HomeA la uneAPPEL A LA MISE EN PLACE D’UNE COMMISSION D’ENQUETE AU CONGO PAR LA FRANCE : François Hollande comme Ponce Pilate

APPEL A LA MISE EN PLACE D’UNE COMMISSION D’ENQUETE AU CONGO PAR LA FRANCE : François Hollande comme Ponce Pilate


 

Le président Congolais Denis Sassou Nguesso a entamé son énième magistère à la tête du Congo dans une ambiance de carnaval à Brazzaville, alors que dans la région attenante du Pool, c’est le feu qu’il fait « tomber à partir du ciel sur la tête de ses ennemis » désignés, le pasteur Ntumi et sa milice des Ninjas, suspectés d’avoir attaqué la capitale et les symboles de la répression du pouvoir que sont les commissariats et les gendarmeries. Si le bilan humain n’est pas encore connu, les conséquences économiques de ces raids aériens se font déjà sentir, puisque les populations tétanisées par la peur, n’osent plus s’aventurer dehors, encore moins vaquer à leurs activités habituelles. Mais Sassou Nguesso, qui est conscient de l’acrimonie que beaucoup de Congolais nourrissent à son égard malgré « sa victoire » aux élections dernières, a décidé, comme à son habitude, de mater les ennemis déclarés ou supposés avec une férocité qui dissuaderait le plus téméraire des Congolais. Et si l’objectif est de pouvoir régner tranquillement sur un peuple transi de peur, eh bien, l’ubuesque président du Congo l’a visiblement atteint, puisque depuis la fin de la campagne électorale et donc de la récréation, même les opposants au verbe haut comme Guy-Brice Parfait Kolélas et le Général  Jean-Marie Michel Mokoko sont devenus subitement aphones. On ne peut d’ailleurs le leur reprocher, puisqu’ils savent que leur sanguinaire de président ne lésine pas sur les moyens financiers ou répressifs quand il s’agit de ramener une brebis politique égarée dans la bergerie de la majorité présidentielle ou de la contraindre au mutisme, pour ne pas dire à la clandestinité. Les seules voies qui auraient pu être entendues et respectées par l’autocrate de Brazzaville sont celles des grandes puissances ou des organisations internationales dont le Congo est membre, comme l’ONU et l’Union africaine. Mais là aussi, c’est l’apathie totale, puisqu’elles trouvent, à des degrés divers, leurs comptes avec l’inamovible président. Si tous les partenaires du Congo sont restés étonnamment indifférents au sort du peuple congolais, la palme de l’incurie et de la duplicité revient à la France, qui a manqué de cohérence dans les propos et dans les actes, depuis le péché originel de Sassou Nguesso commis le 25 octobre dernier avec l’organisation du référendum constitutionnel, jusqu’à l’acceptation des résultats de l’élection présidentielle à travers la présence de son ambassadeur à la cérémonie d’investiture du satrape.

L’ancienne puissance colonisatrice cherche à colmater les brèches

Nous avons souvenance des formules fleuries que le président François Hollande avait utilisées pour saluer l’avènement des transitions tunisiennes et burkinabè et nous avions naïvement cru en lui lorsqu’il jurait, la main sur le cœur, que « là où les règles constitutionnelles sont malmenées, là où la liberté est bafouée, là où l’alternance est empêchée, les citoyens de ces pays sauront toujours  trouver dans l’espace francophone le soutien nécessaire pour faire prévaloir la justice, le droit et la démocratie. » On se rendra quelques mois plus tard compte de l’incroyable aptitude au rétropédalage et au dédoublement du président français, quand il a reconnu au président Sassou « le droit de consulter son peuple », en parlant du référendum controversé sur la révision de la Constitution congolaise. En vérité, cette diplomatie à géométrie variable de l’hexagone est mue par des intérêts bassement friqués, le président congolais et les membres de sa famille constituant l’une de ces nombreuses bourgeoisies comprador encore aux affaires sur le contient. Mais puisqu’il faut bien se donner bonne conscience, les autorités françaises font semblant d’être préoccupées par le « Kafoul mayé » organisationnel qui a caractérisé les élections passées, et surtout, par les arguments aériens que Sassou Nguesso utilise pour justifier les frappes dans la région du Pool. Et pour aller jusqu’au bout de sa logique qui n’en est pas une, la France a demandé, le 19 avril dernier, aux institutions internationales de faire la lumière sur la situation du Congo. Hypocrisie, quand tu nous tiens ! Il est ici évident que l’ancienne puissance colonisatrice qui est moralement plus responsable du capharnaüm congolais que les autres pays occidentaux, cherche désespérément à colmater les brèches qu’elle a ouvertes en pensant que les Africains ne se rendraient pas compte de la duperie et de la supercherie. François Hollande, qui agit ici exactement comme le ferait Ponce Pilate, chercherait à donner du répit au dictateur de Brazzaville qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Car, d’ici là que cette fameuse commission d’enquête que la France appelle de ses vœux dépose son rapport, Sassou Nguesso aura savouré plus de la moitié de son mandat actuel, et les opposants qui ne seront pas rentrés dans les rangs, auront été massacrés, exilés ou embastillés dans les prisons-mouroirs du Congo. Et le gouvernement français, qu’il soit de droite ou de gauche, viendra encore demander la création d’une commission d’enquête pour élucider les crimes commis par leur ami et client Sassou, en comptant sur la crédulité des Congolais et des Africains. Et il en sera ainsi aussi longtemps que les Français seront convaincus comme leur compatriote Jean de la Fontaine, que « tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ». Autrement dit, il en sera ainsi aussi longtemps que les Africains continueront à prendre des vessies pour des lanternes.

Hamadou GADIAGA


Comments
  • Le Congo n’attend rien de la France. Il n’est pas non plus un protectorat français. Les problèmes du Congo ne concerne que les congolais. La souveraineté du Congo n’est pas négociable. Le temps des clonons et des maîtres à penser est révolu. Le Burkina n’est pas le Congo vous en avez assez des preuves non?

    21 avril 2016
  • Il ne s’agit pas de ce que les Africains prennent les vessies pour des lanternes car aujourd’hui il subsiste peu d’Africains qui ne se rendent compte du jeu trouble de la France, si on peut l’appeler ainsi. Une des sanctions qu’elle subit c’est que même les damnés de la terre rescapés de la mer demandent dans leur majorité à se rendre en Allemagne ou au Royaume Uni, voire en Scandinavie, région de neiges quasi éternelles. La France aura beau continuer à brandir l’étendard de pays des droits de l’homme, ce cache-sexe dévoile plutôt sa nudité.Beaucoup de Congolais de ma génération ressentaient de la fierté en allant poursuivre leurs études universitaires en France. Aujourd’hui, les mêmes Congolais envoient leurs enfants poursuivre les leurs dans les pays anglophones même africains comme le Ghana et l’Afrique du Sud. Cela aussi est une forme de sanction.

    22 avril 2016

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