HomeA la uneAUGUSTIN BLAISE HIEN, PRESIDENT DU MOIS DE L’UAS : « On ne peut pas nous reprocher de faire dans la surenchère »

AUGUSTIN BLAISE HIEN, PRESIDENT DU MOIS DE L’UAS : « On ne peut pas nous reprocher de faire dans la surenchère »


Le mardi 19 avril 2016, l’Unité d’action syndicale (UAS) a tenu une conférence de presse dans les locaux de l’Education ouvrière à Ouagadougou. L’objectif de cette rencontre avec les médias était d’une part, de rappeler les résultats des échanges gouvernement-syndicats et d’autre part, d’informer ces derniers sur les perspectives formulées par l’Assemblée générale de l’UAS le 15 avril dernier.

 

A la lecture de l’invitation de l’UAS portant sur la tenue de la conférence de presse du 19 avril 2016, l’on pensait à une information capitale : le déclenchement d’une grève par exemple. Et ce d’autant plus que les jours précédant cette date, il y a eu une rumeur persistante par rapport à une grève générale que l’UAS s’apprêtait à déclencher. Surtout que la veille de la conférence de presse,  il y aurait eu une ambiance de grève qui aurait plané sur une réunion de l’UAS. Finalement, au bout de la déclaration liminaire lue par Auguste Blaise Hien, SG du CNTB et président du mois de l’UAS, on note que le gouvernement de Paul Kaba Thiéba bénéficie d’un sursis jusqu’en fin avril 2016. « Si en fin avril, les engagements ci-dessus ne sont pas effectivement mis en œuvre et si dans ce même délai, un échéancier précis ne  nous est pas communiqué, nous allons déposer un préavis de grève de 48 heures assorti d’un autre préavis de 72 heures au cas où la première grève n’aura pas abouti à la satisfaction de la plate-forme », a laissé entendre le SG. Justement, quelle est cette plateforme ? Elle se libelle en quatre points : la tenue du comité qui devra relire l’arrêté conjoint n°2013-195/MEF/MFPTSS du 30 mai 2013 portant procédures de traitement et modalités de liquidation de la retenue salariale pour fait de grève ; la mise en place du comité chargé de traiter de la question des permanents syndicaux ; la tenue d’un atelier de finalisation des deux textes qui doivent permettre les reversements dans la nouvelle loi ; la tenue de la session du cadre de concertation tripartite sur les prix des 14 produits de grande consommation avec extension de la liste des produits.

Sur le plan de la lecture critique du comportement du gouvernement vis-à-vis de ses engagements, Augustin Hien, entouré de sept de ses camarades, estime que l’équipe de Paul Kaba Thiéba « traîne les pieds » en « usant du dilatoire ». Explications ! « Cela se traduit par le non respect de l’échéance du 15 mars que le gouvernement nous a donnée, par le contenu évasif et la qualité des documents qu’ils nous a transmis. Pour certains engagements dont la mise en œuvre passe par la simple convocation de comités, le gouvernement explique les retards tantôt par des contraintes budgétaires, tantôt par le fait que le ministère de l’Economie, des finances et du développement n’a pas désigné ses représentants », a-t-il dit. Et ce n’est pas tout. « Concernant la loi 081 dont l’application est attendue impatiemment par de nombreux travailleurs, le gouvernement nous rassure que les régularisations et les reversements seront effectués en 2016 avec les incidences financières… Nous ne pourrons pas nous fier à une telle promesse qui est conditionnée par d’autres lois rectificatives, puisque la loi de finances rectificative qui vient d’être adoptée ne prend pas en compte les reversements », ont fait remarquer les premiers responsables de l’UAS. Ils ont rappelé d’autres préoccupations que sont la relecture du Code de Travail, la suppression de l’IUTS sur les primes et indemnités des travailleurs du privé et du parapublic. Sur tous ces points, le gouvernement est accusé de rester vague dans ses promesses.

 

Surenchères ? Non !!!

 

Toutes ces revendications et exigences ne s’apparent-elles pas à de la surenchère syndicale ? Pour les réponses, c’est le président du mois qui  a dégainé le premier en ces termes: « je ne sais pas si nous pouvons apprécier les possibilités pour l’Etat de respecter ses engagements, mais on n’a pas forcé le gouvernement à les prendre. Nous nous tenons à cela ». Et d’ajouter : « on ne peut pas nous reprocher de faire dans la surenchère, car nous sommes des secrétaires généraux responsables ». Dans tous les cas, a-t-il expliqué, « à la base, ça bouillonne, les travailleurs sont impatients ». Il a conclu : « les travailleurs du Burkina Faso ne sont pas seulement fâchés, ils sont fauchés ; il faut faire quelque chose ». Bassolma Bazié qui a pris la parole par la suite, n’a pas fait dans la dentelle : « on ne va pas se laisser divertir »

Deux des points soulevés ont concerné le secteur privé : « la recrudescence des atteintes à la liberté syndicale avec un mépris de plus en plus affiché des employeurs vis-à-vis de la législation du travail et des inspecteurs et contrôleurs du travail » ; « la prise en otage de la communication Mixte Paritaire de Négociation Salariale du Secteur Privé par le patronat qui lèse profondément les travailleurs du privé, dont bon nombre souffrent déjà de bas salaires et d’absence de protection sociale ». L’UAS a indiqué que toute cette situation l’interpelle, car elle met à mal le dialogue social.

A propos du secteur privé, Bassolma Bazié a estimé que le gouvernement donne le mauvais exemple. Il a donné ses raisons : « Quand on prend le SMIG, ça fait 30 684 F CFA. Quand on recrute des agents communautaires et on dit qu’on va leur donner 10 000 F CFA ou 20 000 F CFA par mois, cela veut dire que l’Etat est en train de piétiner ses propres textes pour permettre au privé d’aller dans le même sens. Si l’Etat a le droit de publier qu’il va recruter un agent, quel que soit le travail qu’il va faire, et qu’il va lui donner 10 000 ou 20 000 F CFA, ce n’est pas un Etat responsable ». En plus, a-t-il relevé, « la dernière augmentation, qui était de 5% (pour le public, ndlr), quand on est parti pour négocier pour le privé, c’est 4% qu’on a pu obtenir. Ce n’est pas correct. Il n’y a pas une boutique où quand vous allez pour acheter, on va vous dire que vous êtes un agent du public et que l’autre est du privé. C’est le même prix ».

Joint par la rédaction pour réagir à cette sortie de l’UAS, Clément Sawadogo, ministre de la Fonction publique, du travail et de la protection sociale, s’est voulu rassurant en ces termes : « J’ai rencontré le jeudi 15 avril dernier, l’ensemble des organisations syndicales et j’ai fait le point de tous les engagements que le gouvernement avait pris en septembre. En faisant la situation de la mise en œuvre, on s’est rendu compte que 9 points étaient à un taux de satisfaction de plus de 50%. Les autres, une dizaine, avaient un taux de moins de 50% ». Selon lui, les points soulevés par l’UAS sont connus et son département travaille à y apporter des réponses satisfaisantes. En tout cas, selon le ministre, le gouvernement n’a aucun intérêt à traîner les pieds, à faire dans le dilatoire ou à retarder quoi que ce soit. A lire entre les lignes, l’UAS enfonce des portes déjà ouvertes. La loi donne  au gouvernement jusqu’au 31 décembre 2016, pour respecter ses engagements. On attend la fin pour apprécier. Mais on ne peut pas occulter le dernier mot du président du mois de l’UAS qui a dit: « nous attendons une réponse à nos préoccupations ».

Michel NANA

 

Décisions de l’UAS à l’occasion de son assemblée générale du 15 avril 2016

 

– Adresser une lettre circulaire à l’ensemble des structures de base de l’UAS pour leur demander de tenir des AG unitaires au cours desquelles seront expliqués les différents engagements et leurs enjeux ;

– Commémorer le 1er mai 2016 en lui donnant un contenu offensif (dans la mobilisation, dans l’encadrement et dans le message) ;

– Exiger du gouvernement un chronogramme précis de mise en œuvre des différents engagements au cours de l’année 2016.

 

 

 

Résumé de la feuille de route pour l’opérationnalisation de la loi N°081-2015/CNT du 24 novembre 215

 

Le ministère de la Fonction publique, du travail et de la protection sociale,  a élaboré une feuille de route pour la mise en œuvre des activités d’opérationnalisation de la loi N°081-2015/CNT du 24 novembre 215. Cette feuille s’étend de janvier à juillet 2016. Selon le canevas que nous avons pu consulter et parmi les activités qui restent à mener, on note entre autres : la reconfiguration des modules SIGASPE conformément aux dispositions de la loi 081 (avril – mai 2016 ) ; la conception de canevas et de modules de reversement conformément aux modalités prévues dans la loi 081 et dans les décrets de reversement (mai 2016) ; la  formation des acteurs impliqués dans le reversement (mai 2016) ; l’élaboration et la prise en charge financière des actes de reversement de l’ensemble des agents de la Fonction publique (à partir de juin 2016) ; la reproduction, la numérisation et la ventilation des actes de régularisation et de reversement (à partir de juin 2016) ; l’élaboration du répertoire interministériel des métiers de l’Etat (RIME) (juin – juillet 2016) ; l’élaboration des statuts particuliers de la Fonction publique d’Etat conformément au RIME (: à partir d’août 2016) ; l’identification et l’élaboration des autres textes d’application de la nouvelle loi : à partir d’août 2016 ; l’organisation des ateliers de validation des textes d’application de la nouvelle loi ; la finalisation des documents et l’élaboration des rapports en Conseil des ministres pour l’adoption des décrets ; l’édition, la numérisation, la reproduction et la ventilation de la nouvelle loi (à partir d’août 2016) ; la formation des gestionnaires sur les innovations majeures et les implications de la nouvelle loi ( à partir d’août 2016) ; la mise en place d’un comité de pilotage, de suivi et de communication sur l’opérationnalisation de la loi N°081 (à partir d’avril 2016) et l’organisation de séances de formations et d’informations à portée générale dans les régions sur la nouvelle loi  (à partir de juillet 2016). Ce chronogramme  a été transmis aux syndicats qui avaient exigé un agenda  clair au Gouvernement par  rapport   à l’opérationnalisation de la loi N°081-2015/CNT du 24 novembre 215 mais l’UAS le juge évasif.  

 


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