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ACTION D’INTERPOL CONTRE LES RESEAUX TERRORISTES


40 000 bâtons de dynamite et détonateurs destinés à des activités minières clandestines, nouvelle filière de financement pour les organisations terroristes, 60 000 litres de carburant de contrebande, des milliers de munitions et des armes à feu ! Tel est le bilan du matériel saisi au cours de l’opération KAFO initiée par Interpol et qui a mobilisé, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, 260 hommes et femmes du 30 novembre au 6 décembre 2020, dans les aéroports, les ports et les frontières terrestres de quatre pays d’Afrique de l’Ouest, en l’occurrence le Mali, le Niger, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Au regard de l’importance de cette saisie qui constitue un véritable butin de guerre, c’est un coup de cœur que l’on se doit de décerner à l’organisation internationale de la police qui a vu juste en s’attaquant aux réseaux de trafiquants d’armes suspectés de participer au financement des organisations terroristes dans la zone du Sahel. L’on se doit d’autant plus de tresser des lauriers à la faitière des flics, que cette opération de salubrité publique qu’elle a menée avec succès, ne pouvait pas mieux tomber.

 

 

La victoire sur les groupes terroristes dans le Sahel, ne sera possible que dans une synergie d’actions

 

 

En effet, elle intervient au moment où les groupes terroristes qui se sont métastasés comme un cancer pour gangrener toute la bande sahélo-saharienne, n’ont de cesse de troubler la quiétude et le sommeil des populations et continuent de donner du fil à retordre aux armées du Sahel malgré le concours de leurs frères d’armes de la force française Barkhane et de l’opération européenne Takuba. En portant ce coup dur aux flancs des ingénieurs du mal qui font peser une véritable chape de plomb sur toute la région, Interpol contribue, un tant soit peu, à desserrer l’étreinte meurtrière des réseaux criminels. L’on ne peut donc que souhaiter que ce genre d’opérations soient inscrites dans la durée en se répétant autant de fois que possible.  En tout état de cause, cette opération KAFO, qui signifie en langues dioula et bambara « agir ensemble », tout comme son nom l’indique, vient donner raison, une fois de plus, à ceux qui pensent que la victoire sur les groupes terroristes dans le Sahel, ne sera possible que dans une synergie d’actions des Etats de la sous-région. En effet, la porosité des frontières qui fait du Sahel l’eldorado des bandes armées et le quartier d’affaires mondial des trafiquants d’armes, nécessite des actions concertées et transfrontalières pour ne laisser à ceux qui font du crime un dogme, aucune possibilité de repli dans des bases arrières sises dans d’autres Etats hors des zones d’opérations. Du reste, les organisations criminelles constituent souvent des réseaux dont les tentacules atteignent des horizons insoupçonnés où il faut les traquer. Et c’est en cela que l’on peut émettre le vœu que les prochaines opérations du genre aillent au-delà des quatre Etats pour s’étendre à tous les Etats de l’Afrique de l’Ouest. En effet, il ne fait l’ombre d’aucun doute, par exemple, que si cette opération coup de poing d’Interpol avait pris en compte un pays comme le Nigeria qui constitue l’une des plus importantes plaques tournantes de la contrebande dans la sous-région et la caverne d’Ali Baba des groupes djihadistes, les prises auraient été encore plus importantes. Pour preuve, les 60 000 litres de carburant saisis au cours l’opération KAFO, proviennent de ce pays pour alimenter les réseaux d’Al-Qaïda au Mali et au Niger.

 

 

Pour un coup d’essai, Interpol a fait un coup de maitre

 

 

Par ailleurs, l’autre motif de satisfaction à travers cette opération KAFO, est le fait qu’elle s’attaque aux sources d’approvisionnement et de financement des groupes terroristes. L’impression que donnait jusque-là la lutte contre les groupes terroristes dans les Etats de la sous-région, est que celle-ci était focalisée sur l’élimination physique des terroristes et le démantèlement de leurs bases, sans véritablement s’attaquer aux circuits économiques qui les ravitaillent. La nouvelle orientation que donne l’opération KAFO à cette lutte contre le terrorisme, permet d’assécher ces circuits économiques et de neutraliser les gros rats qui se font complices des fous d’Allah en raison des gros sous qu’ils en tirent. L’on peut même souhaiter que les prochaines opérations ne se limitent pas seulement aux circuits du matériel illégal mais qu’elles intègrent aussi ceux de la vente des moyens logistiques, notamment les motos qui permettent une très grande mobilité aux bandes criminelles. C’est, en tout cas, l’une des racines principales du mal qui est ainsi attaquée et les fruits de cette nouvelle dynamique ne devraient pas traîner à apparaitre si elle est entretenue. Et là aussi, il faut espérer que cette traque puisse s’étendre très prochainement et rapidement aux grands marchands de l’Occident qui sacrifient sur l’autel des gains financiers, la sécurité collective et individuelle des populations de la bande sahélo-saharienne.  En attendant de voir se matérialiser ce vœu, on peut dire que pour un coup d’essai, Interpol a fait un coup de maitre et tout le mal que l’on peut lui souhaiter c’est qu’elle continue de bénéficier de la coopération des populations, sans laquelle le succès de l’opération n’aurait pas été possible.

 

« Le Pays »


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