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AFFRONTEMENT ENTRE MASQUES ET HABITANTS DU SECTEUR 5 DE NOUNA : Des blessés et d’énormes dégâts matériels enregistrés


 Les habitants du secteur 5 de Nouna ont connu une descente aux enfers dans la nuit du vendredi 7 au samedi 8 juillet 2017. En effet, des masques du secteur 1 de Nouna qui ont franchi une zone dite rouge, ont  été pris en otage. L’un d’entre eux a été molesté et contraint à se déshabiller par un groupe de jeunes surexcités, l’accusant de les avoir agressés à coups de fouets. Informés de cet incident qu’ils qualifient  de dépravation des mœurs, les jeunes du secteur 1 de Nouna se sont déportés sur les lieux pour exiger sa libération immédiate et sans condition. Cette situation a créé une chaîne de panique, de course-  poursuite et de sauve-qui- peut occasionnant des blessés et  d’énormes dégâts matériels.

 

 

Des portes défoncées, des hangars incendiés, des toits décoiffés, des fenêtres saccagées,  des charrettes,  chaises, ustensiles de cuisine et bien d’autres objets détruits à coups de machettes, de gourdins, de marteaux et de massues, tels sont les stigmates qui témoignent de la gravité du malheureux incident survenu dans la nuit du 7 au 8 juillet 2017 à Nouna. En effet, un affrontement entre les masques du secteur 1 et des habitants du secteur 5 de ladite ville a provoqué une psychose générale au côté ouest de la ville, sur l’avenue principale jouxtant le Palais de justice. Très vite, les forces de l’ordre ont investi les lieux afin d’éviter le pire. Alerté, le haut-commissaire, Alfred Ouaré, a mandaté urgemment le préfet, René Karambiri, le maire de Nouna, Issoufou Traoré, et bien d’autres personnalités influentes comme l’ex-maire, Pascal Simboro, afin qu’ils intercèdent auprès des dépositaires de la tradition pour un dénouement heureux de cette crise. Et l’on peut dire que les pourparlers ont été fructueux, car les masques ont regagné leur site habituel sis au secteur 1 de Nouna.

 

Mais que s’est-il passé pour qu’on en arrive-là ?

 

Selon le témoignage d’un badaud, des antécédents existent entre les deux secteurs depuis le 20 mai 2002. Et les autorités avaient déclaré le côté nord de la ville, zone rouge à ne pas franchir par les masques. Les secteurs 5 et 6 étaient concernés par cette mesure sécuritaire. Une source très proche des responsables chargés d’habiller  les masques témoigne que tout est parti de la prise en otage  d’un  de leurs masques par une horde de jeunes au secteur 5 de Nouna. Selon lui, les jeunes se sont arrogé le droit de tabasser un masque tout en l’obligeant à se déshabiller. Un acte hautement « irresponsable, condamnable, malséant »  et contradictoire à leurs pratiques culturelles. Informé de cette situation, les jeunes du secteur 1 ont sonné la mobilisation pour exiger la libération immédiate et sans condition du masque  en question. Dans les tractations, les esprits s’échauffent et aucun consensus n’a pu être trouvé durant la nuit. Très tôt le matin du samedi, la tension était montée d’un cran au sanctuaire des masques. Et le mot d’ordre était clair : il fallait à  tout prix remporter le baroud d’honneur en allant corriger ces jeunes qui ont osé franchir le rubicond en posant un acte aussi répréhensible. Pendant qu’une vingtaine de masques s’habillaient pour l’assaut final, leurs responsables ont été rejoints par les médiateurs du jour avec à leur tête, le maire de Nouna. Joint au téléphone, ce dernier nous a rassuré avoir maîtrisé la situation. Mais pas pour longtemps, puisqu’un groupe de masques, accompagné d’une foule de jeunes, a échappé au contrôle des responsables qui ont eu du mal à le contenir et à le maîtriser, sous l’emprise de la colère. Ce groupe de masques s’est déchaîné pour en découdre avec les jeunes du secteur 5. Voyant qu’il y avait de l’électricité dans l’air, les habitants se sont terrés chez eux. Certains ont fui pour se réfugier au secteur 6. Après le passage de ces masques furieux, les impacts des coups de machettes étaient visibles sur les portails et les fenêtres des maisons. Frustrés par les dégâts causés par leurs visiteurs, les habitants du secteur 5 ont pris l’option de les affronter. Mais un renfort des agents de sécurité s’est déporté une fois de plus sur les lieux, pour éviter tout accrochage imminent.

 

Une réunion de crise au haut-commissariat

 

Compte tenu de l’ampleur de la situation, et pour parer à toute éventualité, le haut-commissaire, Alfred Ouaré, a entrepris des concertations avec les différentes parties pour une véritable sortie de crise. C’est dans cette dynamique de dialogue concerté que nous avons pu arracher quelques mots à l’un des conseillers municipaux du secteur 5, Issouf Demé, qui nous relate que dans la nuit du mercredi, un masque a violé la zone rouge pour s’introduire dans le secteur 5 où il attaquait tout ce qui bougeait tout en demandant de l’argent à des gens. Toute chose qui n’a pas rencontré l’assentiment des jeunes qui ont fini par le chasser pour qu’il se rende dans leur site culturel. « C’est sous cette menace que deux masques ont encore envahi le secteur dans la soirée du vendredi. A leur arrivée, ils ont commencé à agresser les honnêtes citoyens à tort et à travers. Les jeunes du secteur n’ont pas pu digérer cette énième provocation. Ils ont pourchassé les masques dont l’un deux s’est enfermé dans la maison d’un habitant », a-t-il expliqué. En tant que conseiller, il a reçu l’information. Sans tarder, il s’est rendu au domicile ou « le masque s’est enfermé lui-même par peur des représailles de ses poursuivants. Il s’est défait de son masque et le conseiller a pu échanger avec lui et sentait qu’il avait peur de rentrer seul».  Il a dit s’être également entendu avec un chef de famille d’une cour voisine qui a accepté que le masque passe par son mur pour rejoindre les siens à leur quartier général. M. Demé a déploré la survenue de cette situation. Il a condamné les agissements des jeunes qui ont agressé les masques qui appartiennent à une communauté, pire les autochtones. Il a rassuré que l’engagement concernant l’amende du bœuf sera respecté. Il a saisi l’opportunité pour demander pardon aux autochtones et aux mânes de leurs ancêtres, au nom de tous les habitants du secteur 5. Malgré les dégâts matériels enregistrés, il nous a confié qu’aucune plainte ne sera déposée contre les autochtones. En dépit des multiples interventions, les états-majors des différentes parties étaient sur le qui-vive.

 

Madi KEBRE (Correspondant)

 

 

 

 

 

 


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