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REACTIONS CONTRE LE TROISIEME MANDAT D’ALASSANE OUATTARA


C’est désormais officiel. Alassane Ouattara a fait part à ses compatriotes, le 6 août dernier, dans un message à la Nation, de sa décision de se porter candidat à la présidentielle d’octobre prochain au nom et pour le compte de la coalition actuellement au pouvoir, le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Il n’en fallait pas plus pour donner de l’urticaire à ses opposants les plus indécrottables, qui voient dans cette candidature, « une provocation de plus » de la part d’un homme qui, selon eux, ne respecte ni sa parole, ni la Constitution, ni le peuple ivoirien. Les tirs de barrage du PDCI/RDA d’Henri Konan Bédié, du FPI de Laurent Gbagbo et de tous les autres farouchement opposés à un autre mandat de Ouattara, n’ont visiblement pas dissuadé ce dernier de franchir le Rubicon, et la possibilité qu’il sorte héros de la compétition démocratique d’octobre prochain, a subitement fait monter le mercure politique à Abidjan et dans certaines villes de l’intérieur. On a même enregistré des manifestations hostiles, spontanées et sporadiques dans des quartiers réputés pour être des bastions de l’opposition, et on craint que dans les jours à venir, la contestation n’aille crescendo et ne vire à l’affrontement entre pro et anti-Ouattara. On en a malheureusement déjà les prémices, avec des contre-manifestations prévues par des groupes de militants du RHDP, dès ce lundi matin, à Abidjan même et ailleurs dans le pays. On a d’autant plus raison d’être inquiet que la Côte d’Ivoire a connu deux décennies de braise marquées par des révoltes militaires et des crises post-électorales sur fond de rivalités ethniques. Dans un pays où les violences politiques ont été banalisées et ont très souvent viré aux règlements de comptes communautaires, toute déclaration belliciste, même venant de marginaux, doit être prise au sérieux et son effet rapidement circonscrit, si on ne veut pas qu’une allumette transforme ce pays boisé en un immense brasier.

 

La digue de la cohésion sociale est tellement érodée en Côte d’Ivoire que les protagonistes sont manifestement prêts à remettre le couvert

 

On n’a pas le droit, en effet, d’oublier que c’est l’instrumentalisation de militants surexcités par des politiciens tapis dans l’ombre de leurs bureaux ou de leurs cachettes, qui avait créé l’hécatombe à Yopougon en 2000, et permis à des militants et miliciens fanatisés, de tuer, autant qu’ils ont pu, d’innocentes personnes pendant la crise postélectorale, en 2010-2011. Le désastre humain enregistré dans le quartier densément peuplé « Carrefour » à Duékué dans l’Ouest du pays en mars 2011, aurait dû, à lui seul, servir de coup de semonce aux jusqu’au-boutistes des différents camps qui tenaient des propos d’une violence sidérante ces derniers temps. Mais hélas, la digue de la cohésion sociale est tellement érodée en Côte d’Ivoire que les protagonistes sont manifestement prêts à remettre le couvert. On espère que la classe politique a tiré leçon de cette douloureuse expérience, et mettra tout en œuvre pour éteindre ce début d’incendie avant que la situation ne soit hors de contrôle. La CEDEAO et la communauté internationale doivent déjà tirer la sonnette d’alarme, en sachant que s’il y a des secousses telluriques en Côte d’Ivoire, il y aura fatalement des répliques dans quasiment tous les pays de la sous-région. Enfin, on compte sur le sursaut patriotique et la prise de conscience des Ivoiriens résidant en Côte d’Ivoire, afin que les appels à la guerre et à la haine lancés à la cantonade par certains de leurs frères eux-mêmes à l’abri, de l’autre côté de la Méditerranée, aillent mourir dans la lagune Ebrié et ne trouvent pas d’écho favorable sur cette terre jadis d’hospitalité, devenue aujourd’hui une véritable « poudrière identitaire » par la faute de certains de ses fils.

 

Hamadou GADIAGA


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