HomeA la uneAPPEL A UN DIALOGUE INCLUSIF EN RDC:La mission titanesque de l’ONU

APPEL A UN DIALOGUE INCLUSIF EN RDC:La mission titanesque de l’ONU


Depuis que le président congolais, Joseph Kabila,  ne fait plus mystère de sa volonté de rester au pouvoir à l’issue de son deuxième et dernier mandat constitutionnel, on assiste à un véritable ballet diplomatique à Kinshasa. En effet, après la mission d’évaluation de l’Union européenne (UE) et des ministres des Affaires étrangères de la SADC (South african development community), c’est au tour du Conseil de sécurité des Nations unies de dépêcher une délégation en RDC où la météo politique devient de plus en plus mauvaise. En effet, pas plus tard qu’hier, 13 novembre 2016, le ministre congolais de l’Intérieur a échappé à une embuscade qui a coûté la vie à au moins quatre personnes entre Fizi et Uvira. Cela dit, emmenés par les ambassadeurs français et angolais, les missi dominici de Ban Ki-Moon ont  rencontré, tour à tour, le président Joseph Kabila et son Premier ministre, les évêques de l’Eglise catholique, la majorité, toute l’opposition, la société civile et les mouvements citoyens. Il s’agit donc d’une visite au pas de course puisque la délégation onusienne s’est envolée pour l’Est du pays plus précisément à Goma et Beni, avant de se rendre en Angola où s’est tenu le 26 octobre dernier, le sommet des chefs d’Etat de la sous-région sur la RDC. Pour l’essentiel, les émissaires de l’ONU, tout en condamnant toute forme de violence, insistent sur l’importance d’un dialogue permanent, d’un processus politique plus inclusif et de mesures de confiance. Mais comme pour montrer sa détermination à aller jusqu’au bout de sa logique, le président Kabila a laissé entendre qu’il était attaché au respect de la Constitution, précisant que celle-ci pouvait toujours être modifiée. Alors, questions : qu’est-ce  le président Kabila entend par respect de la Constitution ? A qui profitera une éventuelle modification de la loi fondamentale congolaise ? On se perd en conjectures.

 

L’ONU a donné des verges au satrape pour se faire fouetter

 

Mais une chose est sûre. Le président Kabila voudrait ridiculiser les diplomates onusiens qu’il ne s’y prendrait pas autrement, tant sa posture traduit une volonté à peine dissimulée de défier le Conseil de sécurité. Du reste, ses proches ne disent pas autre chose quand ils accusent l’ONU de se montrer « pointilleuse sur certaines questions en RDC », mais pas dans d’autres pays voisins. On les voyait venir. Car, comme on le sait, le microbe ne se développe qu’en terrain favorable. En effet, conscient qu’il n’est pas le seul sur le continent (plus précisément en Afrique centrale où la dictature a pignon sur rue) à vouloir s’éterniser au pouvoir, Joseph Kabila en fait à sa tête. C’est à peine si ses proches ne demandent pas à l’ONU de rappeler d’abord à l’ordre Sassou Nguesso du Congo Brazzaville, Eduardo Dos Santos de l’Angola, Paul Kagamé du Rwanda, qui, chacun en ce qui le concerne, totalisent au moins une vingtaine d’années au pouvoir. Sans oublier Pierre Nkurunziza du Burundi qui, envers et contre tous, s’est fait réélire pour un nouveau mandat, mettant son pays à feu et à sang. L’ONU a donc donné des verges au satrape pour se faire fouetter ; lui qui, tel un chien enragé, se montre de plus en plus agressif. C’est pourquoi on en vient à se demander si le dictateur congolais acceptera le dialogue politique inclusif que l’ONU appelle de tous ses vœux en RDC. Car, ayant vu les autres ruser avec la Communauté internationale pour arriver à leurs fins, il ne serait pas étonnant que Kabila décide de leur emboîter le pas en restant sourd aux injonctions de l’ONU. Pour preuve, l’homme pose déjà ses conditions pour la diffusion des radios et télévisions étrangères dans son pays, estimant qu’il faut une participation majoritaire des Congolais au capital de leur entreprise. Un palier de plus qu’aucun dictateur n’avait jusque-là franchi. Et c’est peu dire.

 

Boundi OUOBA


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