HomeRencontreBANDJOUGOU DIAWARA, CHEF DE LA CONFRERIE DOZO DES CASCADES  : « C’est sur fond de crise que j’ai pris les rênes de la confrérie »  

BANDJOUGOU DIAWARA, CHEF DE LA CONFRERIE DOZO DES CASCADES  : « C’est sur fond de crise que j’ai pris les rênes de la confrérie »  


Le nouveau chef de la confrérie Dôzô, entendez par là les chasseurs organisés autour de la tradition, est un jeune âgé d’à peine 40 ans. Il a été porté à la tête de la confrérie à l’issue d’une crise qui a secoué la troupe et avait braqué les hommes contre leur ex-chef, Drissa, plus connu sous le nom Dafing Drissa. Quelque temps après son intronisation intervenue à Banfora, nous l’avons rencontré pour mieux comprendre la crise.

 

« Le pays » : Pouvez-vous nous rappeler le jour de votre intronisation ?

 

Bandjougou Diawara : J’ai été porté à la tête de la confrérie Dôzô des Cascades, il y a à peine un mois. C’était exactement le 21 septembre 2014 alors que les membres de la confrérie venus des quatre coins de la région se sont retrouvés à Banfora pour mettre en place un nouveau régime.

 

Vous parlez de nouveau régime. Est-ce à dire qu’il y a un ancien régime ?

 

Tout à fait, un ancien ordre a bel et bien existé. Mais après un long moment d’observation et de réflexion, nous nous sommes rendu compte que les actions de ce régime étaient contraires aux principes et coutumes de la confrérie. Nous ne pouvions pas continuer sur cette voie. C’est pourquoi, de concert avec les sages qui n’ont pas voulu monnayer leur intégrité, nous nous sommes assis pour réparer les différents torts que la confrérie a commis et subis. Ce faisant, nous avons écarté tous ceux qui étaient aux affaires et qui se sont rendus coupables de fautes graves. A leur tête, se trouvait justement l’ancien chef de la confrérie.

 

C’est ainsi donc que vous êtes arrivé aux commandes ?

 

Tout à fait. Et mon mandat vise à redonner à notre confrérie ses lettres de noblesse. Quand on parle de Dôzô, on parle d’intégrité, de courage, de don de soi pour la cause des autres. Ces qualités qui caractérisent notre armée et nos forces de sécurité sont également de mise au sein des confréries Dôzôs.

 

Ne vous sentez-vous pas trop jeune pour assumer une telle charge ?

 

Nos sages ont coutume de dire qu’il n’y a pas d’enfant. Ils disent aussi que ce n’est pas le nombre d’années qui fait la sagesse, mais plutôt l’esprit et l’expérience. Une première fois, j’ai refusé d’assumer ce rôle. C’est ce qui a d’ailleurs valu à Dafing Drissa d’être désigné comme chef il y a quelques années. Ce n’est pas pour me jeter des roses, mais jamais les Dôzôs des deux provinces que sont la Comoé et la Léraba ne se sont unis pour former une seule confrérie. C’est avec moi que cela est en train d’arriver. C’est dire que je suis certes jeune, mais j’ai un certain nombre d’atouts, toute chose qui milite en ma faveur.

 

Que reprochez-vous à votre prédécesseur ?

 

Il y a plein de griefs que la confrérie lui fait. La confrérie était devenue pour lui un fond d’enrichissement personnel. Je le disais tantôt, la confrérie Dôzô est à l’image de l’armée. Tout comme elle, nous ne devons pas nous mêler de certaines choses notamment politiques. Nous devons venir en appui aux forces de défense et de sécurité lorsqu’ils sont face à des situations irrationnelles pour sécuriser les populations. C’est cela même le sens de notre existence. Mais de nos jours, de mauvais esprits, parce qu’ils sont munis de poudres noires, de quelques amulettes et autres queues d’animaux, se font passer pour des Dôzôs. Ceux-là sont à bannir de la confrérie car ils ne nous honorent pas.

 

Quels sont les changements et innovations que vous comptez apporter ?

 

Depuis le 21 septembre 2014, notre confrérie porte le nom de confrérie Badenya des dôzôs des Cascades. C’est dire que la cohésion, la solidarité et le respect de nos mœurs seront désormais les maîtres-mots qui guideront les membres. Nous souhaitons étendre la traditionnelle collaboration avec les agents des eaux et forêts, à la Police nationale et à la Gendarmerie.  Nous allons aussi et surtout renforcer la lutte contre le braconnage et œuvrer pour la préservation de la diversité biologique. C’est pourquoi nous attendons des autorités de ce pays un accompagnement conséquent dans la reconversion des Dôzôs. Si elles (les autorités) collaborent franchement avec nous, nous pouvons leur être d’une grande utilité car il y a plein de choses que nous connaissons dans nos localités, mais que les forces de l’ordre ignorent par moment.

 

Mamoudou TRAORE

 


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