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VOTE D’UNE LOI ANTIRACISTE EN TUNISIE


 Béji Caïd Essebsi attendu sur le terrain de l’application

Le pays d’Habib Bourguiba a adopté, le 9 octobre dernier, une loi antiraciste qui prévoit des peines de six mois de prison et des amendes allant de 500 à 1 000 dinars tunisiens à l’encontre des auteurs d’actes et de propos racistes. Cette loi qui a été adoptée par l’écrasante majorité  des élus  du peuple tunisien, est à saluer à sa juste valeur. Car, on le sait, en dépit de sa grande ouverture au monde, la Tunisie présente sur son visage ce chancre odieux qu’est le racisme. Sans lui jeter trop de fleurs, on peut dire que le président Béji Caïd Essebsi, en prenant une telle décision dans un pays où le racisme a pignon sur rue, a fait preuve d’audace. Du reste, on n’exagérerait pas en affirmant qu’il marche sur les pas d’Habib Bourguiba, le père de la Nation qui s’était illustré par la prise de décisions audacieuses et progressistes portant notamment sur les femmes. Le président Essebsi a d’autant vu juste en faisant voter cette loi, qu’elle pourrait redorer davantage l’image de son pays dans le concert des nations. Car, en Tunisie comme dans la plupart des pays du Maghreb, bien des jeunes Africains au sud du Sahara vivent un enfer, du fait du racisme.  Dieu seul sait le calvaire que ces jeunes  du continent noir ont vécu dans leur chair et dans leur âme. Ceux qui sont victimes de jets de pierres doivent se considérer plus chanceux. Car, d’autres ont été passés à tabac, sans autre forme de procès. Certains jeunes au sud du Sahara continuent de subir les lazzis et quolibets des Tunisiens s’ils ne vivent pas pire.  Et leur seul crime, c’est d’avoir la peau noire. Il est temps de mettre fin à cette marginalisation des Africains par des Africains.

Il urge de bannir tous les comportements tendant à dévaloriser la peau noire

Cela est d’autant plus nécessaire qu’il y va de la qualité du vivre-ensemble. Certes, on ne peut, d’un coup de baquette magique, mettre un terme au phénomène du racisme  car, comme on le dit, l’habitude est une seconde nature. Autrement dit, il est difficile d’abandonner du jour au lendemain des pratiques qui datent de Mathusalem. Mais il est impérieux d’y travailler. Le peuple tunisien, notamment sa frange jeune, doit être sensibilisé. C’est une nécessité absolue car, les jeunes ne doivent pas reproduire les mêmes erreurs que leurs ascendants. La Tunisie ne saurait avoir de relations humaines solides avec le reste du monde et plus particulièrement avec les pays africains au sud du Sahara, si ces pratiques dégradantes perdurent. Et le président Essebsi semble l’avoir compris en adoptant cette loi criminalisant le racisme. En le faisant, il marque un grand coup, puisque son pays est désormais le premier dans le monde arabe, à adopter une telle loi. Toutefois, le pouvoir Essebsi doit veiller au grain. Car, une chose est de voter une loi et une autre est d’œuvrer à son application. Et en la matière, l’on ne peut jurer la main sur le cœur que la loi votée sera appliquée à la lettre. L’on attend de voir. En tous les cas, Essebsi est attendu au pied du mur, c’est-à-dire sur le terrain de l’application. Et tout le mal que l’on puisse lui souhaiter, c’est de réussir  à  faire retourner les djinns du racisme dans leur bouteille. Il faut souhaiter que les autres pays arabes, notamment l’Algérie et la Libye où les Noirs Africains sont traités comme des esclaves voire des animaux, emboîtent le pas à la Tunisie. Il faut le dire, ces pays ont aussi besoin de soigner leur image dans leurs relations avec les Africains Noirs de passage ou établis sur leur sol.

Toutefois, il convient de souligner que ce racisme n’est pas étranger à la colonisation. Le fait que la peau du colon soit blanche, a, quelque peu, contribué à créer un mythe dans l’imaginaire de nombreux Africains de l’époque : le mythe de la peau blanche. Mais hélas, ce mythe est entretenu jusqu’aujourd’hui car même les femmes à la peau claire sont plus prisées par certains Africains. Et quid de ceux et celles qui n’hésitent pas à se dépigmenter ! Tous ces actes ne font que renforcer les racistes dans leur complexe  de supériorité. Il urge donc de bannir la dépigmentation et tous les comportements tendant à dévaloriser la peau noire.

Dabadi ZOUMBARA


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