HomeA la une« Que Blaise aborde dans les mois qui viennent, une transition apaisée », dixit Adama Fofana

« Que Blaise aborde dans les mois qui viennent, une transition apaisée », dixit Adama Fofana


 Franc et direct, Adama Fofana, puisque c’est de lui qu’il s’agit, sait aussi dire les choses avec la manière, pour qui le connaît bien dans le maniement de la langue de Molière. Au sortir de l’échec du dialogue politique inclusif Majorité/Opposition, nous l’avons approché, lui qui fut ancien ministre de l’Information et ancien président du Conseil supérieur de l’information, aujourd’hui CSC. Adama Fofana livre son commentaire et aborde des perspectives. Lisez.

 

« Le Pays » : Comment réagissez-vous à l’échec du dialogue politique inclusif majorité/opposition ?

 

Adama Fofana : l’issue du dialogue inclusif, tel qu’on l’a nommé, me semblait prévisible, notamment quant à l’impossibilité de trouver un point d’accord entre les deux composantes du dialogue. Parce que chaque partie avait  une position figée et connue. Mais le dialogue initié par le président du Faso projetait d’amener l’opposition à renoncer à sa cause, fondée comme on le sait, dès le départ,  sur le rejet du Sénat, sur le rejet du référendum et enfin sur le rejet de l’article 37 de la Constitution. Mais le constat premier de l’échec du dialogue est surtout lié à l’absence d’indications et de précisions sur les modalités de l’engagement du dialogue, mais aussi sur les valeurs juridiques et légales des éventuelles conclusions auxquelles ils parviendraient. Je pense que cela peut se comprendre car tout participant à un dialogue qui, soit dit en passant, est une sorte de transaction, désire connaître en bout de piste ce qu’il en tirerait. Et quand votre partenaire à une négociation, ne vous donne aucune garantie quant à l’issue du dialogue, il est tout à fait normal qu’on puisse marquer un point d’arrêt, afin que toutes les parties puissent se respecter mutuellement. De mon point de vue, le dialogue qui a été projeté et instauré, manquait de modérateur ou de médiateur et il est vraiment regrettable qu’on n’ait pas trouvé dans notre pays des ressources humaines ou des compétences chargées de sagesse en intermédiation, pour gérer  ou administrer une situation conflictuelle comme celle-ci, entre les fils de ce pays et notamment les fils qui composent la classe des élites dirigeante.

 

Le problème du Burkina aujourd’hui est beaucoup moins un problème politique qu’un problème d’empathie sociale entre Burkinabè

 

Et pourtant, que de discours élogieux n’entend-on pas sur nos grands hommes quand, au cours des cérémonies qui leur rendent hommage, des cérémonies funéraires, on fait leurs éloges épidictiques.

Pour ma part, je note que le problème du Burkina aujourd’hui est beaucoup moins un problème politique qu’un problème d’empathie sociale et de cohésion citoyenne ou patriotique entre Burkinabè. Je note simplement que les valeurs intellectuelles, les compétences techniques et professionnelles, ou les valeurs d’éthique politique et démocratique sont tout à fait absentes du débat politique. Et ce débat lui-même est dominé par le jeu primaire, dégradant et indécent des différents positionnements courtisans, claniques et tribaux. Et c’est ce tableau qui s’impose à la vue, quand on analyse les résultats de l’échec du dialogue majorité/opposition. Et je crains que cela ne secrète à terme des développements hélas préjudiciables à notre cohésion sociale et à notre vouloir vivre ensemble.

 

Quelles perspectives prévoyez-vous ?

 

Il est difficile d’être prévoyant en la matière, mais je pourrais peut être exposer des souhaits que je considèrerais comme une espèce de bouée de secours qui est à la portée de tous les acteurs du jeu politique actuel. Cette perspective décrite en termes d’espoir, me conduit à formuler le vœu que le président du Faso dont tout le monde sait que c’est lui qui détient la clé du problème qui est posé, parce qu’il en est le principal bénéficiaire, qu’il aborde dans les mois qui vont suivre, une espèce de transition apaisée, (je ne cache pas mes intentions sur ce sujet), pour qu’il puisse sortir en 2015 la tête haute. Cette transition apaisée pourrait l’amener à constituer une structure, un noyau, si on veut même un gouvernement, composé de personnalités ayant une capacité pointue et aiguë de la gestion de l’Etat.

 

Le passage de témoin serait le signe et la preuve de la grandeur

 

Une personnalité neutre conduisant cette transition apaisée et qui en définirait les conditions et les mettraient en pratique pour un passage de témoin. Le passage de témoin serait le signe et la preuve de la grandeur qui aura finalement donné au peuple burkinabè, droit à une alternance que tous ses partisans ont même revendiquée lors de l’arrivée sur la scène politique de la IVe république, mais avant elle, le Front populaire. Cette alternance, elle est indispensable. Ce sont ces perspectives que je formule et qui sont à la portée de tous les acteurs présents sur la scène. Pourquoi ? Parce que c’est une occasion  pour chacun de démontrer une capacité de dépassement, pour laisser ce noyau diriger de façon transitoire le pays, sous la coupe du président, mais avec suffisamment de pouvoir et d’autorité pour régler les questions essentielles liées à l’élection du nouveau président en 2015. Et ces personnalités appelées à la neutralité doivent être écartées du jeu politique nécessairement, lors des échéances politiques, et ne peuvent se présenter en tant que candidat.

 

Propos recueillis par Dabadi ZOUMBARA et Ben Issa TRAORE et retranscrits par Thierry Sami SOU


Comments
  • merci pour cette proposition. Que Blaise accepte de partir en 2015 quitte à revenir en 2020. Nous burkinabé ne demandons qu’à exercer notre “droit au regret” c’est à dire le droit de regretter Blaise et de demander à ce qu’il revienne en 2020 pour sauver une fois de plus. Je serai le 1er dans la rue pour le réclamer si à l’issue des élections nous nous retrouvons avec un incapable à la tête de l’Etat.

    8 octobre 2014
  • Merci Mr FOFANA pour ce sage à Mr Blaise. Chaque fois que le Burkina connait une situation difficile(2000 avec la mort de Norbert ZONGO, 2005 avec la non rétroactivité des mandats présidentiels) on manœuvre de sorte que Mr Blaise sorte gagnant ou qu’il a raison. La Grande Opposition a pleinement raison car le médiateur veut rouler le monde dans la farine. On sait qu’il va lancer son referendum mais nous nous sacrifierons pour que la constitution ne soit pas immolée sur l’autel de l’injustice et de la ruse. Nous sommes prêts à protéger la constitution par tous les moyens. Si le referendum est lancé, les conséquences seront incalculables personne ne le souhaite pour ce pays que nous aimons tant. La constitution ne sera jamais modifiée à cause d’une seule personne boulimique de pouvoir après 28 ans de règne ou pour protéger les intérêts d’un clan. Nul n’est indispensable pour notre pays parmi 16 millions d’âmes car tout homme est mortel.
    Que Mr Blaise respecte la constitution tout le monde sera en paix la fièvre va baisser sensiblement. Mais si Mr Blaise persiste à modifier la constitution pour une n-ième fois. la riposte lui sera fatale. Il pense que avec la force ou les armes il peut tout faire au Burkina qu’il se détrompe. Nous l’attendons.

    8 octobre 2014
  • ce monsieur est un frusté comme tous les autres du MPP quand il bouffait avec le pouvoir ils ne parlaient maintenant qu’on leur a demandé de céder leur place ils se mettent à jouer les connaisseurs. laisser moi vous dire que tous ces gens ne visent que leurs intérêts personnels ils s’en foutent du bien du Pays. Quant à ce monsieur achille tapsoba qui fait les commentaires au hasard il n’a qu’à aller à kossyam comme ça il sera bien entendu par qui de droit

    8 octobre 2014
  • Mr Adama Fofana, vous êtes un sage. Votre analyse est juste, bien réfléchie et vos propositions son raisonnées et pratiques. Que vos paroles sages arrivent à notre président et qu’il sache entendre raison pour permettre à notre pays de ne pas passer par là où lui même est allé chercher d’autres pays.
    Merci.

    8 octobre 2014
  • A Sidbewendin: Adama Fofana avait deja parle ainsi en Fevrier 2013 avant que le MPP ne soit cree en 2014. Je pense que le frustre et le mal-instruit ici, c’est toi. prends la peine de vraiment te poser des questions sur ton pays et sa politique et ne reagi pas aussi legerement. le BF a besoin d’hommes comme Fofana, qui peuvent dire ce qu’ils pensent avec une etude minutieuse et c’est en cela que le quotidian lepay.bf est a felicite, car eux ils font parler les hommes de ressources. jouis de ta liberte de t’exprimer sur ce forum mais le forum te demande une analyse profonde base sur des questions.

    8 octobre 2014
  • M. Sidbéwendin restez zen, et gardez votre sang froid. ici nous discutons en homme civilisé et soucieux de l’avenir du BF, mais pas avec des petits excités porte-flingues de je ne sais qui. Monsieur Fofana a seulement donné son point de vue, qui du reste est très avisé compte tenu de la situation que nous vivons au Faso. Moi je suis apolitique, mais je pense c’est un conseil de sage qui, je l’espère tombera dans les oreilles de SEM Blaise Compaoré, s’il veut se mettre au-dessus de la mêlée. Y a longtemps qu’on lui donne des conseils mais il n’écoute pas. Blaise à beaucoup travaillé pour ce pays il faut le reconnaître, mais il est temps de partir, et on n’y peut rien car c’est la constitution qui l’exige.

    La modification de l’article 37 de la constitution est vraiment indécente, foncièrement égoiste et dénudée de toute éthique. En tant que 1er des burkinabe il doit donner l’exemple et être un homme d’honneur. La parole donnée est sacrée, et il a le devoir de la respecter car nul n’est au-dessus de la loi fondamentale. L’image que nous renvoie malheureusement le pouvoir de kosyam aujourd’hui c’est le flou, la malhonnête, le désespoir, la folie et l’amnésie, l’obsession de tromper et de cacher la vérité… CECI EST UN MAUVAIS EXEMPLE POUR NOS ENFANTS. Monsieur Compaoré doit quitter le pouvoir tel un gentleman, en évitant de dresser les burkinabe les uns contres les autres. Encore merci à Fofana, un des rares doyens connus à dire la vérité autant à la majorité qu’à l’opposition. J’invite les autres personnalités à sortir de leur peur et leur silence coupable. Faites voir à vos enfants et petits-enfants que vous êtes des grand-pères et des grand-mères responsables… Soyons tous les artisans de la paix. Que la paix règne au Faso.

    8 octobre 2014
  • Merci à mr fofana,il a fait une analyse d’une très belle facture,longue vie à tout ceux qui oeuvre pour le changement en 2015 au Burkina.

    8 octobre 2014

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