de pauvres populations qui ne demandent qu’à être protégées. Cela dit, cette vendetta militaire doit pousser plus d’un Burkinabè à s’interroger sur l’efficacité des enquêtes de moralité qui sont faites avant l’incorporation de chaque nouvelle recrue dans l’armée. Courtiser la femme d’autrui est déjà un acte condamnable et rouer l’époux de coups parce qu’il a défendu ce qu’il considère comme sa moitié, c’est commettre un double péché. L’acte est d’autant plus à déplorer que les auteurs de cette folle bastonnade, sont issus de la garnison de Pô, un centre de formation militaire de référence. C’est dire s’il faut travailler à éviter que la renommée de cette Garnison ne prenne un coup. Car, comme le dit l’adage, « un seul âne a mangé la farine et tous   ont le museau enfariné ».  C’est pourquoi il faudra se garder de prendre des sanctions cosmétiques. Le Procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Pô, qui a promis de situer toutes les responsabilités, ne doit pas faire dans la dentelle. Il ne serait pas superfétatoire de rappeler que sous d’autres cieux, plus précisément en Côte d’Ivoire, des sanctions disciplinaires avaient été prises, contraignant des soldats à marcher d’Abidjan à Yamoussoukro. Certes, même fou, je ne demande pas au juge de leur infliger une telle sanction. Mais il doit avoir la main lourde de manière à restaurer entièrement la confiance entre civils et militaires.

 

« Le Fou »

 


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