HomeA la uneAN II DE L’ENLEVEMENT DES FILLES DE CHIBOK : L’espoir est-il toujours permis ?

AN II DE L’ENLEVEMENT DES FILLES DE CHIBOK : L’espoir est-il toujours permis ?


 

Cela fait deux ans, jour pour jour, que les 276 lycéennes de Chibok sont maintenues prisonnières dans les serres de l’araignée vénimeuse nigériane, Boko Haram. L’enlèvement de ces « Sabines » avait suscité l’émoi de la communauté internationale qui avait sonné la mobilisation, Michèle Obama en tête, autour du slogan « Bring back our girls ». Cela avait contraint Muhammadu Buhari à faire de leur libération une priorité lors de sa campagne électorale. Mais ni le branle-bas de combat mondial ni le désespoir des familles n’ont ému les auteurs du rapt et, le temps passant, l’émotion semble retombée. En ce deuxième anniversaire, seuls  les parents  vont se retrouver pour une prière collective devant les bouts de mur encore debout du lycée, devenu un « mur des lamentations »  avec pour seule lueur d’espoir comme preuve de vie de leurs filles, une vidéo datant de décembre dernier. Deux ans après donc, le mystère reste entier et de nombreuses interrogations demeurent en suspens. Comment, avec tous les moyens technologiques de notre temps, n’est-on pas encore arrivé à localiser avec précision ces jeunes filles ?  Existe-t-il vraiment un espoir de les retrouver ? Et si l’on parvenait à les retrouver, quel genre de filles seraient-elles aujourd’hui? Quoi qu’il en soit, cette affaire des filles de Chibok rappelle la face hideuse de Abubakar Shekau et ses spadassins  qui, non seulement  se repaissent de la douleur des familles, mais n’épargnent guerre  non plus les groupes vulnérables que sont les enfants et les femmes qu’ils n’hésitent pas à transformer en bombes ambulantes.  Il est certain que si l’on n’est pas encore parvenu à localiser ces adolescentes, c’est parce que ces ingénieurs du mal ont fait usage de la pratique bien connue des preneurs d’otage, qui consiste à séparer les victimes. Et dès lors, toutes les hypothèses sont permises. Certaines n’ont-elles pas été vendues comme esclaves sexuelles ou données de force en mariage, ou pire, transformées en kamikazes et ce, après avoir subi toutes sortes de sévices corporels et moraux ?

Si ces jeunes lycéennes étaient des Occidentales, on aurait remué ciel et terre pour les retrouver

Ce deuxième anniversaire de l’enlèvement des jeunes lycéennes sur fond de larmes, traduit certes l’échec et l’impuissance de l’Etat nigérian qui aura usé, sans résultats, de tous les moyens, allant des opérations militaires aux offres d’échanges de prisonniers, pour obtenir leur libération. Mais il prouve surtout que les réseaux de complicités dont bénéficie Boko Haram, demeurent très puissants. Mais tout compte fait, cette affaire profite bien aux deux parties qui s’en servent pour alimenter leurs opérations de communication.  En effet, cet enlèvement a été l’un des ferments de l’élection du président Muhammadu Buhari qui s’en était servi pour mobiliser ressources financières et militaires à l’international, tandis que Boko Haram en use comme d’un moyen de chantage quand tout simplement il n’en fait pas la preuve de sa puissance ; toute chose qui participe de sa propagande. Mais aussi longue que soit la quête de la vérité, il faut que la lumière se fasse un jour sur cette affaire afin de soulager la détresse des familles qui sont doublement affligées. Elles sont non seulement affligées par la disparition d’une des leurs, mais aussi et surtout angoissées par les séquelles laissées par ces années de détention entre les serres des djihadistes. Beaucoup de ces filles sont sans doute actuellement atteintes du syndrome de Stockholm et ont certainement fini par épouser l’idéologie meurtrière de leurs geôliers, devenant, ipso facto, plus que des dangers pour la société. La stigmatisation dont sont victimes les survivantes de ce douloureux épisode, traduit toutes les difficultés d’intégration sociale ultérieures de ces jeunes filles. Ensuite, parce qu’il y va de l’intérêt de l’Etat nigérian dont l’image a pris un sérieux coup. Le pays a déjà mal à sa cohésion sociale en raison des velléités indépendantistes qui ont marqué son histoire. Il y va surtout de l’intérêt des dirigeants du Nigeria, car la charge émotionnelle de l’affaire en fait un puissant facteur de déstabilisation politique.  Et ce n’est pas Goodluck Jonathan qui dirait le contraire. Enfin, parce que la communauté internationale donne deux visions de l’humanité. Car, si ces jeunes lycéennes étaient des Occidentales, on aurait remué ciel et terre pour les retrouver. On l’a souvent vu avec les otages occidentaux au Sahel.

SAHO


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