HomeA la unePRESIDENTIELLE EN TUNISIE:Le pays du jasmin ne doit pas trébucher

PRESIDENTIELLE EN TUNISIE:Le pays du jasmin ne doit pas trébucher


Le premier tour de la présidentielle tunisienne s’est tenu hier, dimanche 15 septembre. Sept millions d’électeurs étaient appelés à choisir leur président parmi 24 prétendants puisque deux candidats ont choisi, à la dernière minute, de renoncer à la compétition. Il faut d’abord faire observer que la Tunisie n’est pas un  pays quelconque dans le Maghreb en matière de démocratie. En effet, le pays du jasmin est l’un des premiers à s’être débarrassé de son satrape, dans le cadre du printemps arabe. C’était en 2011. Depuis cette date, le pays a connu une transition démocratique qui a abouti à la première élection véritablement démocratique, peut-on dire, de son histoire. Cela remonte à 2014. A cette occasion, les Tunisiens et les Tunisiennes ont pris d’assaut les urnes pour porter Béji Caïd Essebsi à la tête de leur pays. 5 ans après et presque 2 mois après le décès de ce dernier quelques semaines  avant la fin de son mandat, les Tunisiens sont invités à choisir son successeur par la voie des urnes.

En 2014, les Tunisiens ont apporté la preuve  de leur maturité politique

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont l’embarras du choix. Ils sont 24 en effet à prétendre présider aux destinées du pays. Ceux qui verront la bouteille à moitié vide, pourront être tentés de s’offusquer du nombre pratiquement hors norme des candidats. Ceux qui verront la bouteille à moitié pleine, brandiront par là, la preuve de la vitalité de la démocratie tunisienne. En tout cas, depuis 2011, le pays du jasmin a capitalisé des avancées démocratiques. En 2014 notamment, les Tunisiens ont apporté la preuve  de leur maturité politique en élisant dans le calme et la transparence, leur président.  En 2019, ils ne doivent pas trébucher.

En tout cas, le monde entier les observe. Dans l’hypothèse où ils viendraient à mal négocier ce deuxième grand rendez-vous avec la démocratie, ils seront nombreux à être tentés de dire que la  démocratie est un luxe pour les Arabes. Pour ne pas donner du grain à moudre aux tenants de cette thèse, l’ISIE (Instance supérieure indépendante pour les élections) doit être irréprochable dans la gestion du scrutin. Pour le moment, elle arrive à tirer son épingle du jeu puisque jusque-là, son impartialité n’a été mise en doute par aucun candidat. Elle a donc l’obligation de garder ce cap.

En effet, la plupart des crises postélectorales en Afrique, tirent leur origine dans la gestion calamiteuse du processus électoral par la structure dédiée à l’organisation des scrutins. Le plus souvent, elles prennent fait et cause et ce de manière flagrante, pour le candidat du pouvoir. Les Tunisiens ont tellement souffert pour arracher la démocratie, qu’ils ne doivent pas se permettre de telles dérives.

Le premier défi donc à relever est de consolider l’élan démocratique amorcé en 2011, par une organisation digne d’un Etat moderne et civilisé. Le deuxième défi, c’est celui de la participation. En 2014, les Tunisiens, sevrés de démocratie par le long règne de Ben Ali, n’avaient pas marchandé leur participation. Mais bien d’entre eux ont vite déchanté parce qu’aux plans économique et social, les nouvelles autorités n’ont pas fait mieux que le régime déchu. Il se trouve même des Tunisiens qui pensent que les choses sont allées de mal en pis.

Il est hasardeux de pronostiquer un candidat

De ce point de vue, l’on peut s’attendre à un taux de participation en deçà de celui qui a été observé en 2014. Déjà à la mi-journée d’hier, on estimait la participation à seulement 16%. Mais ce qui marque le plus le scrutin d’hier, se résume à ceci : D’abord, c’est son caractère ouvert. En effet, en 2014, les observateurs de la vie politique tunisienne avaient pronostiqué Béji Caïd Essebsi. Car, de tous les prétendants, il passait pour celui qui avait le plus d’atouts. Mais cette fois-ci,  il est hasardeux de pronostiquer un candidat sans courir le risque d’être démenti par les résultats des urnes tant le jeu est ouvert.

Et quand on est dans une telle configuration, la démocratie prend tout son charme. Néanmoins, l’on peut se risquer à dire que des 24 prétendants, 3 sont des candidats que l’on peut qualifier de sérieux. Il s’agit, pour ne pas les citer, du Premier ministre sortant, Youssef Chahed, du candidat du parti islamiste Ennahda, Abdelfattah Mourou et du magnat des médias poursuivi pour blanchiment d’argent et incarcéré, Nabil Karoui. L’autre trait marquant de ce scrutin est que c’est la première fois, dans l’histoire politique de la Tunisie, que le parti islamiste Ennahda a franchi le Rubicon en présentant un candidat. Quel que soit celui qui sera élu par les Tunisiens, il faut dire qu’il aura du pain sur la planche. Car, il devra, dans l’urgence, redonner espoir au peuple en relevant l’économie et en donnant aux jeunes des raisons de croire à la démocratie tunisienne. Sur le terrain de la lutte contre le chômage, il sera particulièrement attendu. En tout cas, tous ces prétendants à la magistrature suprême, ne doivent pas perdre de vue que l’élément déclencheur de la chute de Ben Ali était l’exaspération et le désarroi de la jeunesse tunisienne, traduits par l’immolation, par le feu, du jeune vendeur à la sauvette du nom de Mohamed Bouazizi. C’était un certain 17 septembre 2010.

« Le Pays »


No Comments

Leave A Comment