HomeA la uneDEMISSION DE ADAMA SAGNON : Le passé vous rattrapera toujours, pour votre bien ou votre mal

DEMISSION DE ADAMA SAGNON : Le passé vous rattrapera toujours, pour votre bien ou votre mal


Décidément, rien ne sera plus comme avant au Burkina Faso. Les autorités intérimaires qui l’ont clamé haut et fort, étaient peut-être loin de s’imaginer qu’elles-mêmes  seraient si rapidement mises à l’épreuve sur le terrain.

En tout cas, soixante-douze heures après sa formation, le gouvernement de transition du Premier ministre Yacouba Isaac Zida a connu sa première démission, suite à une vive contestation de la rue.  Le peuple burkinabè  qui a pris conscience et qui veut surtout définitivement tourner la page Compaoré, est désormais regardant sur le profil des hommes appelés à conduire sa destinée.

C’est pour cela que dès la formation du gouvernement, la nomination de Adama Sagnon au poste de ministre de la Culture et du tourisme, a été vivement contestée, en raison du rôle de procureur   que ce dernier a joué dans le  dossier Norbert Zongo et surtout du non-lieu qui a été prononcé par la Justice sous son magistère. Son passé, dans cette précédente affaire, l’aura finalement rattrapé.

Adama Sagnon paye ses accointances supposées ou réelles avec le clan Compaoré

Aussi pour son baptême de feu à la primature, le Premier ministre de transition Yacouba Isaac Zida était-il confronté à un sérieux dilemme entre le devoir et l’amitié. En effet, la nomination de son ami   d’enfance, Adama Sagnon, dans le gouvernement de transition, n’a jamais connu l’assentiment de l’opinion nationale. Au contraire, elle continuait à faire des vagues   au sein de certaines populations. La   pilule ne passait pas, et les contestataires ont clairement fait comprendre que Adama Sagnon était tout simplement indésirable au ministère de la Culture et du Tourisme. Toutefois, à y regarder de près, c’est plus sa présence au gouvernement qu’au département spécifique  de la Culture et du tourisme qui posait problème. Et cela, en raison du jugement que l’opinion nationale s’est faite sur son rôle dans le traitement de l’affaire Norbert Zongo. Pour le Burkinabè lambda, Adama Sagnon est comptable, au même titre que tous les autres acteurs majeurs  de la Justice qui ont eu à juger l’affaire Norbert Zongo, d’avoir œuvré à ce que le droit ne soit pas dit, aux fins de couvrir le clan Compaoré sur qui pesaient tous les soupçons. Et cela, le peuple ne l’a pas digéré et surtout, ne l’a pas oublié. Certaines mauvaises langues avancent même que de cette affaire, lui et certains de ses collaborateurs de l’époque, auraient tiré d’énormes dividendes. Adama Sagnon paye ainsi ses accointances supposées ou réelles avec le clan Compaoré.

Sa démission, somme toute logique, était du reste attendue, car ses explications, loin de convaincre les populations, contribuaient plutôt à jeter de l’huile sur le feu. Car, d’aucuns trouvaient qu’elles n’étaient pas empreintes de modestie encore moins de sincérité. En outre, cette démission vient enlever une bien mauvaise épine du pied de Zida.

A présent,  Adama Sagnon doit se convaincre que dans cette révolution burkinabè, il n’est pas du bon côté de l’histoire. Car l’affaire Norbert Zongo lui colle à la peau, comme à celle de certains de ses camarades, considérés à tort ou à raison comme des acteurs essentiels qui se sont mis au service des puissants d’alors pour noyer le dossier. Or, ils auraient pu faire montre de courage, de sorte à faire pencher la balance du côté de la vérité.

Par ailleurs, étant donné que l’arrivée de Sagnon au gouvernement semblait tenir plus de son amitié avec le Premier ministre que de toute autre raison objective, ce dernier se trouvait dans une situation où le peuple attendait de voir ce qu’il allait faire. Finalement, à la mi-journée du mardi  25 novembre 2014, Adama Sagnon a remis sa lettre de démission au Premier ministre qui l’a tout naturellement acceptée pour l’avoir sans doute suscitée. Car Zida qui tient à être en phase avec les aspirations du peuple, n’avait aucun intérêt à maintenir Adama Sagnon au gouvernement, fût-il un ami. Cela aurait pu être vu comme un passage en force qui n’aurait pas contribué à arranger les choses. Le bon sens a donc prévalu. Cela a été une décision sage, car l’on imagine aisément l’ambiance délétère qui aurait prévalu dans son ministère, avec toutes ces voix qui se sont élevées pour dénoncer cette nomination. Et puis, Adama Sagnon aurait pu être animé du désir de régler les comptes de ceux-là qui se sont ouvertement prononcés contre sa nomination ; de même que ces derniers auraient, naturellement, tout fait pour mettre des bâtons dans ses roues. Cela aurait été, sans nul doute, la voie tracée pour un échec assuré de son action, avant même que celle-ci n’ait commencé.

Dans la vie, chaque homme    doit apprendre à s’assumer pleinement

Dans le contexte actuel, il est important de rester attaché à l’esprit de la révolution du 30 octobre. Le peuple burkinabè, dans sa grande majorité, a souffert du système Compaoré, marqué essentiellement par l’injustice, le népotisme, le clanisme, le copinage, etc. Toutes choses dont le vaillant   peuple a voulu se libérer. Il ne comprendrait donc pas que les autorités intérimaires tombent dans ces mêmes travers.  C’est pourquoi le peuple attendait de voir si Zida ferait une entorse à l’esprit de cette révolution en faisant le choix d’un individu, d’un ami, au détriment des aspirations du peuple.

Assurément, Zida était dans une position difficile. Car, agir tout de suite, en démettant son ami, pouvait laisser craindre que cela ne fasse tache d’huile et que d’autres membres de son équipe ne soient décriés de la même façon. Ne pas agir tout de suite non plus, aurait laissé les gens avoir le temps de se faire une mauvaise idée et d’intérioriser cette fausse note dans la formation de l’équipe gouvernementale.

D’autant plus que, dans cette situation,  aucune voix, en dehors de la sienne propre, ne s’est non plus élevée pour défendre Adama Sagnon qui aurait dû se taire dès le début, pour ne pas exaspérer   les  Burkinabè.

En tout état de cause, la morale de cette affaire semble claire. Dans la vie, chaque homme, chaque femme doit apprendre à s’assumer pleinement, à vivre dans la cohérence de ses idées et de ses actes, et à éviter les compromissions. A l’image du magistrat Zorro Epiphane de la Côte d’Ivoire de Gbagbo, ou,  plus près de nous, de René Bagoro qui avait dénoncé l’irrégularité de la carte d’électeur de la présidentielle de 2010. Car le passé vous rattrapera toujours, pour votre bien ou pour votre mal.

« Le Pays »


Comments
  • Maintenant dites nous du cas de djguemde de l’adf est il propre ou pas ?
    Plus rien ne sera comme avant! Je ne comprends pas que l’on pense que les burkinabe sont prêts à accepter n’importe quoi sous prétexte du pardon.
    Vous journalistes investiguer et dites nous ce qu’il en est de dossiers (aéroport de ouaga, adj 2011…).
    Merci

    25 novembre 2014
  • Je trop heureux. J aimerais entrer dans la chaire d Adama Sagnon pour voir à quel point il souffre. Je me rappelle toujours de son air arrogant et suffisant avec lequel il se moquait du peuple qui revendiquait justice pour Norbert Zongo.
    Adama Sagnon, tu t es foutu du peuple. Tu as conspirer contre les burkinabės et tu n as pas honte de goutter au fruit de leur victoire? C est pathétique de ta part.
    Allez, au suivant…..

    26 novembre 2014
  • BONJOUR A TOUS!

    Quel drame psychosomatique est encore en train d’entourer le peuple du pays réel. Le premier ministre ne savait-il donc pas que son ami était d’accointance avec le petit président? et pour ne pas le nommer, le sieur COMPAORE François dit François COMPAORE.

    Vigilance dans tous les ministères et notamment dans les ministères poumons économiques du Burkina Faso surtout mines et carrières, économie et finances, commerces……. Les lingots d’or sous les cartables par-ci sous les pauses café par la et nous voila repartis dans la rectification de la révolution bis et l’assujettissement a nouveau et sous troisième verrou. Vigilance, vigilance et encore vigilance comme ou plus que la vigilance d’un CDR.

    26 novembre 2014
  • BONJOUR.Les Africains font la politique pour se retrouver soit en prison,soit en exil ou au tombeau;ce qui n est pas le cas des Occidentaux qui preferent démissionner à temps pour se donner une retraite dorée.Il faut que nos futurs Dirigeants apprennent à dire non, à démissionner ou à réfuser meme certains poistes car avec la limitation des mandats dans le futur,chaque parti qui prendra le pouvoir se verra obligé de faire rendre gorge à ses prédécesseurs.SAGNON aurait du réfuser ce poste pour se faire oublier tout simplement.

    26 novembre 2014
  • Nous croyons à la loi de la rétribution.

    26 novembre 2014
  • SA DEMISSION EST SALUTAIRE. IL A FAIF PREUVE DE SAGESSE ET D’INTELLIGENCE.JE SUGGERE QU’ON BRULE SA MAISON LE FAIT DE PRONONCER LE NON-LIEU DU DOSSIER NORBERT ZONGO. IL DOIT SUBIR LES CONSEQUENCES DU NON-LIEU.

    26 novembre 2014
  • La sagesse aurait voulu qu’il décline sa nomination. Le contexte ne lui permettait pas de faire partir d’un gouvernement surtout de transition.

    Le zèle avec lequel il s’est exprimé quand les contestations ont commencé, montre clairement qu’il sait ce qu’il a fait dans le cadre du dossier Norbert ZONGO. Il va jusqu’à dire que ce n’est pas lui qui s’est nommé. On se demande maintenant ce qui a prévalu pour que ZIDA le nomme.

    26 novembre 2014
  • Heureusement qu.il a fait preve de sage en rendant rapidement sa demission.

    26 novembre 2014
  • Je suis outré parce qu’on a pu penser que la nomination de Adama Sagnon aurait été acceptée par le peuple; je suis fâché pour ce choix car l’individu n’a aucune compétence en matière culturelle; je suis révolté car il y a des intellectuels de haut vol compétents en matière d’art et de culture ayant participé à la lutte du peuple qui ont été laissés de côté au profit d’un cacique du pouvoir de Blaise Compaoré. Il faut que les dirigeants sachent que la situation actuelle est le fruit de la lutte du peuple et gare quiconque voudrait le lui ravir. La démission n’est rien, Sagnon devrait rendre des compte sur la gestion du dossier Norbert ZONGO et nul ne saurait le protéger sans faire les frais de la colère du peuple.

    26 novembre 2014
  • Il faut dire les choses clairement. Zida a commis deux erreurs approuvées par le président Kafando: de 1 nommer un ami et de 2 un monsieur qui a servi les sales besognes de monsieur Compaoré et sa bande. Tous ceux qui sont habités par les réflexes du 15 octobre 1987 jusqu’au 30 octobre 2014 doivent comprendre que la page est irréversiblement tournée!

    26 novembre 2014

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