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VOLATILITE DE LA SITUATION NATIONALE


Depuis l’attaque, le 14 novembre dernier, du détachement de la gendarmerie à Inata, qui a fait plus d’une cinquantaine de morts  et dont le bilan ne cesse de s’alourdir, la situation nationale est devenue très volatile du fait de la profondeur de la douleur ressentie par les Burkinabè quant aux circonstances de ce carnage. Une douleur immense doublée d’une colère sourde et légitime, face à cette énième attaque meurtrière contre nos Forces de défense et de sécurité (FDS), qui apparaît, à bien des égards, comme la goutte d’eau qui est en train de faire déborder le vase de la résilience des Burkinabè. Dans ces conditions, le blocage du convoi militaire de l’armée française en transit dans le pays, apparaît comme un exutoire pour des populations civiles excédées par ces attaques meurtrières à répétition et qui ne savent plus à quel… protecteur se vouer. Mais les Burkinabè ne doivent pas se tromper d’ennemi. Mieux, en ces moments difficiles pour la Nation entière, il faut savoir faire preuve de discernement. Car, pour sûr, l’attaque d’Inata marquera à jamais un tournant dans la lutte contre le terrorisme au Burkina.

 

 

Après l’uppercut d’Inata, tout porte à croire que l’ennemi ne nous laissera pas de répit et cherchera à nous envoyer au tapis

 

 

Aussi bien pour le pays, que pour le régime du président Roch Marc Christian Kaboré qui se trouve confronté à la véritable première épreuve qui interroge sur son avenir. En attendant, il est impératif de vite se ressaisir. A commencer par le chef de l’Etat lui-même qui doit montrer qu’il a pris la pleine mesure de la gravité du message de colère et de détresse de ses compatriotes, en se secouant et en secouant vigoureusement le cocotier. Car, comme disait un homme politique français, « on ne peut pas gouverner innocemment ». Il faut parfois mettre la main dans le cambouis, jusqu’à l’épaule, quand la situation le commande. Ensuite, les Forces de défense et de sécurité doivent rester en alerte maximale car, après l’uppercut d’Inata, tout porte à croire que l’ennemi ne nous laissera pas de répit et cherchera au contraire à nous envoyer au tapis. En témoigne l’attaque du camp de Foubé dans la foulée, qui a fait une vingtaine de victimes civiles et militaires au moment où le pays s’apprêtait à porter en terre les premiers gendarmes tombés à Inata. Enfin, il est impératif pour l’ensemble des Burkinabè de se ressaisir, après les appels à la démission qui peuvent être lus comme autant de signaux d’alerte et d’invitation au réveil du président Kaboré. A la vérité, l’enfant de Tuiré est aujourd’hui plus à plaindre qu’à envier. Lui qui ne cesse de voir les tuiles s’accumuler sur sa tête.  Et il est émouvant de voir cette sorte de solitude du pouvoir dans laquelle il se retrouve au moment où il a pourtant le plus besoin d’éclairages et de soutiens. En effet, malgré la foultitude des partis de la majorité, plus de cent, à l’exception de l’UNIR/MPS de Me Sankara, ils sont à peine audibles sur la question. C’est dire combien le président Kaboré peut se sentir aujourd’hui véritablement seul face à son propre destin. Même si ce qui lui arrive, ne devrait pas surprendre.

 

 

Il faut éviter d’en rajouter à la situation de tension actuelle

 

 

Car, son manque maintes fois répétées de fermeté, a pu aussi faire le lit de l’incurie et du laisser-aller général constaté dans la gestion des affaires publiques. Il lui appartient alors de trouver les ressorts nécessaires pour reprendre résolument la main et réaffirmer son leadership aux yeux de ses compatriotes. Cela passe par la prise de mesures fortes et courageuses. Pour sûr, il doit faire le grand ménage dans ses écuries, en ayant  à cœur la question de la bonne gouvernance.  En attendant, l’heure doit être à la vigilance accrue et à l’union sacrée pour sauver la Nation en péril et éviter de faire le jeu de l’ennemi qui ne demande qu’à profiter des failles de nos  dissensions internes pour porter ses coups mortels. C’est dire s’il faut éviter d’en rajouter à la situation de tension actuelle consécutive à la crise sécuritaire majeure que nous vivons aujourd’hui. Toute chose qui, en plus de nous fragiliser davantage face à l’ennemi commun dans les conditions actuelles, ne pourrait que  faire plus de mal que de bien à notre jeune démocratie. Une situation qui n’empêche pas de rappeler aux tenants actuels du pouvoir, leur part de responsabilité et d’échec dans la situation actuelle du pays qui se retrouve une fois de plus, à la croisée des chemins.  En tout état de cause, en attendant de tirer de cette situation, toutes les leçons humaines, politiques et sociales qui s’imposent, le moins que le locataire du palais de Kosyam puisse faire, c’est de saisir l’opportunité du massacre d’Inata pour corriger les dysfonctionnement criards de la Grande muette que ce drame a permis de révéler.  Et travailler à mettre les Forces de défense et de sécurité (FDS) dans les conditions les meilleures pour relever le défi du péril terroriste. Cela est une condition sine qua non au retour du moral, de la confiance et de la sérénité au sein de cette troupe qui permet au pays de tenir encore debout. C’est aussi à ce prix qu’il pourrait reconquérir la confiance de ceux de ses compatriotes qui réclament à cor et à cri, son départ hic et nunc du pouvoir. Autrement, un autre Inata pourrait être fatal à son régime, et c’est peu dire.

 

« Le Pays »

 

 

 

 

 


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