ATTAQUE MEURTRIERE AU NIGER : Les chefs d’Etat parlent, les djihadistes agissent
Après l’attaque de Nassoumbou, au Burkina Faso, 16 décembre 2016, qui avait laissé 11 soldats sur le carreau, suivie du massacre de Gao, au Mali, le 18 janvier dernier, où ont péri des dizaines de personnes, bien des observateurs se posaient la question suivante : à qui le prochain tour ? On a désormais la réponse. C’est le Niger de Mahammadou Issoufou qui vient de subir la furie des djihadistes. En effet, le 22 février dernier, onze militaires ont été tués lors d’une attaque près de la frontière malienne. De sources militaires nigériennes, c’est aux environs de 18h que des hommes armés ont pris pour cible une patrouille mobile à Tilwa, dans la région de Tillabéri. En plus des victimes que l’on déplore, les assaillants ont également volé sept pick-up et mis feu à quatre autres véhicules, notamment les plus gros qu’ils ne pouvaient pas emporter. Certes, l’attaque, jusqu’au moment où nous tracions ces lignes, n’a pas été revendiquée, mais tous les regards sont tournés vers le groupe Etat islamique (EI) dont la branche au Sahel est dirigée par Abou Walid Al-Saharaoui et cela pour plusieurs raisons. D’abord, le modus operandi qui consiste en un assaut rapide par surprise contre une cible, en l’occurrence des militaires. Ensuite, le Nord du Niger ou a eu lieu l’attaque est considérée comme la zone de prédilection du tristement célèbre Al-Saharaoui. Enfin, le vol des armes et le choix de la région de Gao, au Mali, comme zone de refuge, ne font l’ombre d’aucun doute qu’il s’agit bien des djihadistes de l’EI au Sahel.
En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que les chefs d’Etat de la sous-région font beaucoup plus dans l’inaction si fait que les djihadistes qui n’en demandaient pas plus poursuivent sereinement leur basse besogne. On passe le temps à tergiverser, comme s’il n’y avait pas péril en la demeure. A preuve, conscients qu’ils sont dans l’œil du cyclone, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont annoncé récemment la mise en place d’une force conjointe afin de sécuriser leurs frontières communes. Mais sur le terrain, on ne voit pas bouger les lignes. Il en est de même pour le droit de poursuites dont on parle tant entre les trois pays, mais qui, de plus en plus, ressemble à un véritable serpent de mer. En tout cas, la lutte contre le terrorisme ne saurait se gagner sans un engagement politique doublé d’une mutualisation des efforts. La preuve en a été donnée par les pays du lac Tchad qui, pour réduire la voilure de Boko Haram, ont dû mettre en place une Force mixte multinationale. Il est donc temps que le Burkina, le Mali et le Niger se secouent davantage. Car, il faut le dire, l’heure est grave.
B.O