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SOMMET DE L’UEMOA A DAKAR


Le 3 décembre dernier,  Dakar, la capitale sénégalaise, était le centre d’un sommet extraordinaire des chefs d’Etat de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Au menu des  échanges, la situation sécuritaire devenue critique dans la sous-région. Quelques jours avant, ce sont les questions de dette et de développement dans un tel contexte, qui faisaient l’objet d’une rencontre de haut niveau, en prélude à la conférence des chefs d’Etat de l’espace communautaire. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la pertinence d’un tel sommet ne saurait souffrir de débat, tant le thème, dans le contexte actuel, cadre avec l’actualité. Car, au moment même où les têtes couronnées de la région se réunissaient à Dakar, les terroristes faisaient couler le sang au Burkina et au Mali, où respectivement une quinzaine de personnes périssaient dans l’attaque d’un lieu de culte à Foutouri, dans l’Est du Burkina, et au moins deux soldats sautaient sur un engin explosif improvisé au Mali, qui a aussi fait des blessés.

 

Dakar valait le détour pour les chefs d’Etat de l’espace UEMOA

 

C’est dire si face à la gravité de l’heure, des rencontres de haut niveau comme celle de Dakar, se justifient à bien des égards. D’autant qu’il est bien connu qu’il n’y a pas de développement sans sécurité. Or, en plus de la situation sécuritaire délétère qui met déjà bien à mal nos économies nationales, la plupart des pays de la sous-région ploient sous le poids d’une dette de plus en plus difficile à supporter et qui, si rien n’est fait, risque d’anéantir les efforts de développement en raison du  surendettement auquel sont exposés ces pays ; ce qui pose le problème de la soutenabilité même de la dette. Dakar valait donc le détour pour les chefs d’Etat de l’espace UEMOA. Car, c’est l’avenir des Etats de la région qui est en jeu, sur le double plan économique et surtout sécuritaire. En cela, il est heureux de constater que les préoccupations des dirigeants de l’espace vont à la recherche de solutions structurantes pour une rentabilisation maximale des investissements publics dans un contexte sécuritaire qui reste l’un des défis majeurs à relever. Mais cela serait vain sans une utilisation rationnelle des ressources de l’Etat et une plus grande moralisation de la vie publique à travers la lutte contre la corruption. C’est dire si en la matière, nos chefs d’Etat doivent aussi mettre un point d’honneur à balayer devant leur porte en nettoyant vigoureusement les écuries d’Augias. Cela est d’autant plus impératif qu’il n’y a pas de stabilité politique ni économique sans sécurité. Or, dans bien des cas, on a parfois le sentiment que les dirigeants qu’ils sont, sont ceux-là mêmes qui créent en premier les conditions de cette instabilité en permettant à la graine de l’insécurité, de bien pousser. Car, il faut bien le dire, en prenant parfois des libertés avec la démocratie et les règles élémentaires de bonne gouvernance, certains chefs d’Etat exposent non seulement leurs pays respectifs à l’incivisme et à l’indiscipline, mais aussi ils accentuent leur dépendance vis-à-vis de l’extérieur.  Or, tant que l’Afrique dépendra de l’aide extérieure, il sera difficile pour elle de prendre résolument son destin en main.

 

Continuer à faire des prévisions sur des promesses de financements qui n’en finissent pas de se faire attendre, est à la limite suicidaire pour nos Etats

 

Dans la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne par exemple, il n’y a qu’à voir les effets induits des promesses non tenues de financement de certains partenaires pour se convaincre de la nécessité, pour les Africains, de changer de paradigme s’ils veulent se donner des chances de sortir de l’ornière. En effet, continuer à fonder des espoirs voire à faire des prévisions sur des promesses de financements qui n’en finissent pas de se faire attendre, est à la limite suicidaire pour nos Etats. C’est pourquoi, sans faire dans un pessimisme de mauvais aloi, on peut en arriver à se demander si ces promesses ne sont pas une façon d’endormir la conscience des Africains pour qu’ils ne prennent pas vite conscience de la nécessité de compter sur leurs propres forces afin de s’organiser en conséquence. C’est dire la nécessité, pour les Africains de façon générale et les pays de la sous-région ouest-africaine en particulier,  de sortir de la logique de la main tendue pour prendre de façon hardie, leur destin en main. Cela passera sans doute par des sacrifices parfois douloureux à tous les niveaux. Mais c’est à ce prix que les Africains pourront espérer des lendemains meilleurs. Il est peut-être temps d’en prendre conscience. Autrement, la situation risque d’être intenable à long terme aussi bien sur le plan économique que sécuritaire.

 

 « Le Pays »

 


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