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ATTAQUES TERRORISTES AU NIGERIA


Qui pour arrêter Boko Haram ?

Alors que l’on croyait le monstre touché mortellement au flanc, la secte islamique Boko Haram vient encore de faire parler d’elle. En effet, deux explosions ont ravagé la ville de Damboa dans l’Etat du Borno, ciblant des personnes revenant de la fête de l’Eid-al-Fitr. Les gens s’étant rassemblés sur les lieux du drame, les insurgés islamistes ont tiré des grenades propulsées par fusée sur la foule, si fait que le bilan est subitement passé de 6 à 31 morts. Mais, à ce qu’on dit, le bilan pourrait encore s’alourdir, au regard du nombre élevé de blessés graves. Franchement, trop, c’est trop. Car, à ce jour, Boko Haram a causé la mort de plus de 20 000 personnes et contraint de nombreuses autres à l’exil. Si fait que l’on en vient à se poser la question suivante : pourquoi les armées nigériane, camerounaise, nigérienne et tchadienne en lutte contre cette hydre, n’arrivent-elles pas à lui porter l’estocade ? Comme facteur explicatif conjoncturel, l’on peut avancer le déclin de l’EI en Irak et en Syrie dont les conséquences redoutées sont, entre autres,  l’afflux des combattants dans certaines régions au Sud du Sahara. Il n’est pas exclu que Boko Haram qui a été durement éprouvé ces derniers temps par la force multinationale mixte, ait pu bénéficier de renforts à même de lui donner un nouveau souffle. A cela, il faut sans doute ajouter les dissensions internes entre armées agissant sur le même théâtre d’opérations, que les spadassins de Shekau ne ratent pas l’occasion d’exploiter. Mais comme l’on peut s’en douter, au-delà de ces causes conjoncturelles liées à l’environnement international, la résilience de la secte islamiste obéit à des motifs beaucoup plus structurels. Cela dit, il faut ajouter la fracture socio-économique entre le Nord et le Sud du pays. Il en résulte une évidente complicité entre populations et djihadistes, que l’armée nigériane, minée par la corruption, ne parvient pas à détricoter.

Il est temps que la bête montre des signes d’essoufflement

L’autre interrogation majeure que l’on peut se faire sur cette guerre, est celle de savoir si les pouvoirs politiques dans les Etats riverains du lac Tchad, ne tirent pas profit eux-mêmes de l’enlisement du conflit. La question peut paraître incongrue mais pas saugrenue, quand on sait que le   président tchadien, Idriss Deby Itno, a usé de cet argument pour se poser comme homme indispensable pour la sécurité de la région et même de celle des Occidentaux. Il est aussi à peu près certain que le pouvoir nigérian masque son incapacité à relancer l’économie du pays durement fouettée par la crise, derrière cette guerre qui n’en finit pas. De ce qui précède, l’on comprend alors aisément pourquoi l’armée nigériane, qui a fait ses preuves dans le cadre de la force d’intervention ouest-africaine au Libéria à travers l’ECOMOG, peine à arracher le trophée de la victoire sur un terrain qui, en plus, est le sien. Au total donc, force est aujourd’hui d’admettre, au regard de la situation sur le terrain, qu’il n’y a pas de solution militaire à ce conflit et qu’il est maintenant temps que la bête montre des signes d’essoufflement malgré les ruades encore mortelles dont elle se montre capable, d’aller au dialogue et aux solutions socio-économiques et culturelles. Car une chose est d’arracher les jeunes des griffes de la guerre et de l’obscurantisme, une autre est de réussir leur intégration dans la vie socio-économique de la Nation.

« Le Pays »


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