HomeA la uneECLATEMENT DE L’OPPOSITION TOGOLAISE. : Tout ça pour ça

ECLATEMENT DE L’OPPOSITION TOGOLAISE. : Tout ça pour ça


 

L’opposition togolaise n’a pas encore pu arriver au bout de son long chemin de croix, qu’elle a volé en éclats. En effet, la Coalition des 14 partis politiques, qui, entre-temps, avait donné des insomnies au président Faure Gnassingbé, est aujourd’hui très mal en point. Sept des partis et pas des moindres qui composent cette C-14, ont claqué la porte. Le charismatique leader de l’opposition, Jean-Pierre Fabre de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), le tonitruant président du Parti national panafricain, Tikpi Atchadam, celui par qui la vague de contestations contre le régime de Faure Gnassingbé, est partie, ainsi que Yawovi Agboyibo du comité d’action pour le renouveau (CAR), pour ne citer que ces trois, ont décidé de quitter le navire C-14 qui, pour le moins, est désormais en plein naufrage. Ce que l’on redoutait avec cette opposition au moment de sa gloire, il y a deux ans, quand elle réussissait à tailler des croupières au pouvoir sur fond d’appels à manifester qui mobilisaient, a donc fini par arriver. En se contentant d’organiser des marches incapables d’inquiéter le pouvoir en place, une telle posture de l’opposition avait commencé à faire douter certains observateurs de l’efficacité d’une telle stratégie de lutte contre la volonté de Faure Gnassingbé de se fossiliser au pouvoir à travers le tripatouillage de la Constitution. Et comme il en fallait beaucoup plus pour  faire reculer un régime dynastique vieux de 50 ans, mais qui tient toujours à sa survie, dût-il marcher sur des cadavres, l’opposition a fini par tomber dans le piège des stratégies de contournement et de louvoiement du pouvoir en place qui misait plutôt sur une guerre d’usure. Après donc deux ans de luttes acharnées, disons de marches, la principale coalition de l’opposition togolaise se fissure sans avoir eu gain de cause. Embarquée dans la logique de tout ou rien, la C-14 avait fini par boycotter les législatives de décembre dernier, se privant ainsi d’une arme certaine pour porter la contradiction au pouvoir.

le Togo refuse d’entrer dans l’enclos de la démocratie

Maintenant, on en est à se poser la question suivante : comment le ver est-il entré dans le fruit ? Est-ce le fait de la lassitude des populations qui ne répondaient plus aux appels à manifester ? Est-ce le fait d’une guerre des ego ? Ou certains membres de cette opposition ont-ils fini par s’asseoir autour de la table de la compromission ? Il peut y avoir un peu de tout cela. Et cette affaire de don de 30 millions de F CFA offerts par un chef d’Etat de la région, si elle était avérée, ne serait pas pour arranger les choses au sein de la C-14. En attendant de voir la nouvelle configuration de l’opposition, habituée à des coups d’éclat et à des retournements de veste, l’exemple de Gilchrist Olympio en étant un, c’est Faure qui se frotte actuellement les mains. Après avoir fait rêver le peuple togolais, la C-14 douche les espoirs d’une quelconque alternance. C’est dire si tout est bien parti pour que Gnassingbé fils rempile à souhait.
Ainsi va la démocratie à la sauce togolaise dans ce pays qui fait figure de mauvaise conscience de tous les démocrates de la sous-région. On ne le dira jamais assez, le Togo reste le mouton noir de la CEDEAO parce qu’il refuse d’entrer dans l’enclos de la démocratie. Rappelons-le, le fond du problème de cette crise togolaise, est la question du sort du chef de l’Etat au-delà de 2020. Pendant que l’opposition compte sur le rétablissement de la Constitution de 1992 pour espérer voir l’alternance se réaliser enfin au pays des Gnassingbé, les soutiens du président Faure n’ont pas d’autres ambitions que de voir ce dernier prolonger indéfiniment son bail au palais de Lomé II. Les médiations conduites sous les auspices de l’Union africaine (UA) et de la CEDEAO ont plutôt permis au régime qui était visiblement à bout de souffle, de reprendre la main tout en réussissant à trouver des stratagèmes pour aller seul aux législatives afin de se doter d’une Assemblée nationale monocolore.

Drissa TRAORE


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