HomeA la uneBOYCOTT DE LA RENCONTRE DE BRUXELLES SUR LE CACAO PAR LA RCI ET LE GHANA : Un coup de sang salutaire ?

BOYCOTT DE LA RENCONTRE DE BRUXELLES SUR LE CACAO PAR LA RCI ET LE GHANA : Un coup de sang salutaire ?


Bruxelles, la capitale belge, accueille depuis le 26 octobre 2022 et ce pour deux jours, une rencontre de haut niveau des partenaires de la fondation mondiale du cacao. Aux abonnés absents, la Côte d’Ivoire et le Ghana, les deux plus grands producteurs mondiaux de la précieuse fève, qui entendent, par-là, protester contre le refus des multinationales d’accéder à l’intégration d’une prime, permettant d’augmenter le prix d’achat aux planteurs. Un combat de longue date, dont le président Félix Houphouët Boigny qui n’avait de cesse de dénoncer la détérioration des termes de l’échange, fut l’un des précurseurs, et qui est aujourd’hui porté par les dirigeants des deux géants de la filière que sont la Côte d’Ivoire et le Ghana qui ont plus que jamais compris que l’union fait la force. C’est en cela que depuis quelques années, les deux pays ont fait des efforts visant à l’harmonisation de leurs politiques de commercialisation du cacao en adoptant un mécanisme commun de fixation des prix.  Toute chose qui leur permet non seulement de contenir la spéculation, mais aussi de lutter efficacement contre la contrebande suscitée par la différence de prix autrefois payée des deux côtés de la frontière. L’autre question fondamentale reste celle des producteurs qui ne sont pas toujours rémunérés à la hauteur de leur dur labeur. En cela, il faut saluer l’abnégation des dirigeants des deux pays, qui ont toujours porté ce combat qui peine malheureusement encore à porter fruit auprès des multinationales.

 

L’attitude des multinationales qui jouent à la sourde oreille, doit être une interpellation pour les dirigeants africains

 

 

La question est de savoir si ce coup de sang du Ghana et de la Côte d’Ivoire, sera salutaire pour la cause des planteurs africains. L’histoire nous le dira. En attendant, il était nécessaire que le message soit entendu aussi bien au niveau des partenaires internationaux que de l’opinion publique à travers une action forte et remarquée. Laquelle a consisté, en l’occurrence, à adopter cette politique circonstancielle de la chaise vide. Au-delà, ce boycott de la rencontre de Bruxelles par les deux géants africains de la filière, sonne comme un plaidoyer en vue d’un meilleur rééquilibrage des termes de l’échange. L’objectif étant d’interpeller la conscience de l’opinion internationale et d’amener les multinationales du Nord à revoir leur copie. On peut douter que ce seul boycott d’une réunion, soit suffisant pour faire bouger les lignes dans le sens espéré. Mais c’est déjà un pas et un acte qui devraient en appeler d’autres. Car, pour des pays qui pèsent à eux deux, plus de 60% de la production mondiale de cacao, il est incompréhensible que les producteurs continuent de ne bénéficier que de miettes, avec plus de la moitié d’entre eux qui vit sous le seuil de pauvreté. Ce, au moment où certains acteurs de la chaîne accumulent de super profits.  Il faut que ça change. Et ce n’est pas en restant les bras croisés que les pays africains se donneront les meilleures chances d’obtenir gain de cause.  Cela dit, autant ce combat pour plus de justice dans les termes de l’échange mérite d’être mené, autant il est impératif de travailler en amont, à assainir le milieu de la filière.   En tout état de cause, l’attitude des multinationales qui jouent à la sourde oreille, doit être une interpellation pour les dirigeants africains, à beaucoup plus d’ambitions. Il s’agit, ici, de se donner les moyens de développer la filière en vue de la transformation du cacao qui devrait être beaucoup plus porteur pour nos économies. Moins que de moyens, c’est une question de volonté politique.

 

Outélé KEITA   

 

 


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