HomeA la unePOURPARLERS ANNONCES ENTRE KINSHASA ET LE M23/AFC : Vers la paix des braves ?

POURPARLERS ANNONCES ENTRE KINSHASA ET LE M23/AFC : Vers la paix des braves ?


Sauf imprévu ou couac de dernière minute, c’est ce 18 mars 2025 que débutent, dans la capitale angolaise, les pourparlers de paix entre Kinshasa et l’Alliance du Fleuve Congo/Mouvement du 23 mars (AFC/M23). Des pourparlers qui fondent les espoirs des Congolais de sortir de la spirale de violences qui déchire l’Est du pays depuis que les rebelles du M23 ont repris les armes il y a de cela plus de trois ans maintenant. La question qui se pose est de savoir si avec l’ouverture de ces négociations directes, l’on s’achemine vers la paix des braves. La question est d’autant plus fondée que jusque-là, le pouvoir de Kinshasa rechignait à envisager une telle option et était réticent à l’idée de s’asseoir autour d’une même table que les rebelles du M23. C’est le lieu de saluer la ténacité de la médiation angolaise qui aura réussi, contre vents et marées, à amener les protagonistes sous l’arbre à palabres. Ces derniers réussiront-ils à fumer le calumet de la paix ? C’est tout le mal qu’on leur souhaite. Mais avant, tout porte à croire qu’il y a encore du chemin à parcourir au regard des préalables que posent les protagonistes.

 

 

Il appartient aux protagonistes de savoir mettre de l’eau dans leur vin

 

 

 Déjà, il faudrait que les belligérants puissent surmonter leurs ego, et soient animés tout autant de meilleures intentions que d’une volonté affichée de sortir de la crise. Il y a aussi le trop grand attachement aux intérêts égoïstes, qui se présente comme un obstacle non négligeable. C’est dire s’il appartient aux protagonistes de savoir mettre de l’eau dans leur vin. C’est en cela que l’appel du médiateur angolais, au cessez-le-feu qui devait entrer en vigueur depuis le 16 mars dernier, sonne comme un premier test de la volonté des belligérants de donner une chance à la paix. L’objectif est certes d’endiguer les violences contre les civils en évitant l’extension du conflit à de nouvelles zones, mais aussi de créer les conditions favorables à des discussions fécondes. Pendant ce temps, deux rencontres de haut niveau susceptibles d’impacter la situation en République démocratique du Congo (RDC), se tenaient le 17 mars dernier, à la veille du début des pourparlers. La première s’est tenue à Harare au Zimbabwe où les ministres des Affaires étrangères de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), étaient en conclave à l’effet de délibérer et adopter des mesures concrètes visant à l’instauration d’une paix durable dans l’Est de la RDC. Au menu des échanges : la question du cessez-le-feu et de la trêve, mais aussi la proposition des chefs d’Etat-major qui suggéraient un renforcement du mandat de la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo (MONUSCO) pour la sécurisation du Nord et du Sud-Kivu. La seconde réunion qui se tenait à Bruxelles, a vu l’Union européenne (UE) adopter des sanctions ciblées contre de hauts responsables rwandais dont des chefs militaires, pour le rôle que le pays de Paul Kagame joue dans le conflit qui déchire l’Est de la RDC.

 

Kigali décide de la rupture de ses relations diplomatiques avec l’UE

 

 

Il n’en fallait pas plus pour que Kigali qui ne cesse de dénoncer les sanctions internationales à son encontre, décide de la rupture de ses relations diplomatiques avec l’UE. En effet, Kigali accuse Bruxelles de parti pris pour Kinshasa et d’avoir toujours été à la manœuvre pour la prise de sanctions à son encontre. Une décision forte des autorités rwandaises qui ont toujours été dans la dénégation et qui se défendent comme elles peuvent dans ce dossier congolais où la présence de leurs soldats aux côtés du M23, ne fait plus de doute aux yeux de l’Union européenne et d’autres puissances occidentales qui ont décidé de sévir. L’un dans l’autre, on espère que les efforts conjugués de la médiation angolaise, doublés de la pression de plus en plus grandissante de la communauté internationale sur le parrain rwandais, permettront de faire bouger les lignes dans le sens de la désescalade. Pour le reste, il appartient aux Congolais d’accepter de se parler en vue de trouver une issue pacifique à cette crise qui n’a que trop duré. Cela est d’autant plus impérieux que les dégâts de la guerre sont déjà énormes, en termes de pertes en vies humaines, de déplacement de populations, mais aussi de dégâts matériels. En tout état de cause, les sanctions de l’UE qui ont amené le Rwanda à rompre ses relations diplomatiques avec Bruxelles, marque une nouvelle étape dans cette guerre en RDC, en même temps qu’elle est un mauvais signal qui pourrait marquer une nouvelle escalade.

 

« Le Pays »


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