HomeA la uneSOUTIEN ANNONCE DE LA MINUSMA AU G5 SAHEL : L’ONU veut-elle se racheter ?

SOUTIEN ANNONCE DE LA MINUSMA AU G5 SAHEL : L’ONU veut-elle se racheter ?


Une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies était au Burkina, le 24 mars dernier. A cette occasion, elle a annoncé le soutien de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA), à la force du G5 Sahel. Cet accompagnement, selon le ministre burkinabè des Affaires étrangères et de la coopération, Alpha Barry, se décline en termes de transport, de fourniture en carburant et en rations alimentaires. Ce geste est à saluer à sa juste valeur. Car, il vient enlever une épine du pied de la force conjointe, confrontée, comme on le sait, depuis sa mise en place, à un problème logistique et de mobilisation de ressources financières suffisantes pour accomplir sa mission. En rappel, un plaidoyer avait été initié auprès des Nations unies par les cinq pays membres de la structure afin que celle-ci bénéficie des avantages liés au chapitre VII de la Charte de l’ONU. Les Etats-Unis avaient balayé cette doléance du revers de la main, arguant du fait que l’ONU n’avait pas à prendre en charge intégralement des soldats intervenant sur leur propre sol. Et comme ce que l’Oncle Sam veut, l’ONU le veut, la force du G5 Sahel n’a pas pu bénéficier du parapluie de cet alléchant chapitre 7. Ce refus avait été accueilli comme un coup de gourdin asséné à la nuque de la force conjointe. De ce point de vue, l’on peut se poser la question de savoir si l’ONU, en donnant son feu vert pour un soutien de la MINUSMA à la force du G5 Sahel, n’est pas en train de se racheter. Cela dit, il reste à se demander si ce soutien de la MINUSMA, va véritablement permettre à la force conjointe du G5 Sahel de prendre enfin son envol. On peut en douter. La première raison est que la MINUSMA, elle-même, n’est pas exempte de critiques quant à l’efficacité de ses actions sur le terrain. L’on peut lui faire le reproche, notamment d’être plus dans la réaction que dans l’action. Comparaison n’est pas raison certes, mais quand on la compare avec la force française Barkhane, on peut se risquer à dire que les actions de cette dernière sont beaucoup plus dissuasives.

Tout ne peut se ramener à une question de logistique et de moyens financiers

La deuxième raison est que, dans l’histoire, l’on a rarement vu l’ONU s’impliquer avec succès dans la résolution d’une guerre ou d’une crise. En guise d’exemples, nous pouvons prendre les cas de la République centrafricaine (RCA) et de la République démocratique du Congo (RDC). Dans ce dernier pays cité, les autorités en sont arrivées à demander aux forces onusiennes, de plier bagage et de quitter leur pays. La dernière raison est liée à la gouvernance de la force du G5 Sahel. L’on peut avoir l’impression, en effet, que cette force pèche par le manque de coordination et d’harmonisation de ses actions sur le terrain. Tout donc ne peut se ramener à une question de logistique et de moyens financiers. Il faut aussi une part d’ingéniosité, d’engagement, de responsabilité et d’audace. Tant que la force conjointe du G5 Sahel ne va pas intégrer ces valeurs dans sa stratégie de riposte au terrorisme, ses actions seront vaines au Sahel. En tout cas, pour le moment, elle n’inquiète pas outre mesure les terroristes. C’est pourquoi ces derniers se sont permis l’outrecuidance d’attaquer, avec succès, une de ses bases à Mopti. De manière générale, pour faire changer la peur de camp, il faut d’abord que les pays membres du G5 Sahel s’assument en assurant leur propre défense. C’est après un tel effort endogène que les autres pourront les traiter comme des adultes et non comme de grands enfants toujours prompts à se morfondre sur leur sort et à croire candidement que la solution à leurs problèmes se trouve exclusivement entre les mains de l’ONU. Et quand on est dans cette posture, l’on ne doit pas s’étonner que les autres vous aident tout en vous formulant des exigences. C’est ce que la délégation du Conseil de sécurité vient de faire vis-à-vis du Burkina. Pour elle, en effet, « la lutte contre le terrorisme doit être menée en respectant les droits de l’Homme ». La délégation du Conseil de sécurité est certainement dans son droit mais elle doit rappeler parfois cette vérité à tout le monde en commençant par les Etats-Unis. En attendant, la délégation du Conseil de sécurité, qui a manqué de peu d’être témoin du massacre des peuls au Mali, doit, de retour à la maison de verre de New-York, peser de tout son poids, pour aider à éteindre ces incendies communautaires qui sont en train de s’allumer çà et là au Sahel.

Sidzabda


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