22E ANNIVERSAIRE DU NAUFRAGE DU JOOLA AU SENEGAL : A quand le deuil des parents des victimes?
C’est un anniversaire douloureux qu’a commémoré le Sénégal le 26 septembre 2024. Il s’agit du drame du Joola, l’une des plus graves catastrophes de l’histoire de la marine civile, qui a frappé le pays de la Teranga, un certain 26 septembre 2002. En effet, près de 2 000 hommes, femmes et enfants ont perdu la vie dans le naufrage de ce ferry qui était chargé de faire la navette entre Dakar et le Sud du pays et qui a sombré au large de la Gambie. Plus de deux décennies après, la douleur reste vive. En effet, les parents des victimes n’ont jusque-là pas réussi à faire le deuil de leurs proches restés dans cette tragédie sans précédent. Toute la lumière n’a pas encore été faite sur cette affaire bien que des rapports d’enquête (un sénégalais et un autre français) aient révélé depuis 2004 de terribles manquements, notamment un mauvais état du bateau, un surnombre de passagers, une lenteur des secours pour porter assistance aux sinistrés. Toute chose qui a provoqué l’ire des familles éplorées qui trouvent «inadmissibles que la Justice ne fasse pas son travail et qu’un accident d’une telle ampleur, se produise dans un pays normal et que personne ne soit responsable». Ce faisant, elles n’ont eu de cesse d’appeler de tous leurs vœux, à l’ouverture d’une enquête judiciaire afin que les responsabilités soient situées sur ce drame. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les parents des victimes ne semblent pas être au bout de leurs peines.
Le désespoir des familles est d’autant plus grand que tout se passe comme si ce drame était oublié
Au point qu’on en vient à se demander pendant combien de temps ils devront encore attendre pour espérer faire le deuil des leurs. En effet, une bonne partie de leurs demandes à l’Etat sénégalais, reste, pour l’heure, insatisfaite. Le désespoir des familles est d’autant plus grand que tout se passe comme si ce drame était oublié par les autorités qui se sont succédé à la tête du pays.,On se rappelle encore qu’après le terrible naufrage, les familles d’environ 2 000 victimes et les quelque 64 rescapés, avaient demandé la construction d’un mémorial à Dakar, la capitale, et à Ziguinchor, le point de départ du Joola. Mais il a fallu attendre 22 ans après pour que le musée-mémorial de Ziguinchor voie le jour. Quant à celui de Dakar, les familles des victimes sont toujours dans l’attente, se demandant s’il sortira un jour de terre. C’est dire toute la douleur que peuvent ressentir les proches des victimes, quand on sait que c’est en réalisant ces infrastructures que l’on pourra réhabiliter au mieux la mémoire des victimes et ainsi tirer les leçons d’un tel drame. L’association de familles des victimes a aussi demandé l’institution d’une journée du souvenir, qui serait célébrée chaque année, et plaidé pour le renflouement du Joola et son expositions au musée-mémorial. Cela pour permettre aux parents des victimes qui n’ont pas pu enterrer leurs proches, de pouvoir faire leur deuil. Des requêtes qui sont depuis lors, restées sans suite. Manque de volonté politique ? Ou bien ou le projet de réhabilitation de la mémoire des victimes du Joola a-t-il tout simplement été jugé onéreux par les dirigeants du Sénégal ? Seuls ces derniers en ont la réponse. Cela dit, quelles qu’en soient les raisons, il faudra, tôt ou tard, apporter une réponse soulageante. En tout cas, il y va de la cohésion sociale.
Siaka CISSE